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Affiche du document Un cheval sous la lune

Un cheval sous la lune

Gilbert Bordes

2h36min00

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
208 pages. Temps de lecture estimé 2h36min.
Venant de Tulle qu'il n'avait jamais quitté, Martin découvrait, dominant les quelques maisons du hameau, la masse menaçante du château de Morterive : un donjon, trois tours presque en ruine, qu'inlassablement un grand homme aux cheveux blancs s'efforçait de remonter – Henri, vingt-troisième comte de Morterive, obstiné à maintenir les vestiges d'une famille illustre. Selon Juste et Honorine, les paysans chez qui Martin venait d'être placé, des bruits effrayants sortaient, la nuit, de la vieille bâtisse: sous les intempéries, un plafond s'écroulait, une muraille laissait s'échapper un torrent de pierres, le vent hurlait dans les brèches – mais on s'y habituait. Martin a dix-sept ans ; il n'est pas beau, il est timide. Cependant, il a un don, la musique, et c'est grâce aux sons qu'il tire de son harmonica que Laure, la fille du comte de Morterive, le remarque, s'attache à lui... Gilbert Bordes – comme on l'a vu dans "La Nuit des hulottes" et "Les Chasseurs de papillons" – aime les enfants, les adolescents et les vieilles personnes un peu extravagantes. Il sait dire les rêves des uns, la gentille folie des autres. Il sait aussi le poids des pierres, les parfums de la terre et les mouvements du ciel. Et l'angoisse de la solitude et la chaleur d'un foyer.Ce sont ces qualités de cœur, cet amour des êtres simples et de la nature, qui font tout le prix des romans de Gilbert Bordes.
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Affiche du document Les chasseurs de papillons

Les chasseurs de papillons

Gilbert Bordes

1h42min00

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
136 pages. Temps de lecture estimé 1h42min.
Lorsqu'on les rattrapa, très loin de la ferme et du village, ils assurèrent qu'ils étaient partis à la chasse aux papillons, qu'ils s'étaient égarés, que... On avait eu si peur qu'on fit mine de les croire. La chasse aux papillons, au fin fond de la Corrèze, au printemps de 1944, quand des détachements allemands parcouraient les routes ?...C'était Claude, douze ans, qui avait pris la décision : "On va chercher papa", et Tilou, son petit frère, avait dû le suivre, en renâclant. Il fallait aller chercher papa, depuis quatre ans prisonnier en Allemagne, parce que maman, jusqu'alors si "sérieuse" faisait des bêtises : Claude l'avait surprise avec un jeune homme dans une vieille grange sur la route de Brissac. Elle trahissait un père dont l'enfant avait fait un héros. Alors, armé d'une boussole, traînant Tilou, il était parti vers le nord-est, vers quelque incertaine Poméranie... Autour de la ferme du Tilleul, autour du bourg de Brissac, c'est un tableau vivant de la société rurale au temps de l'Occupation que trace Gilbert Bordes. Ici, on ne voyait guère les Allemands, à peine plus les "maquis" : on était hors de l'Histoire. Mais l'absence des hommes, prisonniers dans une lointaine Allemagne, avait fait un déséquilibre dans ce monde figé. D'où des drames, des rêves, des folies. Avec la générosité qu'on lui connaît, Gilbert Bordes ne juge pas : il raconte une histoire. Avec une femme vraie, des gamins bouleversants sur une terre et sous un ciel pleins de mystères et de merveilles.
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Affiche du document Des enfants tombés du ciel

Des enfants tombés du ciel

Gilbert Bordes

2h13min30

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
178 pages. Temps de lecture estimé 2h13min.
Le roman foisonnant de la haine entre deux hommes, et l'histoire d'une double vengeance qui ne recule devant rien... En 1870, quand naissent les fils de Catulle Moringuet, des triplés, sa mère, consultant les cartes, lui prédit: "Deux de vos fils chercheront à vous tuer. Les cartes sont muettes sur le troisième." C'est à travers le destin de ces trois enfants que va se jouer le combat entre les deux ennemis...Lors du siège de Paris, deux des triplés sont embarqués clandestinement à bord d'un de ces ballons qui relient la capitale à la province, le troisième reste à Paris. Un accident de navigation projette le ballon au sol, quelque part en Corrèze. Ces "enfants tombés du ciel", recueillis dans trois familles d'horizons différents, vivront pour accomplir le destin annoncé... Mais comment, ainsi éparpillés, deux d'entre eux pourront-ils chercher à tuer leur père, tandis que le troisième finira par le haïr?Enlèvements, assassinats, trahisons... Gilbert Bordes mêle les actions les plus noires aux sentiments les plus purs, sur fond de grands événements politiques. Il emporte le lecteur, comme savaient si bien le faire au xixe siècle ses illustres prédécesseurs, ces écrivains qui ont fait la gloire des romans-feuilletons. Le soir du 14 janvier, une nuit glacée figeait Paris; les passants se faisaient rares. Une voiture s'arrêta au portail de la maison de Julia. Un homme descendit du siège du cocher, agita la clochette. Auguste Leblanc, qui était encore là, vint ouvrir.– Monsieur Leblanc, je suis bien aise de vous trouver. Le quartier est bouclé par la police! C'est votre épouse qui m'a indiqué que je vous trouverai ici.– Vous dites que le quartier est bouclé par la police?– Oui. Quand j'ai demandé ce qu'ils cherchaient, un brigadier m'a répondu qu'ils étaient sur le point d'arrêter une jeune femme qui serait au service des Prussiens... Je n'en sais pas plus et ce n'est pas là mon souci. Voilà: le "Ville de Caen" doit partir dans une heure. Ce ballon sort de vos usines; l'aérostier pressenti pour le vol a été blessé tout à l'heure par un éclat d'obus. Je vous demande, par ordre de la direction générale de la Poste, de nous déléguer un de vos spécialistes pour cette mission de la plus haute importance. J'ai les caisses de dépêches dans la voiture. Un lord anglais, sir Hartinger, qui a payé une fortune pour fuir le bombardement, sera du voyage.– Depuis quand les gens de la Poste s'occupent-ils de faire fuir les étrangers?L'homme baissa la tête, visiblement gêné. Il avait probablement vendu à l'Anglais une place sur le "Ville de Caen" sans en aviser ses supérieurs.– Les temps sont difficiles pour tout le monde. Sir Hartinger a payé très cher...Auguste se mit à réfléchir: alors que la police s'apprêtait à capturer une jeune femme dans le quartier, les individus qui voulaient s'emparer d'Anna la faisaient passer pour une espionne, subterfuge permettant de mobiliser un important arsenal policier. Une idée germait dans son esprit.– Écoutez, nous n'avons pas le temps. Mes spécialistes savent construire des ballons, mais n'ont aucune expérience du vol. Je suis le seul à avoir effectué plusieurs voyages. Nous ne pouvons pas risquer de perdre les dépêches sur les lignes ennemies. Je vais donc assurer le vol. Vous passerez prévenir ma femme et lui ferez part de mon intention de lui écrire très vite par pigeon postal.– C'est que les pigeons ne reviennent plus aussi facilement que le mois dernier. Le froid les gêne pour retrouver leur chemin.– Aucune importance. J'ai toujours eu le sens du devoir.– Comme vous voulez, monsieur! L'important, c'est que les caisses de courrier parviennent à destination.– Elles arriveront. Cependant, comme je ne vais pas pouvoir revenir de sitôt, il me faudra emporter quelques effets personnels. Le "Ville de Caen" peut porter six cents livres. Combien pèsent les caisses de courrier?– À peine deux cents livres. Il n'y a pas de courrier privé, mais des renseignements très précieux pour les armées de la Loire.– Parfait, je peux donc sans risque emmener cent livres d'effets personnels.– Je n'ai aucun ordre pour vous en empêcher.– Faites entrer la voiture et bouclons le portail! Le courrier important ne doit pas pousser quelque malfrat qui nous aurait entendus à voler les caisses pour les revendre aux Prussiens. Je vais chercher mes effets. Pendant ce temps, allez vous faire servir quelque chose de chaud à la cuisine.Auguste parti en courant. Anna se tenait à l'étage avec la tante Julia. Les bébés dormaient. Rapidement, il expliqua la situation: la police perquisitionnerait d'un instant à l'autre; Anna serait arrêtée et accusée d'espionnage.– La Providence souhaite vous sauver, Anna. Vous allez devoir votre liberté à un concours de circonstances unique: le pilote du ballon blessé par un éclat d'obus et des dépêches militaires urgentes à acheminer.Vite, il exposa ce qu'il souhaitait faire. La tante Julia ouvrait de grands yeux étonnés. Auguste était fou, mais cette folie lui plaisait. Puis elle passa dans sa chambre, avant d'en revenir quelques instants plus tard:– Prends cet argent! Il vous sera utile.– Le seul inconvénient, remarqua Auguste, c'est que les petits se réveillent et se mettent à pleurer.La tante passa de nouveau dans sa chambre, fouilla dans son armoire, tendit enfin un petit flacon et un peu de coton à Anna.– Imbibez le coton de ce liquide et faites-leur respirer. Ne craignez rien, c'est un vieux remède polonais, inoffensif, qu'on utilisait autrefois pour les bébés qui faisaient leurs premières dents.Venez, le temps presse.La grosse malle de voyage était remisée dans une pièce qui servait de débarras. Auguste la dépoussiéra rapidement et dit à la jeune femme:– Vous allez loger là-dedans, avec les deux bébés. Rassurez-vous, vous n'y resterez pas longtemps. Dès que nous aurons décollé, je vous libérerai.– Mais je vais étouffer!– Non, il y a suffisamment d'ouvertures. Faites vite!Anna se recroquevilla, tout en ménageant un peu de place à François et Louis qu'elle serrait contre son cœur. Auguste ferma le couvercle et le verrouilla.On sonnait au portail. Après avoir donné l'ordre à une servante d'aller ouvrir, Julia partit chercher le postier qui, ayant bu un peu de vin chaud et mangé un morceau de pain, éprouvait les meilleurs dispositions à l'égard des propriétaires de la maison. Auguste lui demanda de tenir une des poignées de la malle. L'homme la trouva lourde, mais ne dit rien; le pilote connaissait après tout mieux que lui le potentiel de sa machine. Ils sortirent de la maison au moment où les gardes nationaux arrivaient.L'officier qui commandait le détachement les arrêta. Le postier montra son ordre de mission.– Le ballon doit partir dans moins d'une demi-heure! dit-il. Veuillez nous laisser passer. M. Leblanc est le pilote que nous venons de réquisitionner, après que le pilote pressenti s'est fait blesser par un éclat d'obus.Le brigadier, à la lueur de sa lanterne, examina avec attention l'ordre de mission, puis ordonna à ses hommes de s'écarter.La malle fut entreposée sur les autres caisses et la voiture postale s'ébranla vers la place Saint-Pierre toute proche. Le lieu était désert. La foule qui assistait aux premiers lancements fuyait le froid, d'autant qu'il n'y avait presque rien à voir puisque les départs se faisaient désormais toujours de nuit.Un homme emmitouflé dans un épais manteau, portant une casquette anglaise à longues oreillettes, s'entretenait avec les aides près de la nacelle que retenaient de grosses cordes. Des gardes nationaux qui protégeaient la machine cernaient la place. Le postier sortit de voiture, salua sir Hartinger et lui présenta Auguste Leblanc, fabricant de ballons et pilote émérite, à qui il reviendrait d'effectuer le vol.– Enchanté! dit l'Anglais dans un français excellent. J'ai le mal du pays, alors je pars! Fini de manger du chien, du kangourou ou du rat! Je redeviens un inconditionnel ami des animaux!Il ignorait encore, à cette heure, combien ce voyage serait déterminant dans sa vie. Il regardait distraitement les aides charger les caisses dans la nacelle et Auguste contrôler les instruments servant à mesurer l'altitude et la pression du gaz à l'intérieur du ballon.– Peur, moi? plastronna-t-il à l'adresse du postier qui avouait ne pas avoir le courage de monter dans ce grand panier suspendu dans les airs. Jamais! Un Anglais n'a jamais peur!Sitôt les caisses chargées, Auguste contrôla une dernière fois la direction du vent au drapeau planté au sommet d'un très haut mât. Il constata qu'il soufflait vers le sud-ouest.– C'est parfait! dit-il assez fort pour qu'Anna entende. Le vent est favorable, profitons-en. On y va.Il enfonça sa toque fourrée par-dessus ses oreilles et remonta le col de son épais manteau.– Vous devriez en faire autant! conseilla-t-il à sir Hartinger. Il va faire très froid là-haut.Sir Hartinger s'emmitoufla dans une épaisse couverture et prit place dans la nacelle. Auguste vérifia que la vanne du ballon était fermée:– Lâchez tout! cria-t-il.
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Affiche du document Les Soeurs Robin

Les Soeurs Robin

Yves VIOLLIER

1h13min30

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
98 pages. Temps de lecture estimé 1h13min.
Deux sœurs : Marie, quatre-vingt-un ans ; Aminthe, soixante-dix-neuf ans. Deux vieilles demoiselles qui réussissent à vivre dans une entente fragile entre le chat, le carillon et le piano de leur grande maison de famille. Mais voici leur paix menacée : pour cause de rénovation du quartier, leur maison doit être détruite. Elles refusent, elles se révoltent. Déboussolées, elles se jettent dans des folies, dont une extravagante virée à bord de leur vieille 4L, à travers les marais, qui attire sur elles l'attention de tout le pays. Et les souvenirs qui les hantent depuis leur enfance explosent, leurs amours ratées, leurs mensonges. Pourtant, elles ne perdent pas pied : si elles doivent abandonner leur maison, ce sera comme elles l'entendent... Cette histoire toute simple pourrait être dramatique. En réalité, parce que ces deux vieilles originales ont autant de caractère que d'humour, elle est à la fois émouvante et drôle. Elles sont irrésistibles, Marie et Aminthe : on les aime ; on voudrait les prendre par la main pour leur faire traverser les rues et ce qui leur reste de vie. On les accompagne pas à pas avec un sourire ravi qui vient du cœur. Aminthe ralentit. Elles approchent de la route nationale. Les voitures filent à toute allure sur la longue ligne droite. Un camion frôle en rugissant le nez de la 4L et l'ébranle. Le trafic est presque ininterrompu. Les nouveaux phares blancs à l'éclat bleu des voitures aveuglent Aminthe.– Je ne me vois pas m'engager sur cette route avec cette circulation à cette heure!Un autre camion accentue l'émotion en donnant un retentissant coup de klaxon qui déchire la nuit.– Tu veux qu'on revienne sur nos pas? propose Marie.– On peut filer en face, s'entête Aminthe, on devrait y arriver pareil.Elle profite d'un trou dans le trafic et lève soudain le pied de la pédale d'embrayage. La 4L bondit sur la grand-route, manque de caler, s'engouffre sur la voie d'en face qui n'est plus qu'un chemin entre deux haies d'arbres. Une raie d'herbe a poussé au milieu. L'angoisse étreint d'autant plus Marie qu'elle sent sa sœur inquiète.– Tu ne crois pas qu'on aurait mieux agi en faisant demi-tour?– Tu es capable de retrouver la route par où nous sommes passées? Quelle heure est-il?Marie tente de voir l'heure, tâtonne vers le plafonnier. Sa sœur y joint nerveusement sa main. La lampe ne s'allume pas.– Il ne marche pas! Elles lisent à un croisement le nom d'un bourg qu'elles ne connaissent pas: Curzon. Elles ignoraient l'existence de cette commune. Les phares éclairent le portail d'une église romane. La pierre blanche des maisons a des miroitements ocre sous la pluie. Elles ont quitté les schistes et les granits du bocage et roulent sur le calcaire. Aminthe appuie résolument sur l'accélérateur et la 4L s'enfonce dans l'inconnu des ténèbres.Saint-Benoist-sur-Mer! Marie est frappée de stupeur, ses doigts s'agitent. Aminthe grommelle. Elles ont rejoint la mer alors qu'elles étaient parties pour le bocage de Saint-Flaive! Marie, soudain, guette le surgissement de l'océan dans leurs phares, elle imagine l'enlisement de la 4L dans le sable. L'épouvante lui brouille la tête. Le souffle lui manque. Elle cherche dans son sac la poire de ventoline. Aminthe donne un brusque coup de volant dans une rue à gauche du village désert. La lumière blême des rares lampadaires éclaire la chute de la pluie que le vent tord comme un torchon.– Mais pourquoi ne t'arrêtes-tu pas?Les mains de pianiste d'Aminthe restent sur le volant. Les phares sabrent les dernières modestes maisons rentrées en terre pour résister au vent. La chaussée se réduit à une double bande de cailloux bosselée, creusée de flaques. Les branches des haies qui se rejoignent en voûte noire lâchent sur le pare-brise des giclées d'eau.Marie pousse, tout d'un coup, un cri glacé d'horreur. Là, sur la droite, elle vient de voir dans le halo des phares une bête blanche qui les regardait. Aminthe freine et s'arrête. Le mouvement des essuie-glaces se ralentit. Elles scrutent l'agitation des branches dans le noir. C'est vrai que quelque chose bouge, ou quelqu'un. Et elles voient s'allonger la tête blanche d'une charolaise aux gros yeux éblouis qui tend le mufle sous la pluie. Ses pattes sont enfouies dans le miroir d'un large fossé plein d'eau.– Je t'avais dit qu'on arrivait dans les marais! clame Marie paralysée d'effroi.L'eau affleure en effet dans les canaux de chaque côté de la route. Des touffes de joncs les frangent, entre des frênes et des saules à l'écorce jaune dont le vent ploie les rameaux souples.– Tu voyais le marais au milieu du bocage! réplique Aminthe avec mauvaise foi.– Je voyais qu'on était perdues. C'est ta faute! insiste Marie qui éclate en sanglots.– Pas plus ma faute que la tienne. Tu n'as pas été capable de m'indiquer la route! Pourquoi n'as-tu pas pris le calendrier des PTT pour avoir une carte?– C'est toi qui as voulu passer par La Ferrière!– C'est peut-être moi qui ait décidé les travaux autour de La Roche?– Qu'est-ce qu'on fait? pleure Marie.– Tu veux qu'on fasse marche arrière? Et que la 4L tombe dans le canal?La vache tend toujours sa large tête aux cornes en lyre dans la lumière. Elle paraît bonne fille, sort la langue, meugle peut-être. Aminthe démarre lentement, les mains en haut du volant, la tête collée au pare-brise. Car avec la nuit et la pluie, la chaussée et les fossés se confondent. Des lentilles recouvrent l'eau, qu'on prendrait pour de l'herbe.Le chemin tourne. Des embranchements de canaux plus larges partent des bas-côtés. La voiture cahote sur le chemin du marais pendant des kilomètres interminables. Les deux sœurs ne respirent plus. Marie serre sa poire de ventoline entre ses doigts. Enfin la voie semble s'élargir. Les frênes, les saules, s'écartent. Les phares éclairent une vaste étendue d'herbe, une haie taillée avec soin. Elles roulent toujours aussi lentement. Et dans l'ouverture d'un passage, elles croient rêver en découvrant une tour carrée à échauguettes et mâchicoulis, dressée toute seule au milieu de la prairie.– Je la connais... murmure Aminthe.Le nom lui revient en même temps que les phares éclairent le panneau :– Moricq!
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Affiche du document Les chiens sauvages

Les chiens sauvages

Michel Peyramaure

3h12min45

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
257 pages. Temps de lecture estimé 3h13min.
Les " chiens sauvages ", ce sont ceux que l'on appelait les Croquants, en Périgord. Simples paysans que la misère poussa à la révolte... L'action se joue dans une région familière à Michel Peyramaure : le Périgord blanc, entre Brantôme, Périgueux et Bergerac ; à une époque qu'il connaît bien : peu après l'assassinat d'Henri IV, sous le règne de Louis XIII. Déjà, sous le règne d'Henri IV, des soulèvements populaires avaient secoué le Périgord lorsque s'abattaient de nouveaux impôts et que devenaient plus insupportables les exactions des soldats du roi cantonnés chez l'habitant. Dans les années 1635-1641, et toujours pour les mêmes raisons, une flambée de colère jeta les " croquants " sur les châteaux, les garnisons et les villes. Pauvrement armés mais résolus, ces paysans révoltés menaient des actions de guérilla sur lesquelles les forces royales avaient peu de prise. Cependant, en 1637, après que les croquants eurent investi Bergerac, l'armée de La Valette, gouverneur de la Guyenne, les écrasa à la bataille de La Sauvetat. Regroupés sous la direction de Pierre Grellety ? l'un des héros du roman ?, mieux armés, les croquants prirent leur revanche au cœur de la forêt de Vergt : deux cents gaillards mirent en fuite les deux mille hommes du roi. De revers en demi-succès, cela pouvait durer longtemps. Richelieu décida d'en finir : par la paix, non par la guerre. Il fit venir Grellety à Paris, le nomma capitaine d'un régiment et lui confia le gouvernement d'une place forte française des Alpes, Vercelli, du côté de la vallée d'Aoste ! Et c'est ainsi que s'acheva, en 1641, la dernière révolte des croquants : intelligemment. Ces événements sont rapportés par Gratien Donnadieu, intendant du seigneur de Brantôme. Homme cultivé et avisé, Gratien, par ses fonctions mêmes, voit beaucoup de choses et de gens, d'un bord et de l'autre. Sous sa plume, c'est toute une société qui s'anime, des grands seigneurs aux simples paysans. Ainsi s'entrecroisent des destins, heureux, tragiques, toujours pittoresques ? et des histoires d'amour, bien sûr. Mieux encore : dans une pièce du château de Bourdeilles, où il loge, il découvre dans un coffre les manuscrits de Pierre de Brantôme, lui-même seigneur de Bourdeilles, oubliés là et promis à la destruction ; Pierre de Brantôme, le grand Brantôme, l'auteur des Vies des dames illustres et des Vies des dames galantes. Gratien Donnadieu plonge dans ce fatras, y met de l'ordre, place le tout en lieu sûr. C'est grâce à lui que l'œuvre de Brantôme a été sauvée. Ses " Vies " ne paraîtront qu'en 1665, alors que lui-même (Brantôme), était mort en 1614. Cet heureux événement, on le doit à Gratien Donnadieu, c'est-à-dire à Michel Peyramaure, conteur intelligent et malicieux de cette fresque périgourdine.
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Affiche du document Les affluents du ciel

Les affluents du ciel

Jean-Guy SOUMY

3h25min30

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
274 pages. Temps de lecture estimé 3h25min.
Après "La Belle Rochelaise" (Prix des Libraires 1998),Jean-Guy Soumy continue de nous étonner par la richesse de ses intrigues, par la fougue de ses personnages. Aiguemont est un immense domaine au cœur du Limousin, entre Limoges et Uzerche. Sur lequel règne ? c'est dans les années 1873-1878 ? un grand notable, Pierre Sérilhac, homme à la fois débonnaire et autoritaire. Il y a trente ans, il a épousé (coup de foudre réciproque) une très belle et très fine jeune fille noble du Béarn: Clara, qui illumine l'austère château d'Aiguemont de son charme et de son intelligence. Ils ont eu trois enfants: François, Mathilde et Arnaud. François est raisonnable (c'est à lui que reviendra le domaine), Mathilde est raisonnable et passionnée, Arnaud est déraisonnable. C'est par lui que le désordre et le malheur entrent dans la famille. Dans la région comme à Paris, il fait mille folies, s'abandonne à tous les excès ? il est poète aussi (il y a, clairement, du Rimbaud en lui). Il subjugue sa mère, sa sœur, et même son père. Jusqu'au jour où, parce qu'il en a vraiment trop fait, celui-ci le chasse; Clara, atteinte dans sa chair, s'enfuit dans la nuit: on la retrouvera morte, mordue par un aspic, tout près d'un pavillon de chasse où Pierre et elle avaient connu le bonheur. Désespéré, se tenant pour responsable de sa mort, Pierre Sérilhac s'enferme dans le pavillon isolé, près de la tombe de Clara. Il abandonne la gestion du domaine à François. Dans le même temps se construit la ligne de chemin de fer du P.O. (Paris-Orléans), qui atteint les terres d'Aiguemont. Nul ne peut s'opposer à sa progression: les intérêts en cause sont considérables. Pierre Sérilhac s'y est résigné. Mais il y a deux lieux qu'il veut voir préserver: usant de son entregent, il obtient que la Roche Sauvagnat ne soit pas coupée par une large tranchée, mais il ne peut empêcher qu'un viaduc ne frôle pas la tombe de Clara. L'ingénieur Paul Nordling, maître absolu sur le chantier, s'irrite fort des obstacles que Pierre Sérilhac dresse devant lui. Si François favorise le grand projet, Mathilde, par fidélité à son père, par orgueil, défie l'ingénieur. Et c'est ainsi que ces deux êtres de grand caractère et de passion se découvrent, et que l'amour naît entre eux ? amour tumultueux, violent. Les travaux avançant, les piles d'un pont commencent à s'élever tout près de la tombe de Clara. Et l'on met au jour les traces d'une voie romaine devenue l'un des chemins de pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle, et la route même qui menait, en Béarn, aux terres d'origine de Clara. Alors, Pierre Sérilhac, las et désespéré, part sur cette route, seul...
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Affiche du document Rendez-vous sur l'autre rive

Rendez-vous sur l'autre rive

Jean-Guy SOUMY

3h04min30

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
246 pages. Temps de lecture estimé 3h04min.
Trois personnages... et des loups. À un moment dramatique de l'histoire de France, après Waterloo, les émigrés, de retour d'exil, font régner la "Terreur blanche" sur le pays. Face à eux, se dressent dans l'ombre les "carbonari" républicains... Gabriel Beaupérus, lieutenant dans la cavalerie impériale, rentre de cinq ans de captivité en Angleterre. Dépossédé par la famille d'Orgedeuil du château acquis par son père sous la Révolution, il jure de se venger. Mais quand il rencontre Irène d'Orgedeuil, il est subjugué par la beauté et la passion de son ennemie...La belle aristocrate l'entraîne dans de grandes chasses où il apprend l'art de la vénerie, art noble face à des nobles bêtes: il ne s'agit pas de tuer le loup mais de se surpasser en une traque à l'issue toujours douteuse. Jusqu'au jour où, au terme d'une longue poursuite, il voit le grand vieux loup qui leur a échappé sortir des bois: une gamine à l'air sauvage le prend dans ses bras, lui parle et l'emmène. Dès cet instant, le destin de Gabriel bascule. Avec la fantasque et insupportable Charlotte, il découvre le monde secret et merveilleux des loups, qu'ils rejoignent chaque nuit au fond des bois. Un temps d'exaltation, d'allégresse: le sentiment de pénétrer une part du monde refusé aux autres, une entente profonde avec le monde sauvage...Oubliée la terreur ancestrale, le loup est désormais une figure majeure de l'imaginaire contemporain. Il est le héros de cette superbe aventure romanesque. Tout d'abord Gabriel ne vit rien. Il réalisa seulement que Charlotte avait lâché sa main. Et puis deux yeux apparurent dans les ténèbres. Deux yeux qui le fixaient, brillants, palpitants, deux trous d'une lumière boréale crevant la nuit. Gabriel soutint ce regard placé à hauteur de son visage dans la pente qui le surplombait, à une distance qu'il était incapable d'évaluer. D'autres yeux verts à reflets ambrés, tous différents, tous porteurs d'une attention impitoyable.- Ne reste pas debout, murmura Charlotte. Mets-toi à genoux.Le chevau-léger obéit. Mais son mouvement fut trop brusque et les yeux fondirent dans l'obscurité. Ou peut-être se confondirent-ils aux étoiles qui perçaient le ciel. Charlotte s'avança de quelques pas. Elle paraissait soudain inquiète. Faisant signe au jeune homme de demeurer immobile, elle se tourna dans la direction où s'étaient évanouis les regards. Gabriel la vit prendre sa respiration. La jeune fille poussa une longue plainte. C'était une modulation qui étreignait le cœur, le ventre, chavirait toutes les certitudes, bousculait tous les ordres. Gabriel sentit les poils de ses bras se dresser. Qu'il en avait entendu, pourtant, des plaintes de cette sorte ! Quelque part là-bas, vers l'est, sans jamais savoir de quelles poitrines un souffle si étrange pouvait monter au cœur des forêts d'Autriche, de Hongrie ou de Russie. Charlotte poussa une seconde fois cette plainte qui ressemblait davantage à un sanglot qu'à un cri. Et les yeux réapparurent.- Ne bouge pas et reste à genoux, commanda-t-elle.Elle s'avança vers les ténèbres où brasillaient les étoiles et leur fit face. Gabriel l'entendit prononcer des paroles dans une langue qu'il ne connaissait pas et qui n'avait certainement jamais existé sur terre qu'en des temps où hommes et animaux avaient encore le pouvoir de se parler. La voix se tut. Gabriel vit avec stupéfaction confluer vers lui trois, puis cinq, et enfin huit loups. Le premier, le chef de meute était une louve, puissante, le corsage roux et gris, d'une souplesse qui renvoyait à une image insaisissable, fruit d'un rêve. La louve se retourna pour vérifier que ses compagnons convergeaient en ordre vers cet homme à genoux. À trois mètres de Gabriel, les loups firent cercle. Deux louvarts en âge d'attraper leur vie, bêtes d'une trentaine de kilos, au corsage qui rappelait celui de la grande louve, montrèrent les dents. Leurs crocs brillèrent, si blancs, si grands, que la main de Gabriel se porta sur le manche du poignard anglais qui ne quittait jamais sa ceinture. Comme s'ils avaient deviné son geste, les autres loups, à l'exception de la grande louve, grondèrent. Gabriel jeta un regard dans les ténèbres, guettant le retour de Charlotte. L'idée de se relever lui traversa l'esprit avant de réaliser que la position dressée lui vaudrait à coup sûr une attaque. Alors, découvrant, comme d'habitude en des circonstances ultimes, qu'il ne restait d'autre issue que le don absolu de soi, il desserra les doigts qui tenaient le manche de sa dague anglais et avança lentement la main vers la grande louve.Les deux yeux ambrés le fixaient intensément, essayant de sonder la part de droiture qui pouvait subsister en cet homme. Gabriel soutint ce regard qui embrasait le sien. L'idée le gagna qu'il était infiniment proche du fauve, que ce loup disait une part de lui-même qu'il n'osait s'avouer, que la séparation qui les rejetait dans deux camps ennemis était ténue et terriblement injuste. Une telle grandeur brûlait au fond de ces pupilles, de cette lumière qui n'existe que chez ceux qui sont allés au-delà de la peur. La louve retroussa les babines. Ses crocs luisaient à quelques centimètres de la main. Gabriel avança encore. Un seul coup de mâchoire et il savait son poignet tranché. Dans son dos, le reste de la meute marquait les signes d'une agressivité qui montait. Les deux louvarts claquaient des dents. Un vieux loup grognait sourdement, le front baissé et les oreilles jetées en arrière. Gabriel oublia Charlotte, la forêt, cette nuit qui le trouvait à genoux aux pieds de huit loups. La louve soudain s'avança vers lui, négligeant sa main, son bras. Elle passa à côté, le bouscula d'un coup d'épaule et disparut dans les ténèbres, suivie des sept autres, au moment où Charlotte réapparaissait comme par enchantement.
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Affiche du document La classe du brevet

La classe du brevet

Michel Jeury

2h12min00

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
176 pages. Temps de lecture estimé 2h12min.
L'après-guerre, l'école publique contre l'école privée: la peinture juste et pleine de sensibilité d'un univers cher à la mémoire collective. 1948, c'est l'année du nouveau brevet : le BEPC... À Réverac-du-Périgord, le cours complémentaire libre est une institution. Mais il y a aussi une école catholique. Une quinzaine d'élèves, la plupart refoulés du cours public, y suivent, sans trop d'espoir de réussir leur brevet, un enseignement inégal. Parmi eux, Rémi Lagrange.Rémi est le fils du facteur. C'est un rêveur, il parle peu et ses résultats sont médiocres... Ça ne l'empêche pas d'être l'ami du meilleur de la classe, Tommy, un fils d'industriel. Chez les parents de Tommy, les deux inséparables passent des heures à refaire le monde, à parler de leur avenir, des filles et d'Emma Bovary... Souvent la mère de Tommy, Zoé, se mêle à leurs discussions. Elle est belle et élégante. Rémi en est tombé amoureux.Malgré cela, sur les bancs de l'école, il se laisse circonvenir par une élève fraîche, rose et bien en chair, la jolie Gilberte. Elle n'est pas son genre. Mais elle dégourdie. Et elle l'initie aux jeux amoureux...Au cours libre, le professeur de français a donné à ses élèves un sujet de rédaction qui va chambouler la vie de Rémi. Celui que tous prennent pour un gentil benêt écrit (en pensant à Zoé) un si bon devoir que le professeur décide, avant de le noter et de le lui rendre, de s'assurer que Rémi en est bien l'auteur... La copie circule de main en main et finit par attiser la curiosité du cours public, qui n'a pas de très bons élèves en rédaction. Mais le prof de français l'égare... Qui a subtilisé cette copie? "Le mystère de la rédaction" est le sujet de discussion préféré de Zoé, Tommy et Rémi. Le reste du temps, ils parlent littérature. C'est pourquoi Rémi suggère à Zoé de remplacer le prof de français qui vient de démissionner... Elle accepte. Et c'est le moment que choisit le cours public pour proposer à Rémi, à sa grande horreur, de le reprendre dans ses rangs...
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Affiche du document Angéline

Angéline

Michel Jeury

2h48min00

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
224 pages. Temps de lecture estimé 2h48min.
Sous le Second Empire, dans le Périgord, une "demoiselle de compagnie" fait l'apprentissage de la vie 1857. Angéline, fille d'un forgeron républicain, est engagée par les Gardiency, "bourgeois éclairés" et bonapartistes prudents. Élevée dans la tradition républicaine qui vénère le savoir comme arme de l'indépendance, Angéline a le goût des romans et de la réflexion, la curiosité du monde et un bon sens solidement étayé par la volonté. Cependant, rien n'est plus dépaysant que cet univers où la plonge son emploi: dans une maison confortable et d'apparence sage, elle découvre les eaux troubles des secrets de famille, des haines anciennes, des rivalités politiques et des amours.Son arrivée chez les Gardiency déclenche, bien malgré elle, des jalousies et des passions jusqu'alors enfouies dans les silences de la bienséance bourgeoise. Robert Gardiency, le maître de maison, se veut un homme "moderne". Mais ses rapports avec sa mère et son épouse ne résistent pas à l'attirance qui le pousse vers Angéline. Alors qu'il se fait de nombreux ennemis parmi les habitants du Périgord qu'il veut convaincre de son idéal de progrès et d'hygiène, c'est à l'intérieur même de sa maison que le drame se noue. Angéline, amoureuse de lui autant qu'elle ose l'être, met sa vie entière à sa disposition.Dans un roman où fourmillent les détails réalistes sur une époque agitée et les personnages secondaires forts, Michel Jeury parvient à donner toute son ampleur humaine à la vérité d'un lieu autant que d'une période où se construisait la "France moderne". Une femme dans la soixantaine apparut, assez grande, les épaules larges, un visage étroit, anguleux, la peau tendue sur ses pommettes osseuses. Elle était vêtue d'une robe noire, allongée par la taille très haute. Elle se tourna vers moi et me toisa sans aménité.? Ah, c'est vous, Angéline? Il n'y a jamais eu d'Angéline ici. Mais il faut un commencement à tout!Sans doute, la douairière de Vaillac, cette Mme Henriette qui, selon marraine Clo, menait son monde au doigt et à l'œil et me ferait la vie dure. Je répondis sèchement que je m'appelais bien Angéline et que je ne comptais pas changer de prénom. Elle pinça un peu plus sa bouche serrée, puis releva sa lèvre supérieure en une moue de mépris.? Ça vaut la peine d'avoir des oreilles à la tête pour entendre une jeune fille pauvre parler sur ce ton!Je sentis le rouge de la honte et de la colère me brûler les joues. À mon tour, je pinçai les lèvres, retins la réplique que j'avais sur le bout de la langue. Elle frotta son nez pointu d'un long index, qui n'était qu'un os enveloppé de peau sèche. Puis elle secoua une bourse où tintèrent l'or et l'argent. Elle en sortit une pièce de dix sous, regarda la face de Napoléon comme si elle allait la baiser, en retenant un soupir, la tendit au valet qui avait porté ma malle.? Voilà pour toi, Félix. Tu peux t'en aller, maintenant. Cette jeune personne n'est pas une vraie demoiselle. C'est une paysanne un peu dégrossie qui se croit instruite. Elle est sûrement assez forte pour monter son bagage toute seule!Marraine Clo m'avait prévenue. "Tu boiras les affronts doux comme lait et tu feras mine d'avoir avalé ta langue!" Je regardai Mme Henriette en face.? Je ne me crois pas instruite, dis-je. Mais il est vrai que je suis une paysanne. Oui, je peux monter mon bagage toute seule!Mme Henriette se dérida un peu et je crus presque, une seconde, qu'elle allait sourire.? Nous verrons bien ce que vous êtes. Quant à moi, vous savez sans doute que je suis Mme Joseph. Mais on m'appelle familièrement Mme Henriette. Vous me direz "madame" tout court. Pour ce qui touche la maison et les gens, la nourriture, les vêtements, c'est moi qui tiens le timon et je veux tout à mon mot. Il en ira de même pour votre vie avec nous, vos obligations et toutes vos affaires. Ce midi, vous vous reposerez dans votre chambre, car vous devez être fatiguée. Marie-Petite vous apportera un bol de soupe et vous ne perdrez pas de temps pour vous installer. Emmanuel va vous conduire à la chambre verte, que je vous ai donnée.Elle joignit les mains devant sa maigre poitrine, on eût dit qu'elle serrait sa bourse sur son cœur. Puis elle me lorgna d'un air de pitié et de dégoût qui faillit me lever le cœur.? De toute façon, vous ne resterez pas longtemps dans cette maison, je vous le promets.J'ouvris la bouche pour répondre. Elle m'imposa silence d'un regard impérieux.? Enfin, vous ne suez pas de la figure. Et vos mains...Je plaquai mes paumes contre ma robe; elles étaient sèches et j'aurais pu les montrer, mais je refusai cette humiliation. Mme Henriette me tourna le dos d'un air de souveraine outragée, puis elle s'éloigna vers le fond du couloir, à gauche du vestibule, à petits pas, en balayant les carreaux avec la queue de sa robe.
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Affiche du document L'oeuvre vive

L'oeuvre vive

Jean-Guy SOUMY

2h00min00

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
160 pages. Temps de lecture estimé 2h00min.
Un petit village de la Creuse est bouleversé par l'arrivée d'un artiste de land art mondialement connu. Que vient faire cet Américain dans ce village d'une Creuse échouée sur les rives du présent ? Cet étranger arpente le pays et parsème les lieux de trucs à sa manière : quatre femmes de lierre et de feuilles faisant l'amour aux arbres dans les bois, une croix lumineuse sur l'étang, une ligne droite dans les champs... Ben Forester, qui s'appelait autrefois Benjamin Forestier et vivait au pays, est venu redessiner à sa manière le paysage de son enfance. Son projet artistique va bouleverser la vie des villageois...En s'appropriant leur espace, en détruisant l'immobilité de leur existence, Ben oblige les habitants à se remettre en question. Mais tous ne sont pas prêts à accepter l'éphémère, à se décomposer pour se recréer, à se dépouiller pour s'enrichir. Il suffit pourtant d'un rien pour que tout bascule. Bouleversée par ces étranges constructions, Elma apprend à revenir à la vie après la mort de son enfant. Estelle, la jeune institutrice, défie les bonnes mœurs pour plonger dans l'amour. Barthélemy, lui, choisit le passé contre le présent, jusqu'à la mort.Cette ?uvre vive impose avec maestria les délicatesses d'un écrivain aimanté par la terre de ses ancêtres et les exigences inventives du roman contemporain. On en sort ébloui et intrigué.
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Affiche du document La charrette au clair de lune

La charrette au clair de lune

Michel Jeury

2h07min30

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
170 pages. Temps de lecture estimé 2h07min.
" Comme tous les ans, à la Saint-Michel, il faut prendre ses sabots et sa misère et les porter plus loin, et comme maman a honte de montrer son ménage sens dessus dessous, on profite du clair de lune pour emporter incognito le gros du chargement dans la charrette. " Les Taradel changent de métairie, une fois de plus. Ils vont passer l'année 1929 à Saint-Pierre-d'Agnac, Lot-et-Garonne. Cette année nous allons la passer avec eux. Avec Suzie, treize ans, qui veut percer son secret de famille, le secret du mariage de ses parents ; avec Pierrot, dix ans, et ses bonheurs d'enfance : la nature et les animaux ; avec Victor, le père au caractère tumultueux, qui s'accommode assez gaiement de son existence car il se croit toujours sur le point de trouver le havre de paix où il coulera des jours tranquilles. Avec Marie, enfin, la mère, qui rêve de devenir propriétaire en prenant à rente les terres de sa marraine...Les travaux de la terre, le soin des animaux permettent tout juste de survivre et rythment les saisons et les jours. Après une lune de miel avec le " proprio ", les conflits surgissent, comme toujours avec Victor. Les deux vieilles vaches des Taradel en sont le prétexte. Victor ne veut pas céder. Il ne cède pas non plus à Marie et refuse de devenir propriétaire. Il a ses raisons, que Suzie découvre peu à peu, en poursuivant son enquête. Victor est de nouveau " foutu dehors ". Il va se mettre en quête d'une nouvelle métairie, alors que Marie, pour le brusquer, s'installe chez sa marraine. Les deux enfants voient leurs parents s'affronter par la force et par la ruse. Lequel fera plier l'autre ? Le dénouement aura lieu en même temps que Suzie découvrira la vérité sur le secret de sa mère.
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Affiche du document Le dernier certif

Le dernier certif

Michel Jeury

2h13min30

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
178 pages. Temps de lecture estimé 2h13min.
En cette année 1962, la guerre d'Algérie s'achève dans les pleurs. De Gaulle réclame une élection présidentielle au scrutin universel et un monde nouveau s'ouvre où le certif ne peut survivre... À cinquante ans, l'institutrice Emma Béranger retrouve le village de Saint-André, lieu de souvenirs familiaux douloureux, et s'apprête à inaugurer une nouvelle année scolaire. Belle femme sensuelle et lucide, elle essaie d'affronter son âge et son veuvage avec sérénité mais voit le temps des possibles filer entre ses doigts... Même son métier est là pour le lui rappeler : cette année sera la dernière du certificat d'études. Un examen si précieux autrefois et si dévalorisé désormais qu'elle n'y présentera qu'une seule élève. Autre signe des changements qui s'opèrent en ces débuts d'années 1960, Paul Chabert, un " pied noir " riche et mystérieux, s'installe à Saint-André, bouleversant le village de par son passé et ses différences. Dès leur première rencontre, Emma pressent qu'avec ce bel homme tourmenté, elle pourrait bien réapprendre à aimer. Chez Michel Jeury, c'est toujours l'entrelacs étroit du réel historique, des désirs et des destins qui nourrit la verve romanesque d'une tendresse et d'un charme si particuliers. Comme dans les deux épisodes précédents, nous retrouvons cette justesse affectueuse et ironique avec laquelle il entraîne ses personnages dans un drame que seules leur rigueur et leur bonté permettent de surmonter. La Suzon Granier précéda Paul Chabert dans le couloir. Une épaisse bouffée d'obscurité entra derrière le visiteur. Le temps était couvert. À cinq heures de l'après-midi, la nuit tombait déjà. Paul Chabert serrait dans sa forte poigne un bouquet opulent, roses et œillets mêlés, de toutes les couleurs. On lisait sans entraves les pensées de la Suzon sur sa longue figure : " Crénom, que ça doit coûter bonbon, à cette époque de l'année, un bouquet comme ça ! Ah non, ça ne se fait pas chez nous, qu'un parent d'élève apporte des fleurs à la dame... " Et puis, après réflexion, son regard se radoucit : " Bah, on vous excuse puisque vous n'êtes pas du pays. C'est sans doute des coutumes d'Algérie. " Chabert esquissa une inclination du front : Mes hommages, Madame. Emma prit le bouquet. Elle fut sur le point de s'en débarrasser dans les bras de la Suzon. " Mes hommages, non, il se fiche de moi ! " Elle choisit de bouder son plaisir. Elle aurait apprécié une entrée plus discrète. Toute la commune saurait bientôt que le pied-noir avait offert une gerbe de roses à la maîtresse d'école. Elle ne pourrait plus passer la moindre peccadille à ses enfants, sous peine d'entendre les parents crier d'une seule voix à l'injustice et au favoritisme. Croyait-il éblouir par sa richesse la pauvre institutrice de campagne, plus très jeune ? Et dans quel but secret ? Bonjour, monsieur. Elle appuya sur "monsieur' aussi fort qu'elle put sans dépasser les bornes de la politesse. Mais pourquoi toutes ces fleurs ? Il répondit sur un ton gêné, maniant le bouquet avec une gaucherie presque comique. - Je les ai achetées à Marseille, à un jeune homme de mon pays, qui vient de s'installer sur le port, dans une cahute. À Oran, il avait un magasin deux fois grand comme votre salle de classe... enfin, je veux dire deux fois plus grand ! Emma rit de son embarras. La Suzon esquissa une sorte de révérence, avant de filer vers la porte à petits pas, en dandinant son maigre derrière. La Suzon, une révérence, on aura tout vu ! Paul Chabert resta figé et silencieux au milieu du couloir. Emma s'intima l'ordre d'être loyale avec lui. " Ce n'est pas parce qu'il est le premier homme depuis quinze ans à t'offrir des fleurs que tu vas lui faire la tête ! " Elle tendit enfin les mains pour prendre le bouquet. Elle le posa sur la commode du couloir, elle n'avait pas de vase en service, les dernières fleurs des champs étaient mortes et desséchées depuis longtemps. La vérité c'était que l'homme était beau, les fleurs étaient belles, l'attention était belle aussi et, comme une vieille gamine, elle avait envie de pleurer. Elle lui prit sa canadienne fourrée pour l'accrocher au portemanteau du couloir, mais ses mains tremblaient, elle lâcha le vêtement et le rattrapa de justesse. Blouson en daim, chemise de velours beige, assortie, il était toujours vêtu chic et cher. Cravate à rayures, bien nouée, pantalon rouille au pli impeccable, qui tombait exactement sur ses souliers en box noir, sans une tache de boue. Elle lui en voulait aussi de sa tenue. Elle s'en voulait à elle-même de n'avoir plus trente ans. Mais il ne devait pas s'en apercevoir. Jamais.
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