Catalogue - page 9264

Affiche du document L'oeuvre vive

L'oeuvre vive

Jean-Guy SOUMY

2h00min00

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
160 pages. Temps de lecture estimé 2h00min.
Un petit village de la Creuse est bouleversé par l'arrivée d'un artiste de land art mondialement connu. Que vient faire cet Américain dans ce village d'une Creuse échouée sur les rives du présent ? Cet étranger arpente le pays et parsème les lieux de trucs à sa manière : quatre femmes de lierre et de feuilles faisant l'amour aux arbres dans les bois, une croix lumineuse sur l'étang, une ligne droite dans les champs... Ben Forester, qui s'appelait autrefois Benjamin Forestier et vivait au pays, est venu redessiner à sa manière le paysage de son enfance. Son projet artistique va bouleverser la vie des villageois...En s'appropriant leur espace, en détruisant l'immobilité de leur existence, Ben oblige les habitants à se remettre en question. Mais tous ne sont pas prêts à accepter l'éphémère, à se décomposer pour se recréer, à se dépouiller pour s'enrichir. Il suffit pourtant d'un rien pour que tout bascule. Bouleversée par ces étranges constructions, Elma apprend à revenir à la vie après la mort de son enfant. Estelle, la jeune institutrice, défie les bonnes mœurs pour plonger dans l'amour. Barthélemy, lui, choisit le passé contre le présent, jusqu'à la mort.Cette ?uvre vive impose avec maestria les délicatesses d'un écrivain aimanté par la terre de ses ancêtres et les exigences inventives du roman contemporain. On en sort ébloui et intrigué.
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Affiche du document Les sales bêtes

Les sales bêtes

Jacques André BERTRAND

40min30

  • Romans et nouvelles
  • Livre epub
  • Livre lcp
54 pages. Temps de lecture estimé 40min.
En suivant pas à pas les savoureux itinéraires, drolatiques et érudits, où vous entraîne Jacques A. Bertrand, vous vous prendrez d'affection pour l'araignée, le pou et le moustique, vous adorerez la chouette, la hyène et le crocodile, vous chercherez la compagnie de l'ours et du serpent, vous caresserez (peut-être) la blatte et le rat. Mais, au final, vous ne manquerez pas de partager l'opinion définitive de l'auteur : la pire des sales bêtes, c'est l'homme ! Depuis J'aime pas les autres, qui lui a valu le prix Georges-Brassens, Jacques A. Bertrand voit son talent enfin reconnu à sa juste mesure ! Auteur pudique et discret, il a su conquérir ses fidèles qui voient en lui un écrivain-culte à la croisée d'Alphonse Allais et de Pierre Desproges. Une fois encore, il se livre à un de ces exercices de haute virtuosité qui lui vaudra, sans aucun doute, l'admiration éperdue d'un nombre de plus en plus important de lecteurs. LA HYÈNE Beaucoup de gens qui ne souffriraient pas que l'on dise du mal de leur chat tiennent la hyène pour une sale bête. La hyène n'est pas plus sale bête qu'une autre. C'est un animal très amusant. En captivité, elle finit par s'habituer, comme tout le monde, et elle meurt de mort naturelle - c'est-à-dire d'ennui, de lassitude et de désespoir, aggravé d'un mauvais rhume. La hyène n'a qu'un seul défaut : elle ricane sans arrêt. Pourtant, elle n'est pas plus sceptique que le tigre, par exemple, ou que le rhinocéros. Elle ricane nerveusement.La hyène se situe dans l'embranchement des vertébrés, dans la classe des mammifères, dans l'ordre des carnivores et, dans le jeu des sept familles, elle représente les hyénidés. Il existe trois sortes de hyènes: la tachetée, la brune et la rayée. Elles portent, dans les ouvrages spécialisés, des noms divertissants : par exemple, la hyène tachetée s'appelle Crocuta crocuta. La hyène a les pattes postérieures plus courtes que les antérieures, ce qui lui donne un air de chien assis et la rend ridicule quand elle court. De loin, on dirait une panthère mal dessinée. La hyène est un animal très humain. Elle est impatiente. Elle court dans tous les sens. Elle attend qu'on lui jette un os. Elle a les oreilles de Gainsbourg. Ou de Gaston Lagaffe. C'est un mammifère comme nous.Il est vrai qu'elle pue le chien mouillé. Et même pire. Parce qu'elle fouille dans les poubelles. Mais la hyène est attendrissante. Elle a toujours faim. On lui a fait une réputation de charognarde. En réalité, elle préfère manger frais. Sans colorants, ni conservateurs, ni vermine. Seulement, elle vit dans des pays où les voies de développement sont mal indiquées. Elle n'a pas encore bien compris le principe de la démocratie et de l'agriculture biologique. Elle mange ce qu'elle trouve. Elle croque facilement un fémur d'éléphant, abandonné par les trafiquants d'ivoire. Elle fait le ménage. Sans elle, la savane, la brousse et les zones semi-désertiques seraient jonchées de fémurs d'éléphant. Si Francis Jammes (l'auteur de " Prière pour aller au paradis avec les ânes ") avait connu la hyène, il aurait sûrement voulu aller au paradis avec elle. En effet, la hyène n'est pas carnivore par méchanceté, mais parce qu'elle a des dents pointues. Si elle avait eu des dents carrées, comme l'âne, elle aurait été herbivore. Mais alors, elle n'aurait pas pu vivre dans les zones semi-désertiques. Tout se tient.Les explorateurs détestent la hyène. Ils préfèrent être réveillés la nuit par un lion, parce que ça fait plus noble. Le lion ne ricane pas, il rugit : il n'a pas l'air de se moquer des explorateurs. (L'explorateur est un mammifère, comme nous.) Or la hyène ne se moque de personne. Elle rigole pour se donner une contenance, comme tout le monde. Pline l'Ancien, le naturaliste antique, rapporte " maintes merveilles " à son sujet et autant de ragots. En apercevant son ombre, les chiens cesseraient d'aboyer. Capable d'imiter la voix humaine, elle appellerait le berger par son nom pour l'inciter à sortir de la bergerie. On prétendait aussi qu'elle pouvait changer de sexe à volonté. Cette capacité lui aurait permis de pouvoir s'accoupler plus facilement dans les zones semi-désertiques avant l'invention des agences matrimoniales. Mais on raconte tellement de choses... Peu d'hommes choisissent la hyène comme totem. Cependant beaucoup lui ressemblent. Ils ont du mal à se hisser sur les tabourets de bar d'où ils vont vitupérer l'époque, en ricanant, en buvant des demis et en grignotant des cacahuètes. Le monde n'est qu'une grande chaîne alimentaire. Il faut protéger la hyène en tant qu'animal utile. Tout en ricanant, elle tient l'Afrique propre. Cependant, tout doit disparaître, comme le prétendent les boutiquiers à la fin des soldes. Un jour, il n'y aura plus de hyènes. La chaîne alimentaire perdra un nouveau maillon. Peut-être même qu'un jour il n'y aura plus d'Africains. On aura l'air malin avec nos planisphères en couleurs. LE CROCODILE La légende veut que le crocodile pleure quand il vient de manger un homme. Et qu'il s'agisse de larmes d'hypocrisie. On ne voit pas pourquoi. Il regrette peut-être sincèrement. Surtout de ne pas l'avoir épluché avant de l'avaler. Les chaussures à clous de certains explorateurs et les appareils photonumériques des touristes ne sont pas forcément faciles à digérer.Selon une autre idée reçue, le crocodile bâillerait d'ennui. La vie lui paraîtrait sans intérêt. Pas du tout. Les savants ? qui l'ont baptisé crocodylus et l'ont si bien classé dans l'ordre des crocodiliens et dans la famille des crocodilidés ? l'ont amplement prouvé par la méthode des températures : si le crocodile demeure si souvent la gueule ouverte, c'est pour rafraîchir son estomac. Le crocodile est ovipare. Il pond délicatement dans le sable chaud, puis il transporte encore plus délicatement les petits crocodiles nouveau-nés entre ses énormes mâchoires. Il les dépose, toujours délicatement, dans l'eau. Il verse une larme. Parce que seulement dix pour cent d'entre eux survivront. Ce monde, et particulièrement celui de la statistique, est infiniment cruel.Le crocodile est un animal très humain. Tennessee Williams se comparait à " un vieux crocodile " (Mémoires d'). Le plus souvent, l'homme adore le crocodile comme il adore le comte Dracula et la fiancée de Frankenstein. Au cinéma. Ou, à la rigueur, dans les fermes de crocodiles. Le crocodile a horreur de cette vieille blague idiote sur la différence entre crocodile et alligator (" C'est caïman la même chose "). Il déteste également la petite fantaisie de Jean Cocteau : " Odile rêve au bord du Nil / Lorsqu'un crocodile surgit... / Le crocodile croque Odile ", dans laquelle le poète prétend de surcroît que Caï ment et qu'Alligue a tort...L'ancêtre commun aux crocodiles, alligator, caïman et gavial ? leur Hugues Capet à eux, en quelque sorte ? est le sarcosuchus imperator dont les os sont très appréciés des paléontologues. Et dont les reconstitutions sommaires font les belles soirées des amateurs de films d'horreur (homo sapiens horribilis). De la taille d'un lézard à ses débuts, le crocodile se nourrit d'escargots et de grenouilles. Au bout de six ans, il mesure deux mètres. Quatre à cinq au bout de quinze ans. Dans la fleur de l'âge, il pèse alors sa demi-tonne et parfois sa tonne entière, il se met au régime mammifères. Le gnou est un de ses mets les plus prisés. Capable de se propulser hors de l'eau à la vitesse d'un claquement de dents, il peut courir à dix-sept kilomètres à l'heure pendant un certain temps, heureusement limité. Pourtant il est court sur pattes et sa queue, qui lui permet de nager si gracieusement " à la godille ", est sur terre un sac à dos un peu encombrant. D'ailleurs, il préfère de loin rester tranquillement à l'affût. Le crocodile est frugal. Il se contente d'une cinquantaine de repas par an. Il finit centenaire, comme Jeanne Caïman. (Cette plaisanterie sans gravité ne manquerait pas de lui déplaire.)Quand il ne finit pas lamentablement sous forme de chaussures, de ceinture ou de sac de luxe. On connaît la mémoire d'éléphant, on méconnaît la patience de crocodile. Il lui arrive de jeûner pendant deux ans. Il se tient immobile, les mâchoires entrouvertes, en attendant qu'un troupeau de gnous décide de traverser la rivière juste à l'endroit où il se trouve. Au bout d'un an il est couvert de mousse. N'importe quel homme, à sa place, ne pourrait s'empêcher d'allumer une cigarette.On peut approcher sans péril le crocodile après s'être assuré qu'il vient de déjeuner. C'est ce qu'avait négligé de faire le docteur Chang, le vétérinaire du zoo de Taïwan. La consultation lui a coûté un bras. Comme ses dents se renouvellent régulièrement, le crocodile du Nil (crocodylus nilotica) n'a pas de frais de dentiste. D'autant moins qu'il use du pluvian ? un petit oiseau d'Égypte qui lui nettoie les gencives tout en se restaurant ? comme d'une brosse à dents. Ce fait était déjà attesté par Pline l'Ancien. Pendant longtemps, le crocodile s'est appelé cocodrille. (Corcodillus, kokodrillos, cocodrillo...) Ce n'est pas lui qui est dyslexique, c'est l'homme ? joyeux drille et drôl' de coco, qui se promène en espadrilles, porte une ceinture en croco, et laisse, dans ses codicilles, plus de dett's que d'éconocrocs...
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Affiche du document Les gens heureux ont une histoire

Les gens heureux ont une histoire

Michel Jeury

2h00min00

  • Romans et nouvelles
  • Livre epub
  • Livre lcp
160 pages. Temps de lecture estimé 2h00min.
Fanny-Fa a vingt ans et se pose mille questions : Quel est le mystère du bonheur ? Pourquoi la beauté du monde se paie-t-elle au prix fort de la douleur ? Comment invente-t-on l'amour ? Comment survit-on aux déchirures et aux désastres ? Que cachent les silences de ses parents ?... Qui, mieux que son grand-père, Jean Romain, peut lui répondre ? Parce qu'il l'aime et qu'elle l'aime, parce que, tout vieil homme qu'il soit, il est encore dans la course au bonheur, il ouvrira en grand le roman de leur famille. Agençant dans une structure subtile une série d'intrigues et le récit à la première personne d'un narrateur à la distance humoristique, jouant avec brio des époques et des personnages, Les gens heureux... est le roman le plus ambitieux de Michel Jeury. Son sens du comique nous plonge, avec une vérité pleine de tendresse, dans ces moments où nos absurdes travers savent si bien côtoyer le drame.De la simplicité des apparences, de l'humour narquois, montent avec force les questionnements et les choix essentiels de l'existence qui nous conduisent tout autant au pays des gens heureux qu'aux douleurs les plus vives. L'éternelle quête de bonheur qui soude et déchire les familles est aussi celle d'un grand théâtre tragicomique. Vision moderne de nos déchirements, réflexion sur l'amour, le don et la souffrance, Les gens heureux est aussi un roman de la maturité, une réflexion sur les espérances de la jeunesse et les trahisons des adultes. ? Grand-père, tu pourrais m'expliquer pourquoi le monde est un coupe-gorge ?La question de tes quatorze ans. Tu aimais ce mot : coupe-gorge. Tu me l'as jeté à la figure et à la face de Dieu en même temps. La question était belle et cruelle.Non, je ne pouvais. Je l'ai avoué.? Honnêtement, je crois que personne ne le peut.Tu m'as scruté d'un regard féroce. Je le méritais sans doute. Que les hommes se conduisent à la moindre occasion comme des tigres, des serpents, des requins ou des crocodiles, c'est leur faute, c'est leur honte. Mais la mort de l'agneau dans la gueule du loup, des poissons dans l'estomac de la baleine (ça ne doit pas être gai de bouillir dans les sucs digestifs...), de presque toutes les créatures sous la dent des autres, c'est la loi de la nature. Dura lex, sed lex. Tu aurais bâti le monde autrement, si on t'avait chargée de cette tâche ? Oui. En tout cas, tu auras essayé. Pour commencer, pas de carnivores. Et vlan !Nous, les vieux, le cul sur le mol coussin du hasard et de la nécessité, nous nous arrangeons poliment avec l'ordre sanguinaire du sixième jour. Nous clamons contre des bricoles, mais nous baissons le front ? ou notre froc ? devant le loi de la souffrance et de la mort. Au lieu, par exemple, de nous faire sauter la caisse pour donner une bonne leçon à Dieu ou à l'univers... Ô petite fille, ma petite-fille, comme tu as raison !Tu as insisté, sur ce ton farouche, que tu savais prendre les premières années de ton adolescence :? Comment peut-on vivre dans un coupe-gorge ?Imparable logique. Le feu de tes quatorze ans consumait en un éclair tout quidam qui tentait de plaider pour un accommodement avec le Ciel. Je sentais à quelques pas la brûlure de ta révolte sur mon visage et mes bras nus. Comment peut-on... ? Je n'en sais rien. Faut-il pratiquer la philosophie orientale ou lire les Grecs ? Platon, Plotin et Cie ? Faut-il devenir végétarien ? J'ai essayé, mais le jambon me manquait et le pied de veau plus encore.Sous les rayons de ton regard, bleu comme une étoile chaude, je me change en air et en eau. Je ne vais pas me défendre. Je sais que je suis impardonnable. Argumenter n'aurait servi qu'à réveiller le volcan qui couvait sous ta brune chevelure. ? Et prétendre qu'on est heureux, en plus !? Oui, tu as raison. C'est fou !? Oh, c'est pire. C'est...J'ai attendu le mot que tu ne trouvais pas. Les larmes ont coulé sur tes joues comme des gouttes de rosée sur une pomme, les derniers jours de l'été. J'ai feint de ne pas les voir. Me forçant à une immobilité de tronc mort, j'ai goûté la lumière, le silence, la trompeuse paix des champs.
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Affiche du document L'Agence

L'Agence

Lorraine Fouchet

4h01min30

  • Romans et nouvelles
  • Livre epub
  • Livre lcp
322 pages. Temps de lecture estimé 4h01min.
Qui n'a pas eu un jour la tentation de changer de vie ? Combien ont osé franchir le pas ? Quand tout va de travers à Paris, Juliette retourne dans ce Gers où, enfant, elle passait de si merveilleuses vacances. Pétillante et dynamique, elle y crée Changer Tout, une agence originale qui permettra à ceux qui le souhaitent - comme elle - de relancer les dés, de tout changer, de s'acheter une nouvelle existence clés en main. Une autre vie commence alors, avec des amis confiants, des voisins méfiants, des Gascons pleins d'humour, et surtout les clients de l'Agence, cocasses, touchants, surprenants : chacun va apporter à l'aventure sa part de mystère et de rêve... Et apprendre à Juliette qu'il est toujours possible d'oser le bonheur. Vendredi, jour de marché, Juliette et Sarah montèrent de nouveau à la ville. Dans un petit pays, on se repère vite. Juliette reconnut plusieurs mamans et salua Pascal Castera. Le boucher aux moustaches en guidon de vélo se souvenait qu'il y avait trois carnivores chez la Parisienne.? J'ai des tournedos extra, aujourd'hui. Et j'ai gardé un os de genou pour votre chien, annonça-t-il en tendant un paquet à Sarah. Juliette acheta trois tournedos, rangea la viande au fond de son cabas, sourit à la marchande de bonbons.? Pour votre mignon petit garçon blond, tenta la fille aux cheveux verts en lui tendant une friandise.Amusée, Juliette secoua la tête.? Mon fils est diabétique. Désolée.La tignasse verte se tourna aussitôt vers une autre cliente. Juliette et Sarah continuèrent leurs emplettes puis remontèrent la rue Nationale. Sarah lui présenta ses amis: Fabienne, qui tenait l'épicerie fine; le libraire Au bonheur des pages, qui ressemblait à un acteur; Toko, qui tenait le magasin de décoration du même nom; M. Pabon, le pâtissier dont les gâteaux étaient sublimes; Damien, le photographe; Gérard, le caviste torréfacteur; Fabienne et son Lhassa Apso Thyphon; Anne, qui tenait le Bar du coin.? On prend un pot? suggéra Juliette.Elles s'assirent en terrasse, commandèrent deux verres de floc de Gascogne à base de moût de raisin et d'armagnac. Le boucher passa devant elles, la moustache réjouie.? On bronze, mesdames? ? Je me sens inutile, avoua Juliette à Sarah. J'ai commencé à écrire des piges à dix-neuf ans et je n'ai jamais arrêté de travailler depuis. C'est la première fois qu'on ne m'attend nulle part. En fait, je m'ennuie.? Tu voudrais t'occuper à quoi?? C'est ça le problème: aucune idée!Elles passèrent en revue les possibilités. Le journal local n'avait besoin de personne. Tenir un gîte rural ne tentait guère Juliette. Elle aurait été incapable d'ouvrir un restaurant ou de gaver des oies. ? Tout ce que je sais faire, c'est diriger une rédaction, écrire des articles, acheter une vieille maison, la décorer, inscrire ma sœur et mon fils à l'école et m'intégrer. Personne ne me paiera pour ça! conclut-elle en riant.Sarah acquiesça et enchaîna.? Moi, tout ce que je sais faire, c'est déménager d'un pays à l'autre, m'adapter, aider John à créer un jardin, rencontrer de nouveaux amis et élever mon chien. Ça me fait une belle jambe. C'est pas un métier de changer de vie!Juliette fronça les sourcils.? Qu'est-ce que tu as dit, là?? Que ce n'était pas un métier de changer de vie. Et alors?Juliette leva la main. Elle repensait aux compagnons de voyage de ses allers et retours en train au mois de juillet. Tous rêvaient de quitter Paris mais c'était compliqué, ils ne savaient par où commencer. ? Tu viens de me donner une idée géniale, Sarah. Son projet, d'abord flou, devint précis dans sa tête. Le plus extraordinaire, c'est que personne n'y avait pensé avant elle!Juliette expliqua son idée à Sarah. Elle voulait tout simplement aider les gens qui le souhaitaient à changer radicalement de vie. Il existait déjà des sociétés qui s'occupaient de ce type de problèmes quand une entreprise délocalisait ses cadres, mais rien ne s'était jamais fait pour les particuliers. Le créneau était vierge. Le projet ne nécessitait pas d'investissement lourd.? J'organiserai leur installation dans la région. Je leur trouverai une maison, du travail, des amis, des repères. Je leur permettrai d'aller au bout de leur rêve et ils me paieront pour ça! Sarah, malicieuse, désigna la Cordonnerie-clés minute avec bail à céder, un peu plus loin. ? Tu veux leur vendre une nouvelle existence clés en main pour qu'ils repartent du bon pied? ? Exactement.Sarah, pourtant sceptique de nature, jugea le projet excellent. Enthousiaste, Juliette sortit du papier et un crayon puis commença à prendre des notes. Elles s'enflammèrent, échafaudèrent toute une stratégie. Comment faire payer leurs futurs clients, à la prestation ou au forfait? Quel chiffre d'affaires viser?? Y a quand même un truc qui cloche, dit Sarah. Tu vas vite être dépassée. ? Je ne vois pas pourquoi tu dis ça?? Tu ne devines pas? J'essaie de te convaincre qu'il faut être deux pour que cela fonctionne. Juliette sourit. Ce qui n'était qu'un plan amusant devenait sérieux.? Ce sera quoi? Une entreprise? Un magasin?? Une agence, plutôt, suggéra Juliette.? Va pour l'agence. On l'appellera comment?Juliette hésita.? Déménager tranquille? Vivre heureux?? Trop à l'eau de rose. La crise de la quarantaine?? Trop restrictif: les clients de tous les âges seront les bienvenus, on peut aussi rebondir après cinquante ans.? L'agence de la Seconde chance?? Trop négatif, ça implique qu'on a raté la première.Elles se turent, absorbées par leur recherche. Ce qui les empêcha de voir arriver John, flanqué de Buckingham. Il se planta soudain devant elles, un arbre de Judée dans les bras.? Hello, ladies!? Tu tombes bien, s'écria Sarah. Qu'avons-nous fait en quittant l'Angleterre? John la regarda bizarrement.? On a changé de vie, dit-il. ? Pas mal. L'agence Changer de vie? Changer la vie? Changer sa vie?Juliette hocha la tête.? On y est presque. Je voudrais un nom encore plus efficace, un truc qui claque.? Tout changer? Juliette plissa les yeux, se rongea l'ongle de l'index droit, proposa :? Changer tout?Sarah frappa du poing sur la table, faisant valser les tasses heureusement vides.? "Changer tout!", avec un point d'exclamation à la fin.Excellent. Les cadets de Gascogne, pauvres, fiers, nobles et fines gueules, se sont taillé une réputation à coup d'orgueil et de panache avant de devenir les mousquetaires du roi. Nous serons les cadettes de Gascogne de l'agence "Changer tout!", s'écria Juliette, radieuse.
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Affiche du document J'aurai de l'or

J'aurai de l'or

Olivier Weber

1h33min00

  • Roman historique
  • Livre epub
  • Livre lcp
124 pages. Temps de lecture estimé 1h33min.
C'est une nouvelle ruée vers l'or qui se déroule en Amazonie, entre le Brésil, le Surinam et la Guyane française. Cette folie éternelle a attiré aventuriers et trafiquants, qui ont transformé ces villages clandestins en un état de non-droit où l'on compte une poignée de gendarmes. D'ailleurs, ici, tout se paie en or, même une canette de bière. Trafic d'or mais aussi trafic d'armes, trafic de drogue, trafic de femmes. Règlements de comptes, séquestrations, meurtres. La ruée vers le métal précieux a dégénéré autour de Maripasoula ? deux mille habitants ?, qui est le centre de cet eldorado tenu par des caïds et des mafieux. Les hommes ne se déplacent pas sans fusil et règnent par bandes sur les orpailleurs, des Brésiliens, des Indiens, des Noirs marrons, descendants d'esclaves libérés, et des prostituées. Premières victimes de cette fièvre : les Indiens de la forêt ; ils sont sept mille et vivent de la pèche. Un désastre écologique est le résultat de cet orpaillage sauvage. Car, pour agglomérer les particules d'or, il faut du mercure. Celui-ci est acheminé vers la forêt, utilisé puis rejeté dans les cours d'eau à raison d'environ vingt tonnes par an. Le mercure se retrouve le long de la chaîne alimentaire jusqu'à l'homme. Il provoque chez les Indiens des malformations congénitales, des séquelles neurologiques et des cancers. Le taux de suicide et l'alcoolisme ont grimpé en flèche. Autre conséquence directe : la déforestation, qu'on estime à vingt mille kilomètres carrés par an. Après un an d'enquête, l'auteur a passé quatre mois sur place pour finir son livre et tourner un film, La fièvre de l'or, qui sera projeté en salle en octobre 2008, puis sur Canal + et France 2 dans les mois suivants. Il dessine des portraits, décrit la vie sur les pirogues et dans la boue, raconte les aventures d'hommes et de femmes dans ce trou du monde où chacun se damne pour quelques pépites. Mieux que des grandes phrases, ces personnages sont les fils conducteurs sur la scène d'un des pires théâtres de la mondialisation.
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