Documents pour «etat»

Documents pour "etat"
Affiche du document Le pouvoir

Le pouvoir

Claude Lefort

1h10min34

  • Science politique
"Dans cette Université de tous les savoirs, il semble que vienne naturellement prendre place une étude du pouvoir. Je suis conscient de ce qu'il y avait de téméraire à la prendre en charge. Il n'est pas, en effet, de discipline scientifique dont l'objet spécifique soit la nature, l'origine et l'exercice du pouvoir, bien que ce phénomène ait suscité depuis longtemps la réflexion de grands esprits. Je doute d'ailleurs qu'une telle discipline ait quelque chance de se former, pour des raisons qui apparaîtront au cours de cet exposé. Rien, en tout cas, ne permet de croire que nous puissions bénéficier des acquis d'un savoir cumulatif. Qu'appelle-t-on pouvoir ? Question préalable, semble-t-il. Mais, pour répondre, il faudrait énoncer un critère qui permette aussitôt de trancher un noeud de représentations dont chacune porte la marque d'une expérience collective. Si l'on veut bien admettre que le pouvoir ne peut se réduire à la domination, à la puissance, au commandement ou à l'autorité, ce n'est pas toutefois sans raison qu'on en reconnaît le signe, soit à la capacité de décider des affaires publiques, soit à celle de disposer des moyens de coercition, soit à celle de commander, soit à celle d'incarner ou de représenter quelque puissance au-dessus des hommes ou bien d'en participer, soit à celle de posséder un savoir-faire qui échappe à l'intelligence commune. Bref, il peut être associé à l'image du prince, du gouvernant, du guerrier, du prêtre ou du magicien. Dans tous les cas, le caractère du pouvoir est lié à celui de l'obéissance, et l'obéissance elle-même implique un certain mode de croyance. D'une domination établie par la force on peut même se demander, comme nous y invitait La Boétie, si elle a jamais pu s'entretenir durablement sans bénéficier d'une "" servitude volontaire "". "
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Affiche du document Le politique va-t-il mourir ?

Le politique va-t-il mourir ?

Zaki LAïDI

1h15min06

  • Science politique
Ce que l'« avènement » de la mondialisation suggère, c'est l'impossibilité de penser l'organisation et la stabilité du monde sur la base d'un simple système interétatique. La mondialisation nous fait passer d'une logique de boules de billard qui s'entrechoquent à une logique de flux qui se mélangent. D'où, d'ailleurs, l'idée de gouvernance mondiale qui sous-tend que la régulation mondiale n'est précisément plus réductible à la régulation exclusive des Etats. On parle de gouvernance parce que l'on ne peut plus parler uniquement des gouvernements. La gouvernance renvoie fondamentalement à l'idée que les choix et les décisions passent de plus en plus par des jeux de transactions entre acteurs de nature différente (Etats, entreprises privées et organisations non étatiques), plutôt que par une logique hiérarchique où un acteur – en l'occurrence l'Etat – dicterait sa conduite aux autres. C'est la raison pour laquelle l'idée de gouvernance exclut la perspective d'un super-Etat macro-régional ou mondial, car les problèmes qu'affronte l'Etat ne sont pas seulement affaire de taille ou de poids. Parler de super-Etat pour répondre à la crise de l'Etat, c'est donc prendre tout simplement le risque d'amplifier, au niveau d'une macro-région ou du monde, la crise de l'Etat. Ce qui vaut pour l'Etat vaut naturellement pour la démocratie. Combattre la dévitalisation de la démocratie par une sorte de translation à l'échelle macro-régionale ou mondiale est tout aussi illusoire. La gouvernance ne saurait donc être une simple affaire de translation institutionnelle vers un niveau plus élevé. Elle est plutôt un processus de réduction de l'indétermination historique qui pèse sur l'avenir de l'Etat à travers la construction d'arrangements entre acteurs hétérogènes du système mondial. Elle est une manière de penser le politique en dehors et au-delà de la question de la souveraineté, question à laquelle a été historiquement liée la réflexion sur l'Etat. La gouvernance sanctionne par là même la fin des visions téléologiques qui assigneraient à un sujet historique – l'Etat par exemple – une responsabilité particulière. C'est la raison pour laquelle toute tentative destinée à assigner à un nouvel acteur – par exemple la société civile – une sorte de nouvelle responsabilité historique qui succéderait à celle jouée par les Etats paraît peu crédible. (Zaki Laïdi, Extrait de « Etat, politique et mondialisation », préface à Un monde privé de sens, Hachette, coll. Pluriel, 2001)
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Affiche du document Le sens de la laïcité

Le sens de la laïcité

Françoise CHAMPION

1h16min13

  • Science politique
"La laïcité n'a cessé d'être en débat. Les conflits des interprétations ont porté et portent encore très principalement sur la question de la " séparation ". Séparation des religions et de l'État, séparation du public et du privé, séparations qui feraient de la France, parmi les pays européens, le seul pays à être laïque. Il est vrai que les termes laïcité et laïcisation sont intraduisibles en anglais, la langue internationale d'aujourd'hui.
Le " sens " de la laïcité sera abordé dans la double perspective du temps et de l'espace européen. L'histoire de la laïcité française fut sous-tendue par l'opposition entre deux conceptions, celle d'une laïcisation-combat opposée à une séparation-neutralité. S'imposera de fait un " pacte laïque ", signifiant au fond une orientation juridico-politique libérale. Si la " séparation " à la française est bien sûr une singularité française, toutes les sociétés ouest-européennes (ou presque) se sont émancipées de la tutelle de la religion.
Mais cette émancipation s'est effectuée selon des logiques différentes dans les divers pays, fonction notamment de leur tradition religieuse : selon une logique de " laïcisation " dans les pays de tradition catholique, selon une logique de " sécularisation " dans les pays de tradition protestante. Aujourd'hui ce processus d'émancipation est accompli ; est désormais à l'ordre du jour une autre histoire, celle du pluralisme identitaire-égalitaire. "
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Affiche du document La subversion de la responsabilité de l'Etat

La subversion de la responsabilité de l'Etat

Olivier CAYLA

1h13min43

  • Science politique
Conférence donnée le 13 juin 2000 par Olivier CAYLA
Porté par le retour de la philosophie morale de ces dernières années (P. Ricœur, H. Jonas), le thème de la responsabilité fait actuellement l'objet d'un fort engouement de la part non seulement des intellectuels mais aussi de toute la société.
Celle-ci paraît avant tout sensible à la question de la responsabilité des décideurs politiques : il lui semble en effet que le fait d'avoir à répondre de ses actes, lorsqu'on exerce une fonction d'autorité sur ses concitoyens, au moins dans le cas où de tels actes ont pu produire des conséquences dommageables pour la santé voire pour la vie même des gouvernés, est devenu une exigence politique et morale minimale dans le cadre d'une démocratie moderne, ou plutôt dans celui d'un "État de droit", autre concept très prisé depuis que les philosophes politiques en ont répandu l'usage (jusque là cantonné dans une acception plutôt étroite et technique par les juristes universitaires), avec une certaine ferveur dans les années 1980.
La multiplication des "affaires" posant un problème crucial de cet ordre (comme celles du sang contaminé, de l'amiante ou de la "vache folle"), ainsi que la tendance de la classe politique à se réfugier dans le vieux réflexe auto-amnistiant (comme le suggérait par exemple la fameuse formule : "responsables mais pas coupables"), ont contribué à diffuser l'idée d'une nécessaire soumission de la puissance publique, en contrepartie du pouvoir exceptionnel de commandement unilatéral dont elle dispose, au droit commun en général et à celui de la responsabilité en particulier, c'est-à-dire à faire valoir que l'action de l'autorité publique ne peut désormais plus se contenter d'arguer de son orientation vers la finalité de l'intérêt général, pour prétendre jouir en toutes circonstances de l'exorbitant privilège consistant à échapper à l'emprise du droit de la responsabilité qui s'applique au justiciable ordinaire.
C'est donc dans ce contexte contemporain d'une forte aspiration politique et morale à davantage d'égalité entre les gouvernants et les gouvernés, qu'il revient au juriste d'aujourd'hui de réfléchir à l'épineuse question de la "responsabilité de l'État".
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Affiche du document L'État souverain face à la mondialisation

L'État souverain face à la mondialisation

Brigitte STERN

1h05min23

  • Science politique
  • Économie
""" No man is an island "", "" Aucun homme n'est une île "" disait le poète John Donne. L'homme ne vit pas isolé, il est inséré dans toute une série de collectivités, dans tout un ensemble de sociétés : la société familiale, la société tribale, les sociétés religieuses, les sociétés sportives, les sociétés savantes, voire des sociétés secrètes, mais aussi la société étatique. L'Etat se distingue fondamentalement des autres collectivités humaines, parce qu'il est une collectivité souveraine, du fait qu'il dispose du monopole de la force armée organisée sur son territoire. A ce monopole de la force armée organisée est lié le monopole d'édiction du droit : est règle juridique la règle que l'État considère comme une règle juridique, soit qu'il l'édicte lui-même à travers ses organes, soit qu'il reconnaisse des règles posées par d'autres, comme par exemple dans les contrats nationaux ou internationaux établis par les particuliers ou des sociétés multinationales, comme ayant valeur juridique. On conçoit facilement qu'un droit destiné à s'appliquer au sein d'un État qui dispose de la force - le droit national - n'aura vraisemblablement pas les mêmes caractéristiques qu'un droit destiné à s'appliquer entre États souverains, disposant chacun du monopole de la force armée organisée sur son territoire, mais non dans l'ensemble de la communauté des États : le droit international apparaît dès lors comme un droit s'appliquant dans une société où il n'y a pas de centralisation de la force armée organisée. Cette structuration différente des sociétés internes et de la société internationale explique que les contours de la souveraineté ne soient pas les mêmes dans l'ordre interne et dans l'ordre international. "
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