Catalogue - page 3

Affiche du document Une nouvelle histoire de la Chine au 20e siècle

Une nouvelle histoire de la Chine au 20e siècle

Yves CHEVRIER

1h40min35

  • Histoire générale de l'Asie, Extrême Orient
Mon propos procède d'une évidence après vingt ans d'ouverture et de réformes post-maoïstes, la révolution chinoise a cessé d'être une référence au présent pour devenir un événement historique et se résume à une brassée de questions que je vous livre d'emblée: où est la spécificité contemporaine de la Chine dès lors que son histoire révolutionnaire et communiste semble se replier sur un cadre étatique autoritaire et bureaucratique qui évoque celui de l'empire ? Que reste-t-il de la révolution quand les traditions sont de retour, quand le message universaliste dont la Chine révolutionnaire se voulait le centre et le ferment a cédé devant la mondialisation ? Ce qui faisait la spécificité du XXe siècle chinois au regard d'une histoire et d'une culture millénaires étaient la révolution et l'occidentalisation. La Chine d'aujourd'hui semble échapper à l'un comme à l'autre de ces marqueurs de sa modernité. Il serait en effet naïf de penser que le renoncement post-maoïste à la révolution n'est qu'un surcroît de l'occidentalisation amorcée à la fin du XIXe siècle et dont l'histoire aurait été momentanément suspendue. Car s'il est vrai que la Chine s'intègre au monde "globalisé" d'aujourd'hui, ses réticences et ses différences, ainsi que leur prévisible influence sur le cours du monde, montrent à quel point la mondialisation est loin d'obéir à une logique unique, capable de simplifier le monde, et avec lui l'histoire chinoise, en le ramenant à un seul modèle dont le noyau serait l'histoire moderne de l'Occident.
Il ne s'agit pas ici, comme on le dit souvent un peu vite, d'identité culturelle et de "choc des civilisations", ces grands mythes et fantasmes des lendemains post-révolutionnairestentés par la fin de l'histoire. Il s'agit de politique et d'histoire du politique. L'Etat chinois se construit et s'affirme, alors que la logique globale serait celle des réseaux. Le pouvoir règne à Pékin, dans les provinces et sur les marches de l'empire en tant que représentation légitime de la collectivité nationale chinoise, alors que l'heure mondiale serait ou devrait être celle des individus, de leurs droits, de leurs particularités identitaires et de leurs libertés. Nous ne voyons pas ici l'effet d'un écart ou d'un retard, l'écart étant culturel ou totalitaire selon la vulgate, le retard ressortissant à une transition dont une autre vulgate veut nous persuader que la logique différerait la transformation du politique après celle de l'économie et de la société. L'effet, massif, durable, est celui d'une trajectoire historique plus ancienne que la fin du maoïsme, mais guère plus âgée que la fin de l'Empire, en 1911-1912, une trajectoire de construction étatique, de nationalisation et de politisation de l'Etat à laquelle la mondialisation a offert de nouvelles ressources sans en modifier le cours. Ce constat indique en quoi, une fois relativisées la place et l'influence de la révolution maoïste, le XXe siècle possède une histoire spécifique, j'allais dire, en utilisant un terme dont il convient de se méfier, une identité dans la longue durée chinoise et dans l'histoire moins longue mais quand même antérieure des contacts de la Chine avec l'Occident.
Le siècle post-impérial ne serait-il pas le moment où le vieil ordre chinois, qui avait été longtemps posé, pensé et défendu comme l'ordre même du monde, s'est réorganisé pour occuper toute sa place dans un univers qui le dépassait? Que cette réorganisation, révolutionnaire ou réformiste, portée par des groupes sociaux ou par des pouvoirs d'Etat, ait été avant tout et reste dans le temps présent un processus politique centré sur la construction de l'Etat-nation, que ce processus n'ait pas été l'imitation d'une formule imposée à partir du XIXe siècle par des Etats modernisés en Europe, en Amérique du Nord et au Japon, qui furent momentanément plus forts, autrement dit une réponse à l'Occident, comme le voulait John King Fairbank, mais une réponse de la Chine à sa propre histoire, et, précisément, à l'histoire des rapports entre le pouvoir impérial et une société en pleine mutation sous la dynastie des Qing, que cette réponse par la mutation du politique ait conféré au siècle dernier sa contemporanéité et sa spécificité dans l'histoire de la Chine et du monde, ainsi qu'une unité d'ensemble embrassant dans un même mouvement la fin de l'époque impériale, le moment révolutionnaire et la sortie du maoïsme, et qu'enfin cette unité permette de recadrer les événements dispersés et les expériences isolées auxquels s'attachent désormais nombre d'historiens, voilà quelle sera notre hypothèse. Il s'agit là, bien sûr, d'un questionnement qui s'adresse aux spécialistes, mais il suffit de songer une seconde à ce que représente, dans la dynamique du monde actuel, le poids de la construction étatique chinoise débarrassée des impedimenta de la souveraineté limitée et des hyperboles révolutionnaires pour mesurer l'importance non seulement intellectuelle, mais avant tout politique de l'enjeu, dans une dimension qui déborde de beaucoup les intérêts strictement géopolitiques et qui, bien évidemment, ne se limite pas à l'affrontement culturel sur les valeurs ni à la compétition économique.
Deux exemples suffiront à préciser ces enjeux. Si l'on accepte l'idée que la mondialisation fait entrer l'Etat-nation dans l'histoire, il faut passer par pertes et profits la trajectoire historique chinoise la plus récente, celle qui est encore active de nos jours, ou, du moins, il faut en rendre compte en posant que l'Etat post-maoïste, encore si puissant aujourd'hui, est appelé à se dissoudre dans les réseaux nationaux et internationaux, dont certains observateurs annoncent au reste qu'ils minent déjà l'édifice. Ou bien il faut postuler qu'un totalitarisme aussi résilient ne pourra qu'être rompu par le poids supérieur des processus de la mondialisation qui l'englobent irrésistiblement, en dépit de ses adaptations. à moins que la Chine néo-totalitaire du post-maoïsme ne soit que l'avant garde politiquement explicite d'un régime de pouvoir total qui serait celui de l'économie de marché planétarisée. L'autre exemple est, bien entendu, celui de la démocratie et de son avenir en Chine continentale et, par ricochet, à Hong Kong et à Taiwan. Enjeu majeur de l'histoire du politique dans la Chine du XXe siècle, sera-t-elle assurément au rendez-vous de la modernisation post-maoïste, comme beaucoup le pensent ou le souhaitent? Ne doit-on pas, ici encore, s'interroger sur le poids non d'une tradition culturelle intemporelle, mais d'une histoire tout à fait contemporaine, dans laquelle l'objectif primordial de l'Etat-nation n'a cessé d'écarter l'institutionnalisation des libertés publiques et individuelles? Ne faut-il pas remarquer que si la société taiwanaise construit bel et bien un Etat-nation dans une perspective démocratique, cette démocratie et cette nation ne peuvent parvenir à la reconnaissance étatique internationale parce que l'histoire contraire de la démocratie, de la nation et de l'Etat sur le Continent les en empêchent? Cette histoire-là est-elle appelée à se fondre dans le grand tout globalisé, ou bien ce tout n'est-il qu'un changement de l'échelle d'interaction de trajectoires historiques particulières qui n'ont pas dit leur dernier mot?
S'interroger sur la place et sur le sens d'une histoire du contemporain en Chine, c'est donc bien plus que suggérer des pistes à des spécialistes pour lesquels l'éclatement de l'ancien système des références historiques a ouvert une ère de repli et parfois même de désarroi. C'est, en réalité, comprendre non seulement la Chine d'aujourd'hui mais aussi le monde dans lequel nous vivons. Guidés par ces interrogations, nous allons partir pour ce qui pourrait s'appeler la recherche d'une histoire perdue, en mesurant les effets qu'ont eus sur les interprétations historiques du XXe siècle chinois l'abandon de la référence révolutionnaire et l'insertion de la Chine post-maoïste dans la mondialisation. Chemin faisant, cette recherche va nous conduire à revisiter les paradigmes de l'ancienne histoire moderne chinoise avant de nous orienter vers une histoire contemporaine du politique en Chine. Si je tiens mon pari, nous pourrons conclure ensemble que la mise en perspective critique et comparatiste d'une nouvelle histoire de la Chine au vingtième siècle peut ambitionner de nourrir une histoire du vingtième siècle en Chine dont le discriminant serait cette histoire du politique.
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Affiche du document Géographie et observation par satellite

Géographie et observation par satellite

Catherine MERING

1h15min48

  • Sciences de la vie, Biologie
  • Génie et activités connexes
  • Méthodes de la géographie. Explorations et voyages
La géographie s'intéresse aux structures spatiales et aux processus d'origine anthropique et naturelle qui les produisent. La question se pose alors d'observer ces structures de la façon la plus objective et la plus directe possible. Depuis l'avènement de la photographie aérienne et de la télédétection, les géographes ont à leur disposition une source d'information irremplaçable pour observer, analyser et cartographier ces structures sous leur forme la plus directement perceptible et mesurable, c'est à dire les paysages.
Les photographies aériennes, qui ont été prises de façon systématique à partir des années 50 leur permettaient déjà d'observer le paysage en laboratoire, d'en délimiter les différentes unités pour produire des croquis interprétatifs et enfin des cartes. Au début des années 70, les images multispectrales, prises de façon systématique sur l'ensemble du globe par le satellite Landsat MSS inauguraient la série de prises de vue périodiques de la surface terrestre sous forme d'images numériques. Les méthodes statistiques et informatiques allégeaient désormais sa tâche en classant automatiquement les points de l'image, l'aidant ainsi à produire plus rapidement et de façon plus objective une carte des paysages de la scène étudiée. L'avancée incontestable que constituait la télédétection satellitaire et l'accès aux images numériques de la Terre, ne remettait pas en cause l'intérêt des photographies aériennes . En effet, le pouvoir de résolution de ces nouvelles images était encore insuffisant puisqu'il ne permettait pas de distinguer les tissus urbains, les lieux d'habitats dispersés, ni les paysages complexes et discontinus comme les steppes et les savanes de la zone intertropicale.
Les satellites SPOT et Landsat Thematic Mapper, lancés au milieu des années 80, allaient combler ce fossé: il était désormais possible d'étudier de nombreuses catégories de paysages, quel que soit leur niveau de complexité. Un problème demeurait cependant : les prises de vues effectuées par les capteurs comme ceux de SPOT et Landsat dits "passifs" parce qu'ils ne font qu'enregistrer l'énergie renvoyée par la surface, sont difficilement exploitables en période de forte nébulosité où les paysages sont totalement masqués par les nuages. Mais depuis les années 90, grâce aux images radar des satellites ERS et JERS , l'observation des paysages peut se faire indépendamment des conditions climatiques et météorologiques, ce qui ouvre la voie à l'étude par satellite des zones tropicales et équatoriales où l'atmosphère est rarement limpide ou ceux des zones boréales éclairées la plupart du temps par une lumière rasante.
Les géographes, disposent donc aujourd'hui d'une immense banque d'images sur les paysages terrestres. Ces archives, acquises depuis environ un demi-siècle continuent de s'enrichir d'images numériques produites par des capteurs passifs ou actifs, prises sous des angles variés et à des résolutions de plus en plus grandes. A l'aube du troisième millénaire, il ne s'agira plus seulement pour eux de faire un inventaire des paysages en les cartographiant, mais d'analyser et de mesurer leurs transformations : En effet, ces transformations qu'elles soient très rapides quand elles sont dues à des catastrophes naturelles, comme les séismes, les éruptions volcaniques, les cyclones ou les inondations ou plus lentes lorsqu'elles sont liées à l'évolution des sociétés telles la déforestation, la déprise agricole ou la croissance urbaine sont désormais directement observables par télédétection.
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Affiche du document Colonisation, décolonisation, postcolonialisme

Colonisation, décolonisation, postcolonialisme

Elikia M'BOKOLO

1h27min46

  • Science politique
  • Généralités
  • Histoire générale de l'Afrique
A trois mots, trois concepts et toute une série de pratiques qu'ils désignent, approuvées bruyamment par les uns, rejetées avec force par les autres. A eux trois, ces mots pourraient à première vue résumer toute l'histoire de l'Afrique au XXème siècle, en même temps qu'ils semblent vouloir baliser les voies du devenir africain pour les temps à venir. A y regarder de plus près, découper le XXème siècle africain en ces trois séquences ne va pas sans problèmes.
Si cette succession semble aller de soi, c'est parce qu'on sait, par expérience et par définition, que tout empire périra. Mais, quel contenu donner à la colonisation, en termes de durée et de processus mis en oeuvre ? Jusqu'à quel point peut-on souscrire à l'idée d'innovation radicale et positive sur laquelle elle a prétendu se fonder ? Et la décolonisation, comment procède-t-elle de la colonisation ? Comment les stratégies et les tactiques élaborées " en haut " par les pouvoirs locaux et métropolitains s'articulent-elles avec les diverses luttes menées à la fois " en haut " et " en bas ", dans ce qui constitue le centre et la périphérie de formations géopolitiques complexes ? Il apparaîtra alors que la notion commode de postcolonialisme ne se réduit pas à un après-colonisation. Plus qu'une mise en ordre de faits, dont beaucoup restent controversés, on propose ici des interrogations et des réflexions sur l'un des grands malentendus du XXème siècle.
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Affiche du document Inde ouverte, Inde fermée ?

Inde ouverte, Inde fermée ?

Sanjay Subrahmanyam

1h08min31

  • Histoire générale de l'Asie, Extrême Orient
Depuis plusieurs siècles, deux discours s'opposent sur l'Inde, aussi bien en Occident qu'en Inde même. L'un présente l'Inde comme "civilisation", c'est-à-dire comme une entité culturellement auto-suffisante, caractérisée par des règles et des idéaux spécifiques. L'autre discours, moins construit, et devenu minoritaire dans les réflexions intellectuelles, est celui d'une Inde " carrefour ", c'est-à-dire d'un espace de rencontre de différents courants, parmi lesquels on trouverait un certain nombre d'éléments cruciaux, originaires d'ailleurs.
L'opposition entre ces deux discours a subi une rigidification à l'époque coloniale, quand la notion de l'Inde comme civilisation a triomphé, faisant déjà partie des dogmes de l'Indologie institutionnelle vers 1900. Aujourd'hui en Inde même, des groupes politiques à la recherche de l'essence de cette civilisation ont inventé l'idée d'une " hindouité " immuable pour faciliter leur tâche. Cela va de pair avec la montée en Occident des tendances qui continuent à chercher des " religions sans Dieu " dans le monde non-Occidental. Est-il encore possible de construire une autre vision du passé et du présent indien, dans laquelle on restituerait à l'Inde sa place dans une histoire universelle ? La conférence abordera ce problème, à partir d'une archéologie des débuts de l'Indologie aux XVIIe et XVIIIe siècles.
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Affiche du document La construction historique de la nation

La construction historique de la nation

Gérard NOIRIEL

1h17min55

  • Science politique
  • Généralités
"A Berlin, les hommes politiques polémiquent pour savoir si le nouveau Reichstag doit être dédié au "peuple allemand" ou à la "population". En Côte d'Ivoire, la junte au pouvoir relance le débat sur "l'ivoirité". La Commission européenne reproche à la France d'entretenir un "protectionnisme légal", au nom duquel 7 millions d'emplois sont interdits aux étrangers non-communautaires. Ces quelques exemples, tirés de l'actualité la plus récente, suffisent à montrer combien la question nationale, sous des formes extrêmement diverses, reste aujourd'hui au coeur de nos préoccupations.
Cette conférence montrera l'importance de l'histoire pour mieux comprendre les enjeux du présent. Nous présenterons les nouvelles approches que la recherche historique sur la nation a développées depuis une vingtaine d'années, en abordant successivement trois grands points. En premier lieu, nous expliquerons pourquoi, jusqu'ici, la nation n'a jamais pu être un objet d'étude comme les autres. Dans la deuxième partie de cette conférence, nous montrerons pourquoi il était nécessaire de commencer notre exposé par une réflexion sur les rapports entre l'historien et la nation. Dans la troisième partie de cette conférence, nous examinerons plus en détail les rapports entre État et nation. En conclusion, on abordera la question des rapports entre la recherche historique sur la nation et la formation civique des citoyens.
Si, comme on le dit souvent, l'inconscient d'une société c'est son histoire, l'historien peut être utile à ses concitoyens en montrant que trop souvent encore, c'est notre inconscient national qui gouverne nos façons de penser, nous conduisant à surestimer les vertus de notre propre passé collectif et à sous-estimer les vertus des autres. La leçon vaut aussi pour les hommes politiques, y compris (et surtout ?) pour ceux qui défendent haut et fort la tradition républicaine".
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