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Affiche du document Paris, ville de riches ? Les évolutions de la sociologie parisienne

Paris, ville de riches ? Les évolutions de la sociologie parisienne

Audry JEAN-MARIE

1h38min58

  • Sociologie et anthropologie
Depuis un demi siècle, les recensements de population successifs montrent une augmentation continue des cadres dans la population de Paris, au détriment des ouvriers et des employés. Un seuil a été franchi avec le dernier recensement de 1999 : pour la première fois - et cela n'est vrai qu'à Paris et dans certaines banlieues cossues - le nombre de « cadres et de professions intellectuelles supérieures » (394 000) a dépassé celui des ouvriers et des employés réunis (392 000). Un risque se précise dans le long terme : celui d'une population aisée homogène qui étendrait son empire à tous les quartiers, réduisant le Paris populaire à ses franges périphériques. Paris deviendrait une ville de riches.
Qu'on l'appelle ségrégation, embourgeoisement ou gentrification, cette tendance est à l'opposé des valeurs de mixité qui sont l'essence de la ville. Le scénario est-il écrit d'avance ? Oui si l'on s'en tient aux conditions qui déterminent aujourd'hui la valorisation de l'espace parisien : une situation de ville capitale au coeur d'une des grandes métropoles mondiales ; une évolution de la structure des emplois favorable aux cols blancs très qualifiés ; des évolutions immobilières favorables aux locataires les plus solvables et aux acquéreurs aisés ; un effet culturel de regain d'intérêt des ménages à hauts revenus pour les quartiers du centre et les anciens faubourgs. Pour tenter d'enrayer la machine à exclure ou freiner son rythme, il faut continuer à augmenter le nombre de logements sociaux dans la capitale mais aussi développer une politique ambitieuse d'aménagement du territoire régional.
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Affiche du document Histoire sociolinguistique de Paris

Histoire sociolinguistique de Paris

Anthony LODGE

1h28min50

  • Sociologie et anthropologie
  • Linguistique
Le "Français de Paris" s'identifie traditionnellement avec le français 'officiel' ou 'standard'. Ce français aurait évolué, à partir du latin, suivant des lois émanant de sa structure interne, secondée de temps à autre par l'intervention de gens cultivés hantant la capitale. Les écarts de la norme perpétrés par la population parisienne s'expliqueraient en général par la paresse ou par l'ignorance. La sociolinguistique historique offre une vision assez différente des choses. Elle soutient d'abord que la langue des villes est caractérisée, à toutes les époques, par une grande variabilité et que les variétés linguistiques en présence évoluent de manière symbiotique. Elle soutient ensuite que c'est la communauté des locuteurs qui fait évoluer la structure des langues et non pas l'inverse. Une histoire sociolinguistique de Paris se doit donc d'être multidimensionnelle et d'enchâsser l'évolution linguistique de cette très grande ville dans une analyse crédible de son évolution démographique et sociale.
Ce beau programme bute néanmoins contre un problème fondamental, que certains jugent insurmontable - celui des preuves. Paris possède une documentation linguistique vraisemblablement plus riche que les autres villes d'Europe, mais même là les sources historiques restent inadéquates. L'historien sociolinguistique se trouve ainsi en situation de paradoxe: construire des systèmes hypothétiques est toujours dangereux, mais faire de l'histoire sans faire d'hypothèses est impossible.
Dans cette conférence je propose un rapide survol de l'histoire sociolinguistique de Paris depuis le XIIe s. jusqu'au milieu du XXe s. Je vais rapprocher deux ordres d'idées, le premier tiré de la théorie de l'urbanisation proposée par Hohenberg et Lees (1985), et le second inspiré des travaux sur le contact de dialectes menés par Peter Trudgill (1986). Les premiers offrent une périodisation du développement urbain en Europe en trois phases : la période pré-industrielle (XIe-XIVe s.), la période proto-industrielle (XVe-XVIIIe s.) et la période industrielle (XIX-XXe s.). Peter Trudgill, part du principe que si les communautés linguistiques vivant en autarcie ne sont pas inconnues, elles sont rares à l'époque moderne, et tout à fait inconnues dans les grandes villes, les villes étant les endroits privilégiés de contacts de dialectes, de mélanges dialectaux. Trudgill isole trois processus qui entrent en jeu lorsque les locuteurs de dialectes différents se trouvent en situation d'interaction fréquente: 'koinéisation', ''réallocation' et 'nivellement'. Nous chercherons à établir des corrélations entre les trois phases de l'urbanisation, identifiées par Hohenberg & Lees, et les principaux processus observés dans les cas de contact dialectal analysés par Trudgill.
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Affiche du document Les théories Darwiniennes de la diffusion des idées

Les théories Darwiniennes de la diffusion des idées

Dominique GUILLO

1h22min53

  • Sociologie et anthropologie
Depuis une trentaine d'années, les explications néo-darwiniennes de la diffusion des idées, des sentiments et des pratiques dans les sociétés humaines – autrement dit, de la culture, au sens large – se multiplient et connaissent un succès croissant. Aux yeux des théoriciens qui proposent de telles explications, les principes fondamentaux du néo-darwinisme ont vocation à s'étendre bien au-delà de la biologie : ils constitueraient les clés épistémologiques des sciences humaines et sociales. Toutefois, derrière cette référence affichée à un même paradigme biologique, ces théories de la culture présentent d'assez vifs contrastes, fréquemment brouillés au regard par les polémiques qu'elles ont soulevées.
Outre les vues réductionnistes souvent fort sommaires proposées depuis les années 70 sous l'étiquette « sociobiologie humaine », que l'on n'évoquera pas ou peu ici, deux grands modèles peuvent être dégagés. Le premier, inspiré par les sciences cognitives, explique les phénomènes culturels en les ramenant, plus ou moins directement selon les cas, à des dispositions innées inscrites dans le cerveau et commandées par des gènes (S. Pinker, J. Tooby et L. Cosmides, ou D. Sperber). Le second, dont la version la plus célèbre est la théorie des « mèmes » de l'éthologue R. Dawkins, propose de rendre raison de la diffusion des idées et des pratiques dans les groupes sociaux en s'appuyant sur une analogie avec le mode de diffusion des gènes : les phénomènes culturels seraient le siège d'une évolution semblable dans ses principes à celle des gènes, mais totalement indépendante vis-à-vis d'eux.
La conférence sera consacrée à la présentation et à la discussion générales de ces deux grands modèles explicatifs. Une attention toute particulière sera accordée au second, qui reste sans doute encore relativement méconnu en France.
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Affiche du document Les sociétés face à la mondialisation des flux culturels

Les sociétés face à la mondialisation des flux culturels

Jean-Pierre WARNIER

1h10min03

  • Sociologie et anthropologie
La globalisation des flux de produits culturels fait craindre à certains qu'on assiste à une uniformisation des cultures du monde. C'est déjà ce que redoutait Arthur de Gobineau au 19ème siècle. A l'encontre de cette opinion, deux arguments sont à prendre en compte. Ils sont en général mal compris des publics auxquels je m'adresse, et c'est sur ces deux points que portera la conférence.
En premier lieu, plus que jamais, l'humanité est fragmentée par des conflits innombrables et souvent violents entre groupes, catégories sociales, communautés, pays. Ces conflits sont d'ordre politique au sens large du terme. Ils sont en partie alimentés par des clivages culturels. Mais ils ont aussi pour conséquence de produire, en permanence, des éléments de culture qui nourrissent la divergence culturelle. En d'autres termes, du fait des conflits politiques, l'humanité est une machine à produire de la différence culturelle. Dans la relation d'opposition, chacun cultive ses spécificités.
Deuxième argument : les pronostics pessimistes sur la mondialisation de la culture procèdent tous d'une observation de l'offre globalisée de produits culturels (cinéma, musique, presse, mais aussi jouets, alimentation, etc.). Or, en observant la réception localisée, en faisant un travail d'ethnologue, on constate que les produits véhiculés par les flux mondiaux servent de matériaux pour des constructions culturelles locales diversifiées. Pour autant, tout motif de préoccupation ne disparaît pas. L'émiettement culturel est avéré. Les créations locales n'ont pas accès aux techniques industrielles et en pâtissent.
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Affiche du document La mondialisation culturelle et le rôle des intellectuels

La mondialisation culturelle et le rôle des intellectuels

Gérard LECLERC

1h07min42

  • Sociologie et anthropologie
On peut distinguer deux types différents de "biens culturels" : tout d'abord les biens sacrés et traditionnels (mythes et textes religieux); ensuite les biens profanes et modernes (programmes des mass médias audio-visuels). La modernisation/sécularisation engendrée par l'occidentalisation aboutit-elle à l'hégémonie du second type de biens? Ou un conflit se prépare-t-il entre une modernité d'origine occidentale et les civilisations d'Asie et d'Afrique?
Pour tenter de répondre à ces questions, on s'interrogera sur la notion de "civilisations". L'impérialisme a eu pour résultat historique de faire passer ces grands ensembles culturels de l'isolement millénaire à un contact rapproché et asymétrique, générateur sur le plan économique et politique d'une domination matérielle écrasante de l'Occident. Mais il a eu aussi pour effet, sur le plan symbolique et intellectuel, de permettre la naissance des "sciences humaines".
L'un des enjeux des débats idéologiques porte, depuis deux ou trois décennies, sur le statut épistémologique: s'agit-il de savoirs authentiques, c'est-à-dire universalistes ou d'idéologies particularistes, occultant des intérêts et des rapports de force? L'occidentalisation culturelle du monde a signifié également la mondialisation de l'intelligentsia qui, elle aussi a trouvé ses sources premières dans l'Europe en voie de sécularisation. Quel rôle ce groupe, désormais international, peut-il jouer dans un dialogue intercivilisationnel?
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Affiche du document Aspects de la vie intellectuelle et culturelle Chinoise

Aspects de la vie intellectuelle et culturelle Chinoise

CHU XIAO-QUAN

1h16min56

  • Sociologie et anthropologie
  • Histoire générale de l'Asie, Extrême Orient
Dans l'époque dite post-idéologique, la question de la culture assume une importance toute particulière en Chine d'aujourd'hui, car, pour les Chinois, la culture constitue leur dernier repère identitaire. Un aperçu rapide de l'état actuel de la vie culturelle en Chine peut révéler l'existence déjà omniprésente de l'influence occidentale, ce qui conduit souvent à des questions ou même des inquiétudes sur l'avenir de la culture chinoise : sera-t-elle complètement submergée et altérée par une culture étrangère ? Ou bien connaîtra-t-elle un renouvellement à même de relever les défis du nouveau millénaire ?
Bien des intellectuels et des artistes chinois, ceux qui sont directement impliqués dans la création, manifestent un optimisme prudent à ce propos. En effet, notre tradition culturelle, dérivée entre autres des grandes idées confucéennes, nous fournit des possibilités d'intégrer des éléments nouveaux en s'adaptant à un nouveau contexte social. Le fait qu'il n'y a jamais eu en Chine un mouvement intégriste confucéen est une preuve de son esprit large et généreux envers l'inconnu.
Sans doute la culture chinoise traverse-elle actuellement une profonde crise, mais elle se trouve en même temps dans une phase extrêmement féconde de diversification : coexistent sur la même scène une culture traditionnelle et une culture occidentalisée, une culture d'élite et une culture populaire, une culture officielle et une culture indépendante, une culture du nord et une culture du sud, une culture ancienne et une culture moderne… Le risque de fragmentation est bien réel mais justement dans cette hétérogénéité vertigineuse réside la vivacité de la culture chinoise actuelle qui, par son refus de se réfugier dans un modèle figé, construira peut-être une réponse intéressante à la mondialisation galopante.
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Affiche du document Ethnies et « nation » en Chine

Ethnies et « nation » en Chine

Joël THORAVAL

1h04min37

  • Sociologie et anthropologie
  • Histoire générale de l'Asie, Extrême Orient
L'affirmation au 20ème siècle d'une nation chinoise moderne, sous le gouvernement du Guomindang puis sous celui des Communistes, a nécessité la prise en compte simultanée de deux types de différences : celle qui oppose la Chine aux autres nations (c'est la question du nationalisme moderne) et celle qui met en rapport les diverses populations occupant le territoire de l'ancien Empire des Mandchous (c'est le problème des nationalités ou ethnies minoritaires). La définition de ce que signifie être Chinois dans le cadre d'un Etat-nation moderne est contemporaine de la volonté de préciser la relation existants entre « Han » et « non-Han ».
L'intelligence de cette question et l'appréciation des problèmes de la situation actuelle demandent que soit clarifiés le sens et les différents usages d'un concept commun, minzu, ayant servi au cours du dernier siècle à désigner des réalités aussi diverses que la race, l'ethnie, la « nationalité » ou la nation moderne. A partir de l'exemple des « minorités nationales » officiellement instituées en Chine continentale, on essaiera de donner une idée de la complexité de ce problème en évoquant le rôle joué dans cette évolution par les différents modèles étrangers (européen, japonais, soviétique) mais en présentant aussi des interrogations plus récentes relatives à la notion d' « ethnicité ».
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Affiche du document Conflit, ritualisation, droit : la gestion de la diversité

Conflit, ritualisation, droit : la gestion de la diversité

Yves MICHAUD

1h41min05

  • Sociologie et anthropologie
Psychologiquement, la relation humaine à la diversité est ambivalente : la diversité suscite la curiosité et stimule ; en même temps elle apparaît comme une menace et déclenche l'agressivité. Les sociétés humaines ont constamment affaire à la diversité. A commencer par celle qui est au coeur de la reproduction. La diversité est en fait dans les individus sous tous les points de vue : physique, mental, passionnel, générationnel. Cette diversité a des effets ambivalents. D'une part, elle permet le renouvellement, l'invention, l'innovation, la réponse aux défis et aux crises. D'un autre côté, elle perturbe les règles, routines, procédures, équilibres mis au point par les groupes pour survivre. Elle doit donc être traitée, gérée, régulée par les groupes .
On peut distinguer deux modes principaux de gestion de la diversité. Le premier mode est celui des traitements violents : anéantissement, viol, confinement, conversion et conquête, assimilation, mais aussi sacralisation, stigmatisation de ce qui est "autre". Une différence importante au sein de ce groupe tient à la différence entre les stratégies de destruction et celles d'assimilation. Le second mode de gestion passe par la production de règles dans un éventail de qui va des routines aux interdits et des coutumes aux règles juridiques. De ce point de vue, les sociétés sont des systèmes de règles plus ou moins cohérentes pour traiter les différences. Une différence importante au sein de ce groupe est celle entre les règles d'assimilation et les règles de différenciation.
Le droit traite à la fois tous les hommes de la même manière et en fonction de leurs différences. Qu'il s'agisse des modes de gestion violents de la diversité ou des modes de gestion par la régulation, ils répondent tous à des finalités sociales et sont soumis à des évaluations morales. Les finalités sociales peuvent entrer ou non en contradiction avec celles de la moralité, mais subsiste la question de savoir à quelles finalités la moralité elle-même répond. Yves Michaud
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Affiche du document Sport et société

Sport et société

Georges VIGARELLO

1h21min23

  • Sociologie et anthropologie
  • Art du spectacle, loisirs et sports, jeux
Le sport, le spectacle, le mythe. Jamais les héros de l'Olympe moderne n'ont été si glorifiés. Jamais ils n'ont été en revanche si épuisés de courir après la performance, transformés en « hommes sandwich » de la publicité contemporaine. Pour répondre à ce paradoxe, il faut mobiliser la réflexion historique, analyser le passage du « jeu » dans les sociétés d'Ancien Régime à l'invention du sport au 19e siècle.
Le jeu ancien, à la fois pari et défi, moments volés aux temps sociaux de labeur et de culte, est métamorphosé une fois devenu « sport » dans la société d'Outre-Manche d'abord, dans la société française en suite. Ce sport dès la fin du 19e siècle une véritable contre-société calquant ses modèles méritocratiques et démocratiques sur ceux de notre société. Il se donne en miroir idéal. Il crée un mythe d'autant plus important que tendent à s'effacer par ailleurs transcendances et grands messages.
Le sport « donne à croire ». il convient parfaitement aux exigences de l'image, du spectacle, de la réussite, de l'événement contemporains. Mais ses enjeux mêmes le soumettent à de nouvelles pressions : celles de l'argent, celles des médias. Ils favorisent dopage, trucages, malversations. Ce qui conduit à penser sans doute d'autres rapports entre le sport et la puissance publique. Ce qui conduit aussi à une attention toute particulière aux pratiques naissantes d'aujourd'hui.
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Affiche du document Compétition et performance

Compétition et performance

Patrick MIGNON

1h18min39

  • Sociologie et anthropologie
Compétition et performance sont sans doute les mots qui définissent le mieux le sport. Le sport est en effet un univers de compétitions physiques institutionnalisées, démocratiquement organisées, aux règles unifiées et aux rencontres planifiées, ce qui le distingue des jeux qui l'ont précédé, comme l'en distinguent le goût du calcul, la valorisation du progrès et du dépassement, tout ce qui se trouve subsumé sous la catégorie de performance. De plus, prise dans son sens anglo-saxon, cette dernière ouvre vers une autre dimension fondamentale du sport contemporain, celle du spectacle : le sport, ou une bonne partie du sport, est une activité qui se déroule devant des spectateurs. Il y a, contenue dans ces deux mots, les éléments d'une dynamique interne qui permet de saisir ses évolutions.
Les contraintes de la compétition et de la performance sont de puissants moteurs pour la rationalisation d'activités qui s'offrent, progressivement, à la réflexion des tacticiens, au regard des scientifiques, aux projets politiques et aux calculs économiques. Tout comme les aléas de la compétition ou la manière d'obtenir la performance recherchée peuvent permettre de rendre compte de l'engouement pour le spectacle sportif. Les catégories sportives nous intéressent donc aussi car ce sont des mots qui définissent notre temps, la compétition généralisée et l'obligation d'être performant, et qui nourrissent l'expérience de l'individu démocratique s'interrogeant sur la juste hiérarchie, sur l'égalité des chances ou sur les mérites respectifs de l'individu et du groupe dans la réussite sociale, ou encore sur la manière de répondre aux nouvelles exigences de l'autonomie, de la responsabilisation et de la compétitivité.
Puisque les mots sont les mêmes, l'interrogation se porte sur les liens existant entre l'univers du sport et la société et sur la manière dont on peut les penser : miroir ? illusion ? modèle ? appareil idéologique d'état ? A travers la signification du concept de compétition, on peut apprécier en quoi il existe bien un monde du sport doté de valeurs spécifiques qu'on peut comparer mais qu'on ne saurait réduire à celles qui gouvernent l'économie ou la politique. Avec le concept de performance, c'est un autre problème qui est posé : celui de la place qu'on peut assigner dans une société à un univers qui se définit par le dépassement permanent et, de façon générale, le jeu avec les limites. Patrick Mignon
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Affiche du document Les croyances collectives

Les croyances collectives

Raymond BOUDON

1h24min08

  • Sociologie et anthropologie
On prend ici le mot croyance dans le sens le plus large (le fait de croire à une proposition, à une théorie, etc.). L'analyse des croyances collectives est un des sujets essentiels de la sociologie. Elle pose une question fondamentale : par quels mécanismes des individus appartenant à un groupe (au sens le plus large de ce mot) croient-ils la même chose ?
S'agissant de croyances scientifiques, on n'a guère de peine à discerner ces mécanismes. L'explication peut ne pas être immédiate et impliquer de laborieuses recherches (voir les monographies sur le langage des abeilles, la controverse Pasteur-Pouchet sur la génération spontanée, les études sur la disparition de la croyance au phlogistique, etc.) ; mais, s'agissant des croyances scientifiques, celles-ci peuvent être vues comme le résultat d'une discussion rationnelle. Qu'en est-il lorsqu'il s'agit de croyances qui paraissent infondées (comme les croyances en des relations de causalité imaginaires qui définissent la magie) ou de croyances qui, par principe, ne paraissent pas pouvoir être fondées, comme les croyances prescriptives : celles qui traitent, non de l'être, mais du devoir-être ? La coupure entre les croyances scientifiques et les autres types de croyances est peut-être moins nette qu'on ne le croit : il n'est pas plus facile d'expliquer pourquoi Descartes croyait que la nature a horreur du vide que d'expliquer les croyances magiques.
Une première ligne de pensée répond à ces questions, en évoquant l'existence de forces psychologiques ou culturelles, pour parler comme le prix Nobel G. Becker, qui feraient que, dans telle culture, dans tel groupe ou tel ensemble d'individus, l'esprit humain obéirait à des règles d'inférence particulières, serait affecté par des biais, fonctionnerait dans des cadres mentaux invalides. Cette hypothèse a été mise sur le marché par Lévy-Bruhl ; elle est toujours présente dans les sciences sociales. L'autre ligne de pensée, inaugurée par Durkheim est également très présente dans les sciences sociales contemporaines. Elle paraît devoir l'emporter en raison de son efficacité scientifique. Elle consiste à admettre que les croyances ordinaires se forment selon des mécanismes fondamentalement identiques à ceux qui expliquent la cristallisation des croyances scientifiques. Des exemples démontrant son efficacité peuvent être facilement empruntés aux sciences sociales classiques et contemporaines. La même ligne de pensée apparaît comme très prometteuse s'agissant de l'explication des croyances prescriptives : des études portant sur divers sujets et notamment sur les sentiments de justice le suggèrent.
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