L’inégalité raciste - colloque international en hommage à Véronique De Rudder.
1. Ouverture du colloque
12min29
- Épistémologie, causalité, genre humain
Cette vidéo présente l'ouverture du colloque organisé en hommage à Véronique De Rudder, sociologue pionnière en France dans dans le champ des recherches sur le racisme, les relations interethniques et l'immigration. Il a été organisé en juin 2015 à l'université Paris Diderot par l'Alliance de recherche sur les discriminations (ARDIS) et l'unité de recherches Migrations et société (Urmis, CNRS UMR 8245, IRD 205, université Nice Sophia Antipolis et Paris Diderot).
Intervenants dans cette vidéo (1. Ouverture du colloque) :
Mahamet Timera, Professeur de sociologie, Unité de recherches Migrations et société
Sylvie Rousset, Vice-Présidente de la Commission de la recherche, Université Paris Diderot
Patrick Simon, Alliance de recherche sur les discriminations, domaine d'intérêt majeur Genre, inégalités, discriminations ».
Présentation et programme du colloque :
http://urmis.unice.fr/?L-inegalite-raciste-colloque
L’immigration comme domaine de recherche a longtemps fait l’objet en
France d’un déni de légitimité alors même que dans le débat public elle
devenait de plus en plus surexposée comme « problème » et
instrumentalisée par les courants xénophobes. Dans les années 1980 les
recherches concernant l’immigration se sont développées dans plusieurs
disciplines : sociologie, histoire, géographie. L’attention d’une partie
des chercheurs s’est alors focalisée sur les formes d’insertion des
immigrés dans la société française. Parallèlement, la question du
racisme était traitée principalement par un corpus d’analyses théoriques
relevant de la philosophie, de l’histoire et de la psychologie sociale.
Par ses travaux de recherche, Véronique De Rudder a contribué à
éclairer ce qu’elle qualifiait de « point aveugle » : l’absence
d’articulation entre d’un côté la pensée de l’immigration et de l’autre
celle du racisme. Plus tard et avec d’autres chercheurs, elle a ancré le
racisme dans les pratiques et les rapports sociaux. En tant que rapport
social, le racisme s’inscrit dans l’interaction entre une société et
ceux qui y sont “récemment” venus, ou qui y sont maintenus en situation
d’extériorité (une “frontière intérieure”) au nom de leurs origines, de
leur nationalité, de leur culture, de leur religion.
C’est comme rapport social que Véronique De Rudder a analysé le
racisme, posant ses jalons théoriques dans le champ des relations
interethniques. Dans ses travaux, toujours appuyés sur des enquêtes de
terrain, elle a abordé de front la tension entre d’une part un
universalisme républicain, idéalement aveugle aux origines et hostile
aux discriminations et, d’autre part, les pratiques institutionnelles et
ordinaires du racisme « en acte ». Elle a, dans le même temps,
interrogé les constructions conceptuelles anglo-saxonnes, afin de
construire une problématique contemporaine des relations interethniques
appliquée au contexte français et qui permette de sortir de
l’alternative universalisme/communautarisme.
La qualité de ses publications, leur caractère innovant, sa culture, son
engagement dans divers collectifs scientifiques et militants, ses
enseignements inédits, son soutien aux jeunes chercheurs ont fait d’elle
une personnalité reconnue dans le monde académique et à l’échelle
internationale.
Son décès prématuré laisse un grand vide dans une période de confusion
où les questions qu’elle a traitées sont plus que jamais d’actualité.
Comité d’organisation :
Mélanie Duclos (Urmis), Mireille Eberhard (Ardis), Christian Poiret
(Urmis), Catherine Quiminal (Urmis), Mahamet Timera (Urmis), Maryse
Tripier (Urmis)