Documents pour «Robert Laffont»

Documents pour "Robert Laffont"
Affiche du document Tox

Tox

Marc Rioufol

1h35min15

  • Témoignages et autobiographies
  • Livre epub
  • Livre lcp
127 pages. Temps de lecture estimé 1h35min.
Décadence et grandeur d'un toxicomane repentant. " L'addiction est une maladie spirituelle. " Telle est la conclusion qu'a tirée le comédien Marc Rioufol de ses dix-neuf années de voyage dans la toxicomanie. Presque deux fois l'odyssée d'Ulysse, note-il. Enfant hypersensible né au sein d'une famille dysfonctionnelle de la bourgeoisie de province, le jeune Marc fait une rencontre décisive en la personne de Jacques de Bascher, ami avec Karl Lagerfeld. À ses côtés, il sera bientôt introduit parmi la fine fleur du gotha parisien, entre Le Sept et Les Bains Douches, où défile tout l'underground des années 1980, en même temps que les substances les plus convoitées. Blanche ou rose, la cocaïne est toujours pure ; ses effets décomplexent l'adolescent, entré comme par effraction dans les milieux de la mode ou de la nuit. Puis c'est l'escalade : déjà alcoolique, il se laisse aller à la consommation d'héroïne et de crack.Devenu junkie, il entre dans la spirale infernale du manque ; chaque dose entretient l'obsession qu'il ne parvient jamais à tenir à distance. Dix-sept cures, sept psys et un coma plus tard, un centre de traitement pilote lui permet miraculeusement de décrocher. Marc a désormais trente-deux ans, pas de situation, pas de repère ni de goût particulier. Il s'agit de naître à nouveau. Mais le singe, ce démon de la tentation, est toujours là " à frapper à la fenêtre ". Comment l'éloigner durablement ? Comment construire sa vie loin de toute addiction quand même un médicament peut provoquer la rechute ? Marc Rioufol parle de son expérience au sein des fraternités anonymes, ces associations composées de dépendants en résilience qui, régulièrement, se réunissent pour rester abstinents. En marge de ce réseau d'entraide, il entreprend une quête spirituelle sur mesure entre bouddhisme, Kabbale, gnose et catholicisme. Il ira jusqu'au Pérou pour expérimenter des techniques chamaniques susceptibles de l'aider à se délivrer du mal...Plus qu'un livre sur l'addiction, Marc Rioufol nous offre un récit d'apprentissage où un jeune homme, qui s'est rêvé une vie de luxe et de volupté décadente, découvre sur le tard les vertus de la parole et de l'authenticité. Ce qui, avouons-le, n'est pas le parcours ordinaire d'un acteur de cinéma... SOMMAIRE Avant-propos I. Ruisseau fou 1. L'ange et le manneke 2. La piscine 3. Le vice II. Même pas mort 4. Jacques le Fatal 5. En revenant à Nantes 6. L'Amérique 7. Il venait d'avoir dix-huit ans 8. Coco l'angoisse 9. Bienvenue sur le Titanic 10. Les tentations périphériques 11. Smoking rose attitude 12. Stars et psys 13. Le crépuscule des démons 14. Le caleçon de la mort 15. Le scout met son honneur à mériter confiance 16. Dernier fix 17. Premier combat 18. Voyage au centre de la peur III. Fin de moi difficile 19. Arrêts de je 20. Clean time 21. GOD (Group of Drunk) 22. Une boîte de l'ego IV. Recoller les morceaux 23. Case départ 24. L'angoisse sexuelle du diplodocus 25. Thune, taffe, touffe 26. L'acteur studieux 27. Le nœud de Mauves 28. Pétain, mon père et les grands-pères 29. Et Dieu dans tout ça ? V. Bel Ami 30. Karina 31. Vendeur de porte-avions 32. Rechute 33. Samsara Cocktail 34. Un caméléon catholique VI. Condamné au bonheur 35. Sous le signe de Flore 36. Les cuillers du diable 37. La liane des dieux 38. Corsaire 39. Les angoisses de Narcisse quinquagénaire 40. Tapis 41. Et maintenant ?
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Affiche du document Le Fantôme du capitaine

Le Fantôme du capitaine

Gilles JACOB

2h11min15

  • Romans et nouvelles
  • Livre epub
  • Livre lcp
175 pages. Temps de lecture estimé 2h11min.
Une fiction épistolaire pleine de malice et de fantaisie où Gilles Jacob mêle les deux grandes passions de sa vie : le cinéma et la littérature. Où s'arrête la vie, où commence le romanesque ? Cette correspondance imaginaire avec une soixantaine d'artistes ? célèbres ou chimériques ? mêle gaieté et sentiments, vérité et mensonge. L'auteur y expose sa vie et ses rêves au jour le jour, en facettes teintées d'humour ou d'émotion. Ces contes des 1001 nuits appellent des destinataires privilégiés : Juliette Binoche, dans le rôle de la muse, Michel Piccoli, celui du confident, le loup de Tex Avery en disciple... Il sera question de femmes, de stars, d'admiration, de création littéraire, du temps qui passe, de chaussures, de Truffaut, de Nabokov, de Fellini, de séduction, de fantômes, de direction d'orchestre, de Lady Chatterley, de Sherlock Holmes, de tracas de parking, de pêche à la truite avec Jane Fonda... Plaisir de basculer soudain dans une fantaisie débridée, un décalage comique ou surnaturel quand le héros se transforme en courant d'air ou s'englue littéralement dans la peinture d'un tableau célèbre. Adoration pour la beauté féminine, jeu de l'amour et du hasard avec les grandes actrices du monde entier. Sous l'ironie des états d'âme, un parfum d'air du temps. Inutile de rêver la nuit : le fantôme s'en charge... Table des matières - Envoi (à mon lecteur) - Éducation sentimentale (au maréchal Juin) - L'heure du bilan (à Juliette Binoche 1) - Les chaussures neuves (à Delphine Seyrig) - Les deux timides (à Coralie Seyrig) - Tableau vivant (à Walter Salles) - Heurts et malheurs d'un piéton (à Dominique Blanc) - Mon village à l'heure anglaise (à Jean-Louis Bory) - Le moineau du Nil (à Youssef Chahine) - La chevelure (à Martha Argerich) - Mémoire de nos pères (à Ingmar Bergman) - Non, je n'ai pas lu Jospin (à Patrice Leconte) - Bourrage papier (à Wim Wenders) - Il faut dire Princesse (à Rita Hayworth) - Autriche, année zéro (à François Jacob) - Révérence parlée (à Juliette Binoche 2) - Sweet home (à J.) - Le bal des débutantes (à Joséphine Truffaut) - Au refrain ! (à Alain Resnais) - Le fantôme du capitaine (à Gene Tierney) - Une revenante (à Alain Cavalier) - L'invraisemblable vérité (à Eva Green) - Le genou de Valérie (à Emma Thompson & Kenneth Branagh) - L'enfant du Paradis (à Federico Fellini) - Rideau ! (à Roberto Benigni) - On demande muse (à Juliette Binoche 3) - Les mères juives (à Woody Allen) - Ça vous gratouille ? (à Didier Sicard) - Si j'étais vous... (à Cary Grant) - La ligne jaune (à Arnaud Desplechin) - Turbulences (à Chiara Mastroianni) - Séduire, dit-il (au loup de Tex Avery) - Un roman courtois (à Wong Kar-wai) - Échanges de procédés (à Olivier Assayas) - Et ta sœur ! (à Ariane Ascaride) - Marches à l'ombre (à Yves Mourousi) - L'hôtel des ventes (à un producteur anonyme) - Un nouveau testament (à Alonso Quijano) - Défi à l'équilibre (à Harpo Marx) - Le cigare d'Agnelli (à Philippe Noiret) - Meurtre dans la cathédrale (à Truman Capote) - Le rose aux joues de Lady Constance (à Pascale Ferran) - La messe est dite (à Michel Piccoli) - La fausse indécise (à Anouk Aimée) - Toilettes de printemps (à Bertrand Delanoë) - Trois vœux (à Juliette Binoche 4) - Les vieux amants (à Claudio Abbado) - La particule élémentaire (à Conan Doyle) - Érotomanie (à Georges Kiejman) - Tope là ! (à Satan) - Une idée originale (à Robert Hossein) - Regrets éternels (à Michel Piccoli) - La gazelle de la rue Poussin (à Leila N.) - Creative writing (au New Yorker) - Pigeon vole (à Juliette Binoche 5) - Les trois sœurs (à Ava) - Mes belles amoureuses (à la Petite Sirène) - Élixir de jouvence (à Manoel de Oliveira) - L'apprenti sorcier (à Adolfo Bioy Casares) - Prisonnière (à Mélanie Thierry) - Classée subversive (à Jane Fonda) - Ticket, s'il vous plaît ! (à Joseph K) - Mirages (à J.M.G. Le Clézio) - La suite cardinale (à Michel Piccoli) Post-scriptum : du directeur du musée du Louvre à Mme Gilles Jacob
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Affiche du document Un père pour grandir

Un père pour grandir

Jean LE CAMUS

1h09min00

  • Essais
  • Livre epub
  • Livre lcp
92 pages. Temps de lecture estimé 1h09min.
Dans le cadre d'un débat passionnel autour de la famille et de la parentalité,Jean Le Camus inscrit sa réflexion sur " l'être père " aujourd'hui. Comment faire pour apporter du bien-être à nos enfants ? Sur quels repères s'appuyer pour les éduquer quand la cellule familiale revêt tant de formes différentes ? Un père pour grandir recouvre l'ensemble des principes, des stratégies et des éléments de méthode qui sous-tendent, structurent et expriment une volonté de changement. Plus précisément, l'auteur s'applique à défendre ce qu'il appelle la paternité positive : répondre " oui " pour un père, c'est agir sans intermédiaire, s'impliquer en tant que parent au côté de la mère, et assumer le partage des responsabilités. C'est ensuite, et surtout, avoir le souci de l'intérêt supérieur de l'enfant. Cette nouvelle paternité sert aussi les intérêts de la société : ne plus s'accommoder de l'opposition traditionnelle des fonctions parentales - l'amour de la mère / la loi du père - pour aider l'évolution des mentalités : des droits de l'enfant mieux reconnus, l'égalité hommes-femmes mieux respectée, la diversité des configurations familiales mieux acceptée.Entre les pères adoptants, les pères IAD, les pères séparés, les pères homosexuels, voire les beaux-pères mis en position de père social..., il n'y a plus d'image unique du " bon père ". Désormais tous sont légitimes et revendiquent les mêmes droits que les mères à l'égard des enfants. Les mêmes droits et les mêmes devoirs ! souligne l'auteur. TABLE DES MATIERES Avant-propos Introduction PARTIE I Le non du père en question : forces et faiblesses de la conception classique de la paternité Chapitre 1. Naissance et développement de la première conception scientifique du père Affection et autorité sont les deux mamelles ... de l'enfance Lacan : du non au nom Porot : une famille idéalisée Quand le présent fait revivre le passé Les fondamentaux de la paternité Le père chef de famille Le père compagnon de la mère A qui s'adresse et sur quoi porte le non du père ? Les raisons du consensus des années 1950 ? 1960. Du côté des croyances et des préceptes Du côté des savoirs Chapitre 2. Examen critique de la conception classique de la paternité : un bilan contrasté Intérêt du schéma-type : pour un SMIG de la paternité La différence-réalité Nos premières réserves : des acquis à préciser et à actualiser Les faiblesses et les dérives de la conception classique Les droits de l'enfant menacés L'égalité des mères et des pères compromise Les familles atypiques stigmatisées PARTIE II La place et la fonction du père revisitées Chapitre 3. Une place à définir et à conforter Principaux facteurs du changement de perspective La poussée des idées féministes et la prise de conscience par les hommes de leur " moi nourricier "L'évolution de spratiques progfessionnelles et des pratiques domestiques La transformation de la psychologie du développement Un nouvel horizon : la différence-égalité La configuration nucléaire redessinée et rééquilibrée L'autorité appartient au père et à la mère. La mère joue une fonction essentielle dans le développement psycho-sexuel et la construction de l'identité sexuée de l'enfant, au même titre que le père Les configurations atypiques réhabilitées et consolidées. Le concubinage Configurations monoparentalesConfigurations pluriparentales Configurations homoparentales Chapitre 4. Enrichir et positiver la fonction du père Du père de famille au père de l'enfant L'âge de l'intervention du père. Présence avant la naissance Présence à la naissance Présence après la naissance Le mode d'action du père Dialogue " tonico-émotionnel " et dialogue " phasique " dans la première année A l'âge de la crèche A l'âge de l'école maternelle Le registre d'influence du père Construction de l'intelligence Développement du langage Ancrage et équilibrage affectif Et les pères au foyer ? Conclusion Remerciements
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Affiche du document La Servante de Monsieur Vincent

La Servante de Monsieur Vincent

Martine Marie MULLER

30min00

  • Roman historique
  • Livre epub
  • Livre lcp
40 pages. Temps de lecture estimé 30min.
Un hymne à l'amour poignant, une formidable leçon d'humanité. Hiver terrible et cruel que celui de 1684 pour Mlle Aude de Granville. À Dieppe, sa ville natale, le port est pris dans un étau de glace, réduisant les pêcheurs à l'inactivité et leur famille à la misère. Hommes, femmes, enfants, le froid et la faim font chaque jour de nouvelles victimes. Et puis à la fin de l'hiver, alors que la neige consent enfin à rendre à sa Normandie une vie normale, l'impensable se produit : Noël de Miromesnil, le jeune homme auquel Aude était promise, se pend - " comme un manant "..." Cette mort est un signe. Le mariage n'est pas fait pour moi. Dieu a prévu autre chose. Mais c'est à moi de le découvrir. " La congrégation des Sœurs de la Charité, fondée par saint Vincent de Paul et qui vient en aide aux plus pauvres, montre à la jeune femme le chemin à suivre. À Dieppe d'abord, puis au milieu du tumulte de la capitale, celle-ci fait le choix de se consacrer entièrement aux plus déshérités, dont le malheur la bouleverse. " Ma vie, personne ne me l'enlève, je m'en dessaisis de moi-même. "Rapporté par la voix de sa fidèle servante, le récit de l'existence aussi humble qu'héroïque de Mlle Aude de Granville, devenue sœur Marie-Euphrasie, forme le deuxième volet de la Trilogie des servantes. " Sommes-nous au monde pour autre chose qu'aimer ? ", telle est la morale en forme de question existentielle que Martine Marie Muller nous invite à méditer à travers ce roman aussi court qu'intense - percutant comme un coup de poing et généreux comme une main tendue.
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Affiche du document Nous les avons tant aimés

Nous les avons tant aimés

Jean-Pierre Jouyet

2h02min15

  • Politique
  • Livre epub
  • Livre lcp
163 pages. Temps de lecture estimé 2h02min.
En portraits et en chansons, voici l'Histoire et les histoires vécues par toute une génération politique entre 1980 et 2010. Les chansons sont le miroir de notre vie et de notre actualité. Jean-Pierre Jouyet connait comme personne les chansons et les hit-parades qui l'ont enchanté de son adolescence à aujourd'hui. Plus que quiconque il a été au service de l'État et a fréquenté les puissants de ce pays. Il démontre avec humour et maestria comment, pendant trente ans, ces textes qui résonnent dans nos têtes se sont intimement entrelacés avec les événements de notre quotidien. Les grands et les petits succès reflètent toujours cette opinion publique, cette sensibilité collective qui oscille sans cesse. Ils s'impriment dans nos mémoires grâce à des mots, une mélodie, une voix, mais ce n'est pas un hasard. C'est parce qu'ils se tricotent avec les nouvelles du jour, les élections, les émotions, les faits divers et tous les mouvements de la société. Parce qu'il a travaillé auprès de toutes les têtes politiques françaises, entre deux chansons Jouyet brosse de grands portraits personnels et originaux de chacun d'eux. On rencontre Laurent Fabius, Jacques Delors, Nicolas Sarkozy ou Martine Aubry comme si on ne les connaissait pas. Au passage, on apprend qu'ils chantent ? seuls ou à plusieurs ? plus qu'on ne le croit. Ensemble Sarkozy et Kouchner chantent Aznavour, Ségolène Royal aime Francis Cabrel ou Yves Duteil, François Hollande, Léo Ferré Lionel Jospin, Yves Montand, etc. Sans ragots ni bassesse, au moyen d'un art qui n'est pas mineur, voici le tableau d'une génération politique qui vit très fort par mille informations précises et petites touches subtiles. L'auteur, qui ne cède ni à la dérision ni à la facilité, témoigne d'un attachement profond à la société française et d'une grande connaissance du milieu politique et de ses ressorts.
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Affiche du document Je vous parle d'un temps...

Je vous parle d'un temps...

Jean Amadou

1h50min15

  • Médias
  • Livre epub
  • Livre lcp
147 pages. Temps de lecture estimé 1h50min.
Chansonnier, comédien, humoriste, satiriste, chroniqueur radio, écrivain... Jean Amadou, c'était mille vies en une existence. Pour la première fois, il les racontait, dans ses Mémoires parus tout juste un an avant sa disparition. Né en 1929 à Lons-le-Saunier dans une famille qui avait la République dans le sang et le goût du débat chevillé au corps, Jean Amadou ne pouvait que tomber tout petit dans la marmite de la politique. Il fera cependant quelques détours avant de devenir l'un de ses commentateurs les plus populaires dans l'Hexagone. Après une enfance heureuse à Lyon, il " monte " à Paris pour se lancer dans une carrière de comédien. Doublage, postsynchronisation, petits rôles au théâtre, l'apprenti comédien fourbit ses armes au contact de Pierre Fresnay, Jacques Charron, Robert Hirsch, plus tard Yves Montand et Simone Signoret. Sa rencontre avec Fernand Raynaud, grande vedette de l'époque, va l'orienter sur une nouvelle voie : trouvant là un moyen à sa mesure d'assouvir sa passion de la chose politique, Jean Amadou s'initie au monde des chansonniers. Il en deviendra au fil des ans l'une des figures de proue, au Théâtre de Dix Heures, au Caveau de la République, à la Galerie 55, au Don Camillo, tous ces cabarets qui - censure audiovisuelle oblige - vivent alors leurs heures de gloire. Dans les années 1970, sa chronique quotidienne dans " L'Oreille en coin ", émission-culte de France Inter, où au côté d'Anne-Marie Carrière il propage pour la première fois la culture chansonnière sur les ondes, le fait connaître du grand public. Dès lors, de la télévision (" C'est pas sérieux ", " Ce soir, on égratigne ", " Le Bébête Show "...) à la radio (les Chroniques matinales d'Europe 1 qu'il présentera jusqu'en 2005 en duo avec Maryse, " Les Grosses Têtes " sur RTL...), la notoriété de Jean Amadou ne cesse de croître. Parallèlement, il parcourt la France de gala en gala, faisant rire chaque soir des milliers de spectateurs et totalisant dans cette carrière aussi éclectique que populaire... seize mille représentations ! Sans compter ses vingt-deux Tours de France (cinq cent vingt-huit étapes à lui tout seul !), qu'il suivra pour la télévision, la radio, le journal L'Équipe, cornaqué par les figures légendaires de la course reine : Antoine Blondin, Robert Chapatte, Jacques Goddet... C'est cette vie de saltimbanque multicarte, toujours portée par l'amour du public, que Jean Amadou raconte ici au fil de ses rencontres, de ses amitiés, avec la truculence, l'humour et le scepticisme souriant qui faisaient sa patte. Au travers d'anecdotes aussi peu révérencieuses que leur auteur, c'est aussi plus de cinquante ans de vie artistique, politique et sportive que l'on redécouvre sous la plume d'un " amuseur " qui connaissait son métier par cœur et se révèle un observateur particulièrement cultivé et avisé de la société française.
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Affiche du document De l'alcôve à l'arène

De l'alcôve à l'arène

Michèle SARDE

6h43min30

  • Sciences humaines et sociales
  • Livre epub
  • Livre lcp
538 pages. Temps de lecture estimé 6h43min.
En 1984, Michèle Sarde retraçait, dans son premier Regard sur les Françaises, l'histoire des femmes dans l'Hexagone du Moyen Âge aux années 1970. Sorties de " l'alcôve " grâce à la révolution contraceptive, il était logique que ce soit dans " l'arène " publique et politique qu'elles se battent désormais.Pour comprendre l'évolution de la France en matière d'égalité des sexes, cet essai parcourt tous les aspects, de l'intime au public, de la vie des Françaises. À travers quatre grandes thématiques - Sexualité, Mixité, Laïcité et Parité - l'analyse recense toutes les grandes batailles sociales qui les concernent : du PACS à l'homoparentalité, de la prostitution aux violences sexuelles, du code de la famille au port du voile à l'école, de la parité linguistique à la parité politique. Pourtant, comparée à d'autres pays européens, la France accuse encore de nombreux retards, surtout dans les domaines professionnels et politiques.Ce livre offre un bilan sociologique objectif et lumineux sur la longue marche des femmes françaises vers l'égalité. En guise d'illustration, il donne aussi la parole à des femmes d'aujourd'hui, toutes générations confondues, de Simone Veil à Fadela Amara, en passant par Clémentine Autain, Mazarine Pingeot, Yvette Roudy, Edith Cresson, Dominique Desanti, Juliette Minces etc... De l'expérience de chacune jaillit une représentation plurielle du féminin et l'horizon de luttes encore à mener. Car, des plus âgées, parce qu'elles ont posé les premières pierres, aux plus jeunes, parce qu'elles bâtissent l'avenir, toutes les femmes contribuent à cette révolution sociale. Sans oublier les hommes qui les accompagnent. Dans l'Arène (...) En Française, Ségolène Royal projette, elle, une image de femme désirable, les mots-clés de sa campagne (Désir d'avenir) étant d'abord le désir, tandis que celui d'avenir connote l'hommage d'Aragon à Elsa, où la femme " est l'avenir de l'homme ". Ségolène, cependant, comme Fabienne, ne choisit pas entre son homme et ses enfants. La composante maternelle est chez elle affirmée et assumée au nom de la féminisation du pouvoir et du transfert du père à la mère de la Nation. " Je veux faire pour les enfants de ce pays ce que je ferais pour mes propres enfants. " La célébration de sa dernière maternité par quelques photos de la dernière-née est une " médiatisation " qui lui a été vivement reprochée au pays de Simone de Beauvoir mais qui n'était pas très différente de la mise en scène de Nicolas Sarkozy autour de son couple et de son enfant. En transgressant le tabou de la vie privée et, dans la vie privée, de la maternité, l'élue des " sondages " faisait symboliquement franchir aux Françaises le passage qui les a menées en trente ans, pour le meilleur ou pour le pire, de l'alcôve à l'arène.Hommes féministes et femmes peu solidaires sont deux constantes de la tradition française. Cette dernière ne s'est pas démentie au cours de la précampagne électorale de 2005-2006. Les femmes politiques ont pour la plupart rallié leurs candidats respectifs. Et des voix masculines se sont élevées pour dénoncer le machisme politique de la scène française. Ainsi Daniel et Gabriel Cohn-Bendit ont-ils adjuré les ténors du parti de la pré candidate, de dire ce qu'ils avaient à dire " au lieu de croire se grandir en rabaissant la seule concurrente féminine, car en réalité, c'est l'effet contraire qui se produit : eux se rabaissent et elle en sort grandie ". Alain Touraine a insisté, dans des entretiens, sur la suprématie masculine, composante du système des partis en France. Et épinglé l'aveuglement de l'élite politique française, qui ne voit pas qu'en votant pour une femme indépendante de l'appareil du parti, le citoyen moyen vote non seulement contre cette domination masculine, mais surtout par-là même contre le système tout entier.Retirons-en que nous sommes en train de vivre le monde à l'envers. Car, en cette fin de règne patriarcal, dans une société en pleine mutation, un homme politique, quelles que soient ses qualités individuelles, aura du mal à se substituer à une femme politique. En termes essentialistes, Ségolène est non remplaçable par un homme, fût-il le père de ses enfants. Sauf à changer de sexe, extrémité à laquelle peu d'entre eux sont préparés. Le clan adverse ne s'y est d'ailleurs pas trompé : " Il faut faire disparaître la femme derrière la candidate ", a avancé un conseiller politique de Nicolas Sarkozy. (...)Aux yeux de Michèle Fitoussi, interrogée par James Traub, beaucoup de Françaises se reconnaissent idéalement en Ségolène. Au terme de cette exploration chez nos compatriotes, on observe que Ségolène est une Fabienne qui a réussi à un moment à aller un peu plus loin que les autres. Qu'est-ce qui fait qu'elle y est arrivée ? Quelles sont les composantes nécessaires à une Française aujourd'hui pour être en mesure de gagner la faveur des électeurs ? (...)Au XXe siècle, la compagne de François Hollande emprunte à Simone de Beauvoir son modèle de compagnonnage avec Sartre, moins sans doute le libertinage. La rivalité directe dans l'espace philosophique pour les uns, dans l'espace politique pour les autres, n'entame pas ? apparemment ? une complicité et une connivence intimes. En tout cas, dans l'image. Ils ne sont pas toujours d'accord, mais se manifestent un attachement indéfectible. Et ne se marient pas. Jusqu'ici, dans ce rôle difficile, François Hollande aura dépassé le célèbre auteur de L'Être et le Néant, offrant de son côté un modèle pour les jeunes pères d'aujourd'hui. Et ce couple emblématique bouscule les idées reçues sur les sexes. Car c'est lui, François, qui intrigue, élabore des stratégies, arbitre, prépare la voie et les chemins de traverse tandis qu'elle, Ségolène, s'avance droite dans ses talons, les yeux fixés sur le but, inconditionnelle de son homme, directe et sans vacherie. Il est le modéré, elle est parfois excessive. Il est flou, mystérieux, ambivalent. Elle est claire, parle franc, et peut être agressive. Une preuve de plus que le genre est une construction et que les qualités ou les défauts des femmes et des hommes ne sont pas toujours ceux des stéréotypes.Nostalgie et forcément images d'Épinal : si Ségolène plaît à des électeurs aussi différents que d'anciens trotskystes ou de récents supporters du Front national, c'est par un mélange subtil de profil vieille France et de modernité rebelle à l'esprit d'appareil. Pour certains, elle incarne la France profonde comme François Mitterrand l'incarnait : petite-fille et fille de militaires, provinciale, attachée au terroir. Une dure enfance avec un père qui frappe les garçons et méprise les filles. Sauvée par l'école et les professeurs. Par le mérite. Du christianisme, elle a, comme beaucoup de Français, gardé la spiritualité et les " valeurs ", dont celle de la famille. Elle contourne le mandarinat, les réseaux masculins que pratique son compagnon, mais fréquente l'Élysée comme chargée de mission. Elle passe à son tour les épreuves du feu : députée des Deux-Sèvres, ministre, présidente de région. Son mot-clé depuis La Vérité d'une femme, c'est " l'ordre ". Un " ordre juste ". De quoi donner des boutons à la gauche libertaire.Française de tradition, Ségolène Royal incarne cependant aussi la modernité féminine des nouvelles générations. " Gauloise " par la famille, elle est symboliquement " africaine " par la naissance au Sénégal et proche des " nouvelles Françaises " par choix, lançant dès sa déclaration de candidature cette métaphore végétale sur le métissage national : " Jusqu'à quand parlera-t-on des Français de souche comme si les autres étaient de feuillage ou de branchage ? "Pour la maternité, Ségolène se rapproche plus des Fabienne ou des Sandrine que de l'auteure du Deuxième Sexe. Est-ce Ségolène le portait-robot de Fabienne ou le contraire ? Quatre naissances hors mariage voulues et une double journée qui en vaut certainement trois, surtout en période de campagne électorale. Un couple que son compagnon définit comme " deux libertés " et qui a élevé ensemble quatre enfants. Comme Fabienne, elle est très diplômée et n'a pas cessé de travailler malgré ses quatre enfants. Comme la Fabienne politique, incarnée par d'autres femmes réelles, elle a son franc-parler, ne pratique pas la langue de bois et ne parle pas longuement pour ne rien dire.Quant au féminisme de Ségolène Royal, il est décidément plus proche de celui des différentialistes paritaires, attachées à l'égalité dans la différence, qu'à celui des universalistes libertaires, qui prônent l'égalité sans la différence, rejettent tout relent de contrainte ou de moralisme, et relativisent l'importance de la maternité. Face à la gauche en quête de révolution permanente, Ségolène incarne surtout la continuité de la tradition. Mais elle incarne aussi le changement par son " genre ", c'est-à-dire aussi son style, dans une démocratie où le citoyen et la citoyenne seraient entendus, plutôt que représentés par des barons de la politique. Cette nouveauté au moins d'apparence suffit-elle à lui assurer une victoire ? Si l'habit ne fait pas le moine, le sexe ne suffit pas non plus à faire la moniale. L'issue dépend d'elle, d'un électorat somme toute volatile, de son ou de ses concurrents... et des caprices de la fortune.Quand j'ai conçu cet essai en 2003, la candidature gagnable d'une femme, en France, au poste suprême était inimaginable. Au moment où je le termine, elle ne paraît pas impossible. Si Mme Royal gagnait les élections de 2007, elle entrerait dans l'histoire, non seulement comme la première femme présidente de la République, mais comme celle qui aurait brisé l'enchantement de la loi Salique encageant, depuis Clovis, les Françaises sous un plafond de verre.C'est pourquoi elle joue ponctuellement dans ce roman de la Française, commencé avec la révolution sexuelle du dernier quart du xxe siècle, et terminé à l'aube du IIIe millénaire sur la scène publique, un premier rôle. Nous savons aussi que ce moment passera, que diverses femmes aspireront à cette dignité et à d'autres. Mais il n'est pas exclu qu'à l'instant où ce livre paraîtra, pour la première fois de notre histoire, une femme, en plein épanouissement, avec des qualités très " féminines ", et sans faire ombrage à son alter ego, affronte en France un homme dans toute sa force, avec des qualités très " viriles ", et secondé par une talentueuse " femme de ". Quelle sera l'issue de ce combat au pays de la paix entre les sexes ? À l'instant où j'écris le mot fatidique de " fin ", en octobre 2006, c'est aussi loin que je puisse aller dans l'histoire des Françaises...
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Affiche du document Le grand jardin

Le grand jardin

Francis Dannemark

1h13min30

  • Romans et nouvelles
  • Livre epub
  • Livre lcp
98 pages. Temps de lecture estimé 1h13min.
Florent et Paul sont de faux jumeaux mais de vrais frères. Leur famille vit à la frontière allemande, dans un ancien territoire du Saint-Empire devenu belge après la Première Guerre mondiale. Ils naissent au milieu des années 1950, dans la rumeur à peine éteinte de la guerre de 1940-1945, qui a dévasté la région, et grandissent entre un père tendre, mais fragile et souvent absent, et une mère profondément perturbée, dans une maison plantée au bord d'une vaste forêt, à côté de la scierie familiale. Il y a du cauchemar dans cet univers-là ? trop de souffrances, trop de souvenirs noirs, trop d'ombres et de fantômes. La peur n'est pas loin de transformer la vie en impasse. Mais Florent et Paul vont recevoir de l'aide. Notamment celle de Laszlo et Paliki, des nains hongrois un peu magiciens, celle de leur cousine Agathe et, beaucoup plus tard, celle d'un très vieux médecin anglais qui a appris dans un monastère au Cachemire quelques façons de vivre en harmonie. La musique, les films et les livres vont aussi apporter aux deux frères des raisons de ne pas désespérer.Florent le musicien et Paul le professeur de sciences vont peu à peu trouver leur voie et leur équilibre, au fil des années et des épreuves ? particulièrement douloureuses dans le cas de Florent, que nous rencontrons au moment où il vient de retrouver ou de perdre la femme de sa vie... Avec Le Grand Jardin, Francis Dannemark nous offre une fresque romanesque qui est tout à la fois une chronique familiale, le portrait d'une époque, le récit d'un apprentissage, un conte poétique et une grande histoire d'amour. Prologue Il était une fois deux frères qui étaient de faux jumeaux mais des frères authentiques. Il était une fois un homme fragile qui avait épousé une femme folle et adopté des nains hongrois, qui, selon la légende, avaient quitté leur pays pliés en quatre dans une valise. Il était une fois un étranger peu loquace qui attendait avec un revolver à la ceinture de pouvoir un jour régler une dette morale. Il était une fois un très vieux médecin anglais qui avait appris que le monde est un jardin. Il était une fois un homme et une femme qui s'aimaient d'un grand amour mais ne le savaient pas encore. Il était une fois une forêt, les souvenirs d'une guerre, des démons et des anges, des morts, des peurs anciennes, des rêves fastes et néfastes, des départs, des accidents et des fuites, des retrouvailles, de la musique, des souffrances à s'arracher le cœur, et puis une infinie douceur ? mille choses qui, ensemble, font penser que tout existe ici-bas, tout, sauf le hasard. I État de choc Il y a quelque temps 1. Non. Elle avait écrit ce mot-là, non, et d'autres mots, toute une lettre, au milieu de la nuit, et la lui avait envoyée par e-mail : "Non, je ne peux pas, je ne suis plus amoureuse de toi, je pense encore à lui, je n'ai pas osé te dire la vérité en face..." Il avait trouvé son courrier un peu avant l'aube, l'avait lu en un instant, avait préparé le repas et réveillé les enfants, les avait embrassés comme chaque matin, sur les joues, sur les yeux, quand ils étaient partis pour l'école, et il les avait regardés s'éloigner dans le vent piquant de décembre, sous l'étrange lumière jaune de la lampe qui éclairait la rue comme une salle d'attente dans une gare déserte. Une fois la porte refermée, il avait fait chauffer de l'eau, préparé du thé. Mais il ne l'avait pas bu. Son sang était soudain devenu blanc et glacé, quelque chose en lui avait explosé en silence et chaque centimètre de sa peau avait brûlé. Puis plus rien. Sable ses yeux, poussière ses mains, ses jambes. Plus bouger, plus respirer. Une heure plus tard, quelqu'un avait sonné à sa porte. Une fois, deux fois, trois fois. Florent avait ouvert les yeux. Appuyé sur le bouton qui commandait l'ouverture de la porte. L'amie qui chaque mois, depuis toujours, vérifiait sa comptabilité entra dans la cuisine. Lui toucha le bras, lui demanda d'une voix douce ce qu'il avait. Il se mit alors à pleurer. Silencieusement. Longtemps. Comme quelqu'un qui n'a plus pleuré depuis la nuit des temps, qui ne sait même plus ce que ça peut bien être, des larmes. L'amie le serra dans ses bras, lui posa deux doigts sur chaque tempe. Elle le ranima tout doucement. Le jour s'était levé, le chat regardait la porte du jardin. Elle la lui ouvrit mais il resta au bord de la terrasse, ni dehors ni dedans. Florent, dans un fauteuil, n'avait toujours pas dit un mot. Elle lui demanda de raconter ce qui lui arrivait. Comme il se taisait encore, elle lui dit : "Je ne sais pas ce que tu vas me dire mais moi, je vais te dire quelque chose. On se connaît depuis si longtemps qu'on ne compte plus les années. Je sais ce que tu as traversé. Je sais aussi que je connais peu de gens capables de franchir des épreuves terribles et d'en sortir sans perdre cette petite flamme que tu as dans les yeux. Regarde-moi, Florent, dis-moi ce qui t'arrive." Alors Florent essaya un sourire. C'était comme si une statue se mettait à bouger, on aurait pu entendre travailler la pierre. Mais c'était un sourire. Après, il y eut des mots. L'effort de Florent pour raconter à son amie le chagrin qui l'avait envahi, la douleur qui lui mangeait le cœur et verrouillait ses poumons. Trois jours plus tôt, après plusieurs années d'un amour qui s'était construit en marge, à leur insu, et après deux semaines qui avaient fait se retourner sa vie comme un iceberg, il avait demandé à la femme qu'il aimait d'être sa fiancée ? il avait employé ce mot-là, fiancée. Elle avait dit oui, dans un petit jardin, oui, les yeux brillants, dans l'air froid et humide d'une nuit d'hiver, oui. Et deux jours plus tard, elle lui avait écrit cette lettre qui disait non, non, je ne veux pas vivre avec toi, jamais.
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Affiche du document Adieu la vie, adieu l'amour - Quatre soldats français - T1

Adieu la vie, adieu l'amour - Quatre soldats français - T1

Jean Vautrin

2h15min00

  • Roman historique
  • Livre epub
  • Livre lcp
180 pages. Temps de lecture estimé 2h15min.
Des tranchées de la guerre de 1914 au Paris des années folles, un grand roman en trois volumes dans l'esprit des "Aventures de Boro"! 16 avril 1917: l'offensive Nivelle est lancée contre la ligne Hindenburg. Une compagnie de chasseurs tente de gagner la crête du Chemin des Dames. Au petit matin, Ramier, projeté dans un trou boueux par une explosion et abandonné sur le champ de bataille, appelle ses trois copains à l'aide. Le soir même, les quatre hommes seront réunis pour un assaut absurde et suicidaire. Parmi les rares hommes de la compagnie qui auront survécu à la boucherie ordonnée par un commandant incompétent, quelques-uns devront encore faire face au peloton d'exécution. Comment vont réagir nos quatre amis? Il y a Guy Maupetit, dit Ramier, l'ouvrier; Raoul Montech, le viticulteur; Arnaud de Tincry, l'aristocrate cambrioleur ; et Boris Malinowitch-Korodine, dit Malno, le peintre russe de Montmartre. Jean Vautrin raconte le destin de ces quatre soldats français que rien, ni la géographie, ni l'origine sociale, ni l'ambition, ni les projets n'auraient dû réunir et qui vont conjuguer bravoure et amitié pour se sortir du bourbier où les a jetés le grand massacre. Ce n'est pas seulement sur le front, où, dans l'horreur et la folie, les mutineries se préparent, que Vautrin nous emmène. Avec la verve, le souffle et l'humanité qui sont sa marque, il dresse aussi le portrait romanesque et flamboyant de toute une époque. Retour de culbute, les deux patrouilleurs relevaient la tête. Hébétés, ils regardaient leurs mains terreuses et engourdies par le froid.Une mouillure infecte dégoulinait en un noir chagrin de boue sur la face de Korodine.À son côté, étalé sur un caillebotis, Arnaud de Tincry avait la peau si mouillée qu'elle fumait.? Est-ce qu'au moins Montech est rentré? grommela-t-il avant de manifester la moindre joie d'avoir sauvé sa peau.? Si tu veux savoir, demande à mes puces, lui répondit une voix qui provenait de dessous une couverture. L'étoffe s'agita. Un visage apparut. Montech claquait des dents. Ses yeux luisaient sauvages derrière la croûte de son déguisement de terre séchée.Korodine le jaugea avec une expression singulière. Il inclina la tête pour se mieux forger un avis. Il sentait passer dans le regard du Girondin un intraduisible désarroi.? Je jure que j'ai fait tout ce que j'ai pu... bredouilla ce dernier. Ses yeux hallucinés lui mangeaient le visage. ? C'est donc ça? devina Arnaud de Tincry. T'étais allé chercher Ramier dans la merde?Raoul Montech émit un signe affirmatif. Il semblait soudé à la terre.? Plus fort que moi, hoqueta-t-il d'une voix sourde et énervée, il a fallu que je me rende dans le secteur où je l'ai vu rendre son fusil ! J'arrivais pas à me faire à l'idée qu'il pouvait être mort.? Et alors?? Tringle! Je ne l'ai pas trouvé.Cédant au découragement, le vigneron s'était retourné sur le dos. Sa capote alourdie par l'eau croupie chargeait ses épaules d'un poids de plomb. Il avait plongé sa main dans sa poche. Et exhibant sous le blair de Korodine, qui était son plus proche voisin, une poignée de plaques d'identité :? C'est le nom, tu comprends, c'est le nom qu'il faut sortir de la bouse! À cause de l'oubli! À cause du trou noir! C'est qu'il y en a du monde qu'on r'connaît pas! Si tu voyais le carnage! Tous ces braves avec leurs boyaux autour de la taille! Dressés, vidés, hachés. Pâles, le ventre ouvert, recouverts par des grappes humaines. Une couche de tourbe, une couche de recroquevillés. Partout, j'ai retourné la terre! Au couteau, à la griffe, j'ai fouillé l'écume du champ de bataille! Pas trace de l'Auxerrois! Il n'est nulle part! Ni étendu, ni rapiécé! Pendant l'assaut, je l'ai vu monter en chandelle derrière moi! Il a roulé dans les nuages! Lancé en l'air par une force incroyable! La boue fusait tout autour de lui! Elle imitait la pluie en grands rubans noirs! Les corps cascadaient sous l'effet des marmites! Soulevé dans la gerbe, le petit griveton! Rayé du nombre des hommes! Escamoté! Un vivant comme lui... j'arrive pas à y croire!Montech était submergé par un sanglot qui le renversait en travers du trou noir. Il se tenait ramassé, les bras serrés autour du corps et donnait l'impression de mener contre lui-même une lutte harassante. Comme s'il était entré par mégarde dans un rêve, il avait levé son regard embué de larmes sur un rat, un rongeur maousse, de la taille d'un chat. L'animal semblait l'observer de ses petits yeux rouges. Il ne manifestait aucune crainte de l'homme et campait ferme sur son territoire. Debout sur ses pattes arrière, il faisait le ménage de son ventre rebondi. C'était fort à admettre mais, garce folle, la bestiole paraissait prête à entamer une conversation. De son côté, Montech, infiniment aimable en apparence, semblait avoir mis un terme à son chagrin. Il avait commencé à tailler une bavette avec la bestiole : ? T'es là, Gaspard? Sprechen sie deutsch? Dans un froissement de capote mouillée, dans une odeur de moisi, d'éther et de marécage, le poilu bougeait insensiblement, tendait la main derrière lui pour attraper un manche de pioche, brusquement abattait la matraque improvisée sur la tronche du rongeur qui trottait hors d'atteinte, toujours le troufion apostrophait le muridé comme une personne, lui faisait un patatrot pour qu'il aille plus loin, faut pas te gêner salopard, des rondelles comme toi, n'en faut pas ici, il se tournait vers ses copains qui fermaient les yeux, qui essayaient de se réchauffer, lui, le visage enflambé de colère bleue, donnait libre cours à sa violence. Fihl de pute! il gueulait, ah, Arnaud! Malno! Mes amis! j'en perds la boule! Cette putain de guerre ne s'apprivoisera donc jamais! Pétard de Dieu! vous vous rendez compte? J'en reste flan! Dodo, Ramier, notre petit frère! Enterré dans le verdâtre! Pioché par les corbacs. Bouffé aux asticots, à la bloche, à la vermine! On n'est donc rien? Rien! Sans idée, ni projet, ni désir, le corps lourd, il avait pivoté sa face exigeante vers Tincry et Korodine. Il s'était dressé sur les genoux. Il avait levé un doigt. Il avait arrêté le temps. Il avait bloqué le mystère des choses compliquées. Ses yeux rougis s'attardaient sur les copains. Il leur faisait signe de le rejoindre. Il cherchait par n'importe quel moyen à les empoigner. Les trois amis se palpaient mutuellement les mains. Tâtaient la vie de l'autre qui battait au poignet. Ils ressentaient le besoin de toucher du qui bougeait. Du qui fermentait. Montech ne parlait plus que par bribes. Diou biban! Il avait laissé monter en lui un grand vent qui venait du fond de son intestin. Pffesss ! il venait de péter à déchirer son froc. Malno l'avait approuvé d'un hochement de tête muet. Même si c'étaient des temps durs, les trois hommes se sentaient comme une seule petite âme qui paie son compte au Seigneur. Même avec des fayots.
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Affiche du document La grande zigouille - Quatre soldat français - T3

La grande zigouille - Quatre soldat français - T3

Jean Vautrin

3h24min00

  • Roman historique
  • Livre epub
  • Livre lcp
272 pages. Temps de lecture estimé 3h24min.
Jean Vautrin déploie des prodiges d'écriture et poursuit sa fresque sur la Grande Guerre. Un magistral morceau de littérature, un livre destiné à rester. Ils sont quatre soldats, quatre amis jetés dans la tourmente de la guerre de 14-18. Arnaud de Tincry, séduisant aristocrate cambrioleur, a quitté le front. Associé à un as de l'aviation, il est aux trousses de Rosa Lumière, agent double à la solde du Kaiser et de l'Empire ottoman.... Les deux hommes, l'un au volant d'une Bugatti, l'autre aux commandes de son biplan, vont tâcher d'arrêter la redoutable, l'irrésistible espionne, au terme d'une course-poursuite qui les mènera jusqu'aux chambres lambrissées d'un château moyenâgeux situé au cœur des Alpes suisses... À l'arrière du front lui aussi, Guy Maupetit, dit Ramier, ajusteur de son état, se remet de ses blessures dans les bras d'une veuve revenue éplorée des colonies, mais dont l'appétit sexuel est resté intact. Ce grand amoureux de la pêche au brochet a juste le temps de se livrer à son passe-temps favori avant de retourner à la sanglante boucherie. Il y retrouvera ses amis, le distingué Raoul Montech, éleveur de vins en pays sauternais, et le sensible Boris Malinowitch-Korodine, peintre russe domicilié sur la butte Montmartre. Tous deux viennent de sortir de la geôle où ils croupissaient pour s'être révoltés contre la tuerie causée par l'infâme Rémuzat de Vaubrémont, commandant incompétent qui incarne à lui seul toute l'horreur de la guerre. Bientôt Tincry rejoint ses camarades et les quatre se retrouvent en première ligne, face à Vaubrémont... Combien de temps tiendront-ils avant de lui faire payer son ignominie ?
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Affiche du document Les affluents du ciel

Les affluents du ciel

Jean-Guy SOUMY

3h25min30

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
274 pages. Temps de lecture estimé 3h25min.
Après "La Belle Rochelaise" (Prix des Libraires 1998),Jean-Guy Soumy continue de nous étonner par la richesse de ses intrigues, par la fougue de ses personnages. Aiguemont est un immense domaine au cœur du Limousin, entre Limoges et Uzerche. Sur lequel règne ? c'est dans les années 1873-1878 ? un grand notable, Pierre Sérilhac, homme à la fois débonnaire et autoritaire. Il y a trente ans, il a épousé (coup de foudre réciproque) une très belle et très fine jeune fille noble du Béarn: Clara, qui illumine l'austère château d'Aiguemont de son charme et de son intelligence. Ils ont eu trois enfants: François, Mathilde et Arnaud. François est raisonnable (c'est à lui que reviendra le domaine), Mathilde est raisonnable et passionnée, Arnaud est déraisonnable. C'est par lui que le désordre et le malheur entrent dans la famille. Dans la région comme à Paris, il fait mille folies, s'abandonne à tous les excès ? il est poète aussi (il y a, clairement, du Rimbaud en lui). Il subjugue sa mère, sa sœur, et même son père. Jusqu'au jour où, parce qu'il en a vraiment trop fait, celui-ci le chasse; Clara, atteinte dans sa chair, s'enfuit dans la nuit: on la retrouvera morte, mordue par un aspic, tout près d'un pavillon de chasse où Pierre et elle avaient connu le bonheur. Désespéré, se tenant pour responsable de sa mort, Pierre Sérilhac s'enferme dans le pavillon isolé, près de la tombe de Clara. Il abandonne la gestion du domaine à François. Dans le même temps se construit la ligne de chemin de fer du P.O. (Paris-Orléans), qui atteint les terres d'Aiguemont. Nul ne peut s'opposer à sa progression: les intérêts en cause sont considérables. Pierre Sérilhac s'y est résigné. Mais il y a deux lieux qu'il veut voir préserver: usant de son entregent, il obtient que la Roche Sauvagnat ne soit pas coupée par une large tranchée, mais il ne peut empêcher qu'un viaduc ne frôle pas la tombe de Clara. L'ingénieur Paul Nordling, maître absolu sur le chantier, s'irrite fort des obstacles que Pierre Sérilhac dresse devant lui. Si François favorise le grand projet, Mathilde, par fidélité à son père, par orgueil, défie l'ingénieur. Et c'est ainsi que ces deux êtres de grand caractère et de passion se découvrent, et que l'amour naît entre eux ? amour tumultueux, violent. Les travaux avançant, les piles d'un pont commencent à s'élever tout près de la tombe de Clara. Et l'on met au jour les traces d'une voie romaine devenue l'un des chemins de pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle, et la route même qui menait, en Béarn, aux terres d'origine de Clara. Alors, Pierre Sérilhac, las et désespéré, part sur cette route, seul...
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Affiche du document Rendez-vous sur l'autre rive

Rendez-vous sur l'autre rive

Jean-Guy SOUMY

3h04min30

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
246 pages. Temps de lecture estimé 3h04min.
Trois personnages... et des loups. À un moment dramatique de l'histoire de France, après Waterloo, les émigrés, de retour d'exil, font régner la "Terreur blanche" sur le pays. Face à eux, se dressent dans l'ombre les "carbonari" républicains... Gabriel Beaupérus, lieutenant dans la cavalerie impériale, rentre de cinq ans de captivité en Angleterre. Dépossédé par la famille d'Orgedeuil du château acquis par son père sous la Révolution, il jure de se venger. Mais quand il rencontre Irène d'Orgedeuil, il est subjugué par la beauté et la passion de son ennemie...La belle aristocrate l'entraîne dans de grandes chasses où il apprend l'art de la vénerie, art noble face à des nobles bêtes: il ne s'agit pas de tuer le loup mais de se surpasser en une traque à l'issue toujours douteuse. Jusqu'au jour où, au terme d'une longue poursuite, il voit le grand vieux loup qui leur a échappé sortir des bois: une gamine à l'air sauvage le prend dans ses bras, lui parle et l'emmène. Dès cet instant, le destin de Gabriel bascule. Avec la fantasque et insupportable Charlotte, il découvre le monde secret et merveilleux des loups, qu'ils rejoignent chaque nuit au fond des bois. Un temps d'exaltation, d'allégresse: le sentiment de pénétrer une part du monde refusé aux autres, une entente profonde avec le monde sauvage...Oubliée la terreur ancestrale, le loup est désormais une figure majeure de l'imaginaire contemporain. Il est le héros de cette superbe aventure romanesque. Tout d'abord Gabriel ne vit rien. Il réalisa seulement que Charlotte avait lâché sa main. Et puis deux yeux apparurent dans les ténèbres. Deux yeux qui le fixaient, brillants, palpitants, deux trous d'une lumière boréale crevant la nuit. Gabriel soutint ce regard placé à hauteur de son visage dans la pente qui le surplombait, à une distance qu'il était incapable d'évaluer. D'autres yeux verts à reflets ambrés, tous différents, tous porteurs d'une attention impitoyable.- Ne reste pas debout, murmura Charlotte. Mets-toi à genoux.Le chevau-léger obéit. Mais son mouvement fut trop brusque et les yeux fondirent dans l'obscurité. Ou peut-être se confondirent-ils aux étoiles qui perçaient le ciel. Charlotte s'avança de quelques pas. Elle paraissait soudain inquiète. Faisant signe au jeune homme de demeurer immobile, elle se tourna dans la direction où s'étaient évanouis les regards. Gabriel la vit prendre sa respiration. La jeune fille poussa une longue plainte. C'était une modulation qui étreignait le cœur, le ventre, chavirait toutes les certitudes, bousculait tous les ordres. Gabriel sentit les poils de ses bras se dresser. Qu'il en avait entendu, pourtant, des plaintes de cette sorte ! Quelque part là-bas, vers l'est, sans jamais savoir de quelles poitrines un souffle si étrange pouvait monter au cœur des forêts d'Autriche, de Hongrie ou de Russie. Charlotte poussa une seconde fois cette plainte qui ressemblait davantage à un sanglot qu'à un cri. Et les yeux réapparurent.- Ne bouge pas et reste à genoux, commanda-t-elle.Elle s'avança vers les ténèbres où brasillaient les étoiles et leur fit face. Gabriel l'entendit prononcer des paroles dans une langue qu'il ne connaissait pas et qui n'avait certainement jamais existé sur terre qu'en des temps où hommes et animaux avaient encore le pouvoir de se parler. La voix se tut. Gabriel vit avec stupéfaction confluer vers lui trois, puis cinq, et enfin huit loups. Le premier, le chef de meute était une louve, puissante, le corsage roux et gris, d'une souplesse qui renvoyait à une image insaisissable, fruit d'un rêve. La louve se retourna pour vérifier que ses compagnons convergeaient en ordre vers cet homme à genoux. À trois mètres de Gabriel, les loups firent cercle. Deux louvarts en âge d'attraper leur vie, bêtes d'une trentaine de kilos, au corsage qui rappelait celui de la grande louve, montrèrent les dents. Leurs crocs brillèrent, si blancs, si grands, que la main de Gabriel se porta sur le manche du poignard anglais qui ne quittait jamais sa ceinture. Comme s'ils avaient deviné son geste, les autres loups, à l'exception de la grande louve, grondèrent. Gabriel jeta un regard dans les ténèbres, guettant le retour de Charlotte. L'idée de se relever lui traversa l'esprit avant de réaliser que la position dressée lui vaudrait à coup sûr une attaque. Alors, découvrant, comme d'habitude en des circonstances ultimes, qu'il ne restait d'autre issue que le don absolu de soi, il desserra les doigts qui tenaient le manche de sa dague anglais et avança lentement la main vers la grande louve.Les deux yeux ambrés le fixaient intensément, essayant de sonder la part de droiture qui pouvait subsister en cet homme. Gabriel soutint ce regard qui embrasait le sien. L'idée le gagna qu'il était infiniment proche du fauve, que ce loup disait une part de lui-même qu'il n'osait s'avouer, que la séparation qui les rejetait dans deux camps ennemis était ténue et terriblement injuste. Une telle grandeur brûlait au fond de ces pupilles, de cette lumière qui n'existe que chez ceux qui sont allés au-delà de la peur. La louve retroussa les babines. Ses crocs luisaient à quelques centimètres de la main. Gabriel avança encore. Un seul coup de mâchoire et il savait son poignet tranché. Dans son dos, le reste de la meute marquait les signes d'une agressivité qui montait. Les deux louvarts claquaient des dents. Un vieux loup grognait sourdement, le front baissé et les oreilles jetées en arrière. Gabriel oublia Charlotte, la forêt, cette nuit qui le trouvait à genoux aux pieds de huit loups. La louve soudain s'avança vers lui, négligeant sa main, son bras. Elle passa à côté, le bouscula d'un coup d'épaule et disparut dans les ténèbres, suivie des sept autres, au moment où Charlotte réapparaissait comme par enchantement.
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Affiche du document Pour le plaisir, souvenirs et recettes

Pour le plaisir, souvenirs et recettes

Bernadette MICHELET

1h21min00

  • Cuisine et vins
  • Livre epub
  • Livre lcp
108 pages. Temps de lecture estimé 1h21min.
Plaisir de chasser et de pêcher, plaisir d'apprêter, plaisir de déguster... Dans le même esprit de tradition et de simplicité que "Quatre saisons en Limousin", Bernadette et Claude Michelet nous entraîne dans de nouvelles promenades évocatrices, "Pour le plaisir"...Avec son grand-oncle que, tout gamin, il suivait sur les terres de Marcillac, Claude Michelet a appris qu'il y a un art de chasser qui est un art de vivre. Le perdreau, la bécasse, le lièvre, la palombe... ce "petit gibier" on le poursuit plus qu'on ne l'atteint. Plus tard, dans les forêts de la Brenne, il a découvert le "gros gibier", chevreuils et sangliers, et, dans ce pays d'étangs, l'univers secret de la pêche: le silence, la patience. Ces souvenirs d'enfance riches d'anecdotes, il les évoque ici avec passion et bonne humeur.Mais tous ces produits naturels de la terre et du ciel, encore faut-il savoir les apprêter... Après le plaisir de la traque, le plaisir de la cuisine. Tout un art, là encore. Un art que pratique à merveille Bernadette, son épouse, et qu'elle nous enseigne en plus de 80 recettes savoureuses, familières et familiales, qui émaillent l'ouvrage et font venir, à leur seule lecture, l'eau à la bouche. Depuis ma quasi-paralysie du matin devant le premier rouge, j'avais une revanche à prendre. Mais pour ce faire, encore fallait-il que les perdreaux soient là ?Ils y étaient, les bougres, et faillirent bien me surprendre une fois de plus, car tout alla très vite. Sans doute effrayés par nos voix et par le bruit de mes bottes crissant dans les broussailles, ils démarrèrent au son, avant même que cannelle, qui rechignait un peu à me suivre, ne les eût éventés. De plus, elle et moi progressions avec le vent dans le dos. Par chance, les trois rouges réfugiés là s'élevèrent à moins de trente mètres, droit devant moi. Et, si je fus transi, mon étonnement ne dura qu'une fraction de seconde. Celle-ci était à peine écoulée que déjà, la crosse était à mon épaule et les canons pile sur un des oiseaux en pleine ascension que foudroya mon premier tir, le droit, avec du 8. C'est alors que, sans doute affolé par la détonation, un quatrième rouge jusque-là tapi sous les calunes prit à son tour son envol. Mon deuxième coup, avec du 6, le cueillit alors qu'il s'apprêtait à basculer vers l'abri des taillis de châtaigniers qui cascadaient jusqu'à la vallée.Aujourd'hui, presque cinquante ans plus tard, je demeure persuadé que, ce jour-là, je fus encore plus étonné que mes deux victimes. Elles n'eurent pas le temps de comprendre ; quant à moi, il me fallut quelques secondes et surtout les exclamations enthousiastes de mon grand-oncle et de monsieur Praslin pour réaliser que je venais de faire un doublé. Coup que tout chasseur souhaite inscrire dans ses tableaux et graver dans sa mémoire. Et je vois encore mon grand-oncle et sa fierté lorsque je revins avec mes deux pièces. J'entends toujours ses :? Ah ! ça par exemple, ça par exemple ! Pour un beau tir ! Ah ! dis donc ! Non, mais tu as vu ça, Jeannot ? Tu as vu ? Moi, pendant un moment, j'ai cru voir son grand-père !Rarement compliment me toucha autant.*** Lièvre au chasseur 1 jeune lièvre2 citrons½ verre à moutarde d'huile200 g de lard maigre100 g de beurre2 échalotesBouquet garni (thym, laurier, persil)Sel, poivre1 verre de vin rouge Faire mariner le lièvre coupé en morceaux 12 h avec le jus des 2 citrons, l'huile, le poivre et le bouquet garni.Dans une cocotte en fonte, faire revenir dans le beurre le lard coupé en dés. Récupérer les lardons pour faire revenir les morceaux de lièvre égouttés ; lorsqu'ils sont bien dorés, ajouter les lardons et les échalotes, mouiller avec la marinade et le vin rouge. Ajouter sel et poivre. Faire cuire à feu doux pendant 2 h environ.Verser dans un plat creux chaud et servir avec des tourtous.
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Affiche du document La conquistadora

La conquistadora

Eduardo Manet

2h21min00

  • Roman historique
  • Livre epub
  • Livre lcp
188 pages. Temps de lecture estimé 2h21min.
L'histoire tumultueuse d'un personnage qui fut une légende dans l'Espagne du XVIIe siècle : Catalina de Erauso, une nonne qui s'illustra dans l'armée et se fit passer pour un homme toute sa vie. Séville, 1630. Miguel de Erauso n'a jamais connu son père, tué en duel trois mois avant sa naissance. Le jour de sa mort, sa mère lui confie une terrible mission : venger son père, retrouver l'assassin qu'elle-même s'est en vain épuisée à chercher. Un assassin que son identité rend encore plus haïssable : la propre sœur du défunt, Catalina de Erauso. Une femme ? une nonne ! Une bretteuse impitoyable qui se fait passer pour un homme depuis qu'elle s'est évadée d'un couvent, à l'âge de quinze ans. Un lieutenant récompensé par Philippe IV pour ses faits d'armes dans l'armée espagnole au Nouveau Monde. Et disparu depuis.Pour retrouver Catalina, Miguel ne dispose que de ses Mémoires, publiés du temps de la gloire de la nonne militaire. Porté par son désir de vengeance, il va refaire le parcours tumultueux de cette femme faite homme, de l'Espagne au Nouveau Monde, en passant par Panamá, le Pérou, le Chili..., interrogeant ceux qui l'ont connue afin de retrouver sa trace. Mais peu à peu, la poursuite va se teinter de curiosité, les questions vont fragiliser les certitudes, la fascination pour cette tante ambiguë et indomptable se mêler à la haine. Transformé en chasseur par sa proie ? toujours en fuite après quelque aventure scandaleuse, ne se liant durablement à aucun lieu ni à personne ?, Miguel va insensiblement partager un destin qu'il réprouve.Eduardo Manet, Cubain ayant adopté la France comme patrie et le français comme langue, s'est imposé au cours des dix dernières années comme une importante figure de la fiction française contemporaine. Il nous livre ici un magnifique roman épique. Le colonel Perez-Huerta était dans un état d'ébriété tel, qu'il me parut incapable de m'apprendre quoi que ce soit sur Catalina. Mais lorsque j'évoquai Païcabi, la brume qui obscurcissait ses yeux se dissipa, et, fendant l'air de ses bras comme s'il donnait des coups de sabre, il commença le récit de cette terrible bataille où Catalina, sous le nom de Diaz, fit preuve d'un héroïsme qui nourrit longtemps sa légende." Le lieutenant Diaz était un homme modeste, don Miguel... il n'a jamais raconté tous ses exploits. Moi, je me souviens de tout comme si c'était hier. Nous voulions mettre fin aux attaques répétées des Indiens dans cette partie du Chili. Mais ils étaient bien plus nombreux, nos troupes étaient affaiblies, et cette fois encore, ils avaient donné l'assaut par surprise. Nous étions débordés, assaillis par leurs cris et leur désordre. Ils attaquaient de toutes parts sans que nous puissions organiser utilement nos troupes. A plusieurs reprises, le lieutenant Diaz a tenté de les prendre à rebours avec quelques hommes qu'il entraînait de sa ferveur. Nos hommes tombaient en nombre. Il persistait. Lorsqu'un chef Indien a tué notre lieutenant d'enseigne... emportant le drapeau de la compagnie. En voyant notre emblème partir dans ces mains païennes, la rage m'a pris, j'ai tué deux de ces incrédules qui criaient déjà victoire. C'est alors que, profitant de l'indécision du moment, Diaz s'est lancé à la poursuite du cacique. Une vraie folie ! Nous n'étions plus que quelques-uns à pouvoir le couvrir. Deux des nôtres ont eu le courage de le suivre. Tandis que je me battais contre deux nouveaux attaquants, j'ai pu le voir franchir une première barrière d'Indiens massés sur son passage, le cheval au galop, son épée tourbillonnant... rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Mais des hommes... combien étaient-ils ? au moins vingt... cinquante, sont parvenus à arrêter Diaz et ses compagnons. Ceux-ci sont tombés. Mais Diaz, cet enragé de Diaz, se battait comme un dieu, plus sauvage que les sauvages. Il répondait à chaque coup. Les Indiens n'ont pas tardé à l'atteindre. Mais même blessé, il continuait. Rendez-vous compte ! Il est parvenu a décapiter le cacique et à lui arracher le drapeau des mains ! Cet acte d'héroïsme a réveillé notre courage et notre espoir, tandis que la mort du cacique provoquait la panique chez les siens. Ils ont fui devant notre assaut. Diaz s'est effondré dans mes bras. Couvert de sang. Blessé en six endroits. Qui peut oublier un tel exploit ? "
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Affiche du document L'Art de la simplicité

L'Art de la simplicité

Dominique LOREAU

1h31min30

  • Forme et détente
  • Livre epub
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122 pages. Temps de lecture estimé 1h31min.
Simplifier sa vie, c'est l'enrichir. Notre société de consommation vous dit le contraire ? Ne le croyez plus. Installée au Japon depuis de longues années, Dominique Loreau s'est imprégnée dumode de vie de son pays d'adoption. Un mode de vie qui repose sur le principe du "moins pour plus " appliqué à tous les domaines,dumatériel au spirituel. Épurez votre intérieur, videz vos armoires, abandonnez vos achats compulsifs,mangez plus frugal, prenez soin de votre corps et donc de votre esprit... De l'art de vous sentir bien chez vous à l'art de vous sentir bien en vous, elle transpose ces préceptes à l'usage des femmes occidentales. Toutes les approches pour vous sentir bien dans votre corps et dans votre tête, mieux avec vous-même, donc mieux avec les autres : vivre zen, telle est la clé de l'harmonie. L'élégance, le bien-être et le mieux-vivre : inspiré des philosophies orientales, voilà ce que propose L'Art de la simplicité. Elle doit être l'anti-stress de la ville"Espace, lumière, ordre, voilà ce dont l'homme a besoin pour vivre, autant que de nourriture ou d'un lit." Le CorbusierLorsqu'une maison est vide, excepté quelques belles et parfaites nécessités, elle devient un havre de paix. Chérissez-la, nettoyez-la et habitez-la avec respect, cela dans le but de servir à protéger votre trésor le plus précieux: VOUS-MÊME.C'est lorsque l'on n'est plus préoccupé par les considérations matérielles que l'on peut s'épanouir.Le corps abrite l'esprit comme la maison abrite le corps ; et notre esprit doit être libéré pour pouvoir se développer.Chacune de nos possessions devrait nous rappeler que nous n'avons besoin de rien d'autre qu'elle, et que c'est son utilité qui la rend si précieuse; sans elle, nous ne pourrions "fonctionner" normalement.La maison devrait être un lieu de repos, une source d'inspiration, une aire thérapeutique. Nos villes sont surpeuplées, bruyantes, avec trop de couleurs et de distractions visuelles qui nous agressent et nous blessent. C'est à la maison de nous redonner de l'énergie, de la vitalité, de l'équilibre, de la joie. La maison est une protection matérielle et psychologique, aussi bien pour le corps que pour l'esprit.Il n'y a pas seulement la sous-nutrition alimentaire. Il y a aussi la sous-nutrition spirituelle, et c'est là que la maison joue son rôle. De même que de la nourriture dépend notre santé, ce que nous mettons dans notre intérieur a de sérieuses répercussions sur notre équilibre psychologique.
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Affiche du document L'enfer de la médecine... est pavé de bonnes intentions

L'enfer de la médecine... est pavé de bonnes intentions

Patrick LEMOINE

1h33min00

  • Débats et polémiques
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124 pages. Temps de lecture estimé 1h33min.
Un psychiatre lance un pavé dans la mare de la médecine! "Le moins que l'on puisse dire est que notre belle médecine manque quelque peu de modestie. Il est vrai que, depuis un siècle environ, elle cumule les succès. Après avoir réglé leur compte à la plupart des microbes, elle s'est attaquée avec une réussite relative, mais indéniable, à de nombreuses maladies : diabète, infarctus, cancer, fractures, carences, Parkinson, dépression. Les piles cardiaques, les greffes d'organes, les FIV, les immunodépresseurs, le scanner, l'IRM, il faudrait un Prévert pour inventorier ses innombrables avancées. Résultat : la longévité de l'homme a fait un bond fantastique et, depuis 1950, nous avons régulièrement gagné trois mois par an. Un Occidental peut aujourd'hui espérer vivre deux fois plus longtemps qu'au XIXe. Mais du coup, quelle arrogance ! Les médicastres écrasent de leur mépris toute autre approche. Des médecines traditionnelles à la micronutrition, de l'hygiène de vie à l'ostéopathie, l'homéopathie, la chronobiologie, tous ceux qui osent une approche autre sont écartés des cénacles universitaires et scientifiques.Pourtant, il est des domaines où un peu d'humilité serait de mise..." Avec humour et impertinence, Patrick Lemoine s'en prend à l'autorité médicale et à la hiérarchie, ses abus et ses dysfonctionnements. Parce qu'il chérit son métier plus que tout, en médecin et en citoyen concerné, Patrick Lemoine prône davantage de modestie et incite les médecins à user de leur pouvoir sans en abuser. Pour que continue de vivre la "belle médecine". Dans toute l'histoire de l'humanité, en tout et pour tout, deux prix Nobel ont été attribués à la psychiatrie. Le premier couronnait la malaria thérapie qui consistait à injecter aux aliénés le microbe du paludisme (Wagner von Jauregg), le second la lobotomie ou section chirurgicale d'une partie du lobe frontal (Egas-Moniz). Les deux techniques, dangereuses, imprécises, parfois mortelles car effectuées " à l'aveuglette " ont été par la suite bannies. C'est dire si la société occidentale aime à récompenser ceux qui traitent " énergiquement " ses fous. L'histoire de l'hécatombe des aliénés lors de la Seconde Guerre mondiale illustre elle aussi à quel point l'argument d'autorité en médecine peut provoquer des drames et rendre amnésiques ceux qui devraient en rendre compte. [...]Jusque dans les années 1930, un aliéné avait entre une chance sur deux et une chance sur trois de mourir au cours des premières années de son internement. En France, des enfants ont été lobotomisés dès l'âge de sept ans et, devenus adultes, souffrent toujours des séquelles de leur intervention. Le professeur Edouard Zarifian nous a raconté avoir retrouvé, à Caen, un " crâniotome " qui permettait de lobotomiser sans anesthésie. Il semblerait selon certains témoignages, que parfois l'indication de la lobotomie pouvait être motivée par la discipline plus que par la thérapeutique, comme dans le film Vol au-dessus d'un nid de coucou. Les prémices du drame. Dès avant guerre, les esprits paraissaient mûrs pour ce qui allait se passer. Pourtant, en France, de nos jours, dans certains milieux psychiatriques, toute idée, toute insinuation qu'il pourrait y avoir eu une intentionnalité, voire un eugénisme actif dans les institutions psychiatriques suscite encore parfois des cris d'orfraies. Je me rappelle un chef de service qui me disait : " Je ne peux pas supporter l'idée que tu aies raison car si c'était le cas, je ne pourrais plus mettre les pieds dans cet hôpital. " Drôle d'argument car, en suivant ce raisonnement, on ne pourrait plus pénétrer dans une église du fait de l'Inquisition ou dans toute l'Allemagne du fait du nazisme. Les arguments soutenant l'hypothèse d'une possible intentionnalité, consciente chez certains, inconsciente chez d'autres, ne manquent pourtant pas. Prenons l'exemple de l'hôpital du Vinatier. L'année même de la publication du rapport Rochaix, ce gigantesque " asile de Bron ", étendu sur cent vingt hectares situés à proximité de Lyon, voyait venir les hostilités. Se souvenant de la guerre de 14-18, on décida l'achat de trois cents masques à gaz destinés au personnel (une centaine de personnes) et à ceux que l'on nommait alors les "bons malades", les fous travailleurs, ceux qui faisaient tourner la ferme, faisaient le ménage, la vaisselle dans les services et les maisons des médecins ainsi que du directeur, gardaient leurs enfants... Et les deux mille huit cents autres ? Il était envisagé qu'ils se réfugient dans les fossés creusés à cet effet. Quand on se souvient que les gaz de combat étaient justement conçus pour s'accumuler dans les tranchées, on peut se demander quelle pouvait être la signification d'une telle recommandation. À notre connaissance, nulle voix ne s'éleva à l'époque, ni à l'intérieur ni à l'extérieur de l'asile, en tout cas aucune voix officielle qui ait laissé la moindre trace dans les archives du Vinatier que j'ai pu consulter.
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Affiche du document Le conseiller du roi

Le conseiller du roi

Armel JOB

1h15min00

  • Romans et nouvelles
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100 pages. Temps de lecture estimé 1h15min.
Trois romans en trois ans et deux prix littéraires ont suffi à Armel Job pour prendre une place remarquée parmi les nouveaux écrivains belges. Abdication ! Abdication ! Printemps 1950. Belgique. Le pays est au bord de la guerre civile. Sur le pavé des villes wallonnes, les foules insultent le roi Léopold et, plus encore, Liliane Baels, la roturière promue princesse de Réthy, qu'il a épousée pendant la guerre au plus fort des souffrances de son peuple. Au fond des Ardennes, Henri Gansberg Van der Noot, le conseiller du roi, négocie et tire le lapin. Voilà qu'il séduit Aline, la fille du garde-chasse, en fait sa maîtresse, l'installe dans sa gentilhommière. Aline... Liliane... Bientôt, des injures s'étalent en lettres géantes sur les murs de sa résidence. Une nuit, le conseiller tombe nez à nez avec l'insulteur. Il le tue. Que faire ? Honnête homme, il veut se dénoncer. Mais ceux qui vivent autour de lui ? le garde-chasse, le jardinier, les servantes, sa maîtresse, et même son épouse ? font tout pour l'en dissuader : inutile scandale ! Puis voilà que son refus de participer à un complot pour le rétablissement du roi Léopold devient une source d'angoisse supplémentaire! Le pauvre homme ne sait plus où donner de la tête... Armel Job aime les histoires complexes où sa subtilité, son regard ironique et son humour se donnent libre cours. Tous les personnages qui gravitent autour du conseiller, les humbles comme les "grands", constituent un petit monde coloré et drôle. Le décor historique n'est que toile de fond: toute l'intrigue que déroule Armel Job est pur roman ? même si le héros est conseiller du roi. Cette histoire insolite, qui pourrait être un drame, se révèle une comédie enlevée et maîtrisée. À trois kilomètres de là, dans le vestibule de la conciergerie, un semblable frisson dévale l'échine de Julien. Évidemment, Julien est trempé et la fraîcheur de la maison l'a saisi. Mais, surtout, sur le dallage, il y a précisément un corps allongé et, un peu plus loin, assis sur une marche de l'escalier, M. le conseiller, en chemise, tout débraillé, le visage barbouillé de noir autant qu'un mineur remontant de la fosse."Ah, Julien! Vous voyez?? Plutôt, Monsieur."Le conseiller gémit. Il se lève, s'avance jusqu'au cadavre, mais quelque chose le retient de passer de l'autre côté, près de Julien. Il s'arrête, les pieds derrière la tête du mort."Il s'était introduit dans le parc. Il s'est mis à courir. J'étais dehors. Alors, bêtement, je l'ai poursuivi. J'étais sûr que je tenais l'homme qui venait d'insulter Aline. Jamais, je n'ai eu l'intention, non, pas une minute, je n'ai voulu... Je vous jure. Il courait, il courait. Il a compris qu'il ne pourrait pas repasser par l'entrée, du fait que moi, je suivais l'allée. Alors, il a essayé de grimper au mur, il a glissé, il s'est retrouvé en bas, puis il a recommencé. Entre-temps, je suis arrivé. Il s'était agrippé au-dessus du mur. Il venait de se rétablir. Mais je l'ai attrapé avec le râteau. Les dents sont rentrées dans le col de sa chemise. J'ai tiré, j'ai tiré, je me suis acharné, la rage m'a pris, je l'avoue, parce qu'il se démenait pour m'échapper. Si au moins il était resté tranquille ! Il a basculé en arrière. Ça a fait un bruit, comme quand on marche sur une branche morte. Mon Dieu, Julien ! Il était par terre. Il ne bougeait plus.? C'est un accident, Monsieur.? Un accident? Mais c'est moi qui...? C'est tout de même un accident."Julien a le ton péremptoire de la confrérie des irréfutables. La pluie et plus encore la douche froide de ce corps allongé l'ont complètement dégrisé.Le conseiller ne connaît pas la confrérie. Dans son entourage, à l'exception du roi (et encore, si l'on peut dire), il n'y a pas eu de prisonnier. Les officiers ne comptent pas, ils étaient bien traités. Mais Julien est si catégorique, le conseiller si désemparé, qu'il se jette sur la première bonne raison de s'en remettre à sa voix tranquille: Julien est jardinier, oui; Julien est un brave type, d'accord; Julien a été prisonnier, voilà! Un prisonnier doit s'y connaître en morts. Combien de fois n'a-t-il pas été confronté à ce genre de situation? Le conseiller peut compter sur lui. Il l'a senti d'instinct en le rappelant par téléphone.Enfin, c'est ce qu'il se dit maintenant, car les choses ne se sont pas passées aussi instinctivement. Quand il s'est trouvé devant l'inconnu gisant face contre terre, il s'est penché, il l'a touché prudemment, puis il l'a appelé, il l'a secoué, il lui a donné des claques. Toute la fureur qui l'animait quand il l'arrachait du mur est retombée. "Ho! Ho! Debout! Allons, mon vieux, debout!"Rien à faire. Quelqu'un qui ne veut pas se lever, qui d'ailleurs ne respire plus, qui n'a plus de pouls, ça porte un nom, un nom terrible sur lequel, dans son effroi, le conseiller ne retombait plus. " Qu'est-ce qu'il se passe? Qu'est-ce qui arrive? Ça a craqué comme du bois mort ", marmonnait-il pour lui-même. "Mort? Oui, mort. Cet homme est mort."Le conseiller était navré. Vraiment il regrettait. Il a même bafouillé: "Pardon. Je ne l'ai pas fait exprès."? Ce que je ne comprends pas, Julien, c'est comment j'ai pu lui faire cet œil au beurre noir. Je l'ai attrapé par-derrière avec le râteau et il est tombé sur le dos. Je ne l'ai jamais pris de face. Ce n'est pas vous, Monsieur.? Comment ça?? Ce type était au café La République tout à l'heure. Je l'y ai vu. Son œil était déjà amoché.? Ah..."Comme Julien reste calme! Le cœur du conseiller se réchauffe légèrement. Julien va le sortir de là. L'expérience du prisonnier et, plus encore, le bon sens du peuple. Ces gens sont rompus à tout. La nature, la vie simple, sûrement. Et puis, la souffrance. Ils souffrent plus que nous, c'est inévitable. La guerre en captivité, pour tous ces hommes, ç'a été terrible, mais, en retour, ils ont acquis quelque chose d'invincible. Un avantage en quelque sorte. Le conseiller ne connaît pas le peuple. Comme c'est dommage! Soudain il brûle d'amour pour lui. Il s'accroche à Julien qui a réponse à tout. Sans doute même sait-il:"Ce garçon, vous le connaissez?? Comme ça.? Qui est-ce?? Il s'appelle Lambert. Lambert Renard, de Rochebeau. Je connais plutôt sa famille. Lui, il est trop jeune.? Qu'est-ce qu'il faisait dans la propriété? Croyez-vous qu'il puisse être l'auteur des inscriptions, puis du reste?? On ne sait jamais de quoi les gens sont capables, Monsieur."Tout à coup, cette platitude semble au conseiller un aphorisme digne de l'antique. Il y voit la clé, non seulement de la situation, mais de l'existence tout entière. De quoi était capable cet homme, de quoi est capable Julien subitement impressionnant d'autorité, de quoi est capable la foule occupée à secouer Léopold du cocotier royal, de quoi a-t-il été capable, lui, le conseiller, une bonne grosse bête transformée d'abord en séducteur et ensuite, sans crier gare, en meurtrier? " Sa famille est antiléopoldiste?? Sa famille? Ça m'étonnerait bien fort, Monsieur. Ils ne sont pas du genre à sortir de leur terrier. Mais lui, il revenait de la manifestation.Manifestation? Où ça?? En ville. C'est là qu'il a ramassé ce mauvais coup."Un jeune homme qui se donne la peine d'aller à une manifestation, qui s'y expose au point de se faire matraquer, qui s'introduit la nuit dans la propriété d'une personnalité notoirement acquise à la cause royale, au moins, l'affaire est entendue: tout concorde pour en faire le persécuteur d'Aline. Ce n'est pas à elle personnellement qu'il en voulait. Il s'en prenait à la liaison du roi avec Liliane dont il voyait la répétition dans la liaison du conseiller du roi avec Aline.
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Affiche du document La classe du brevet

La classe du brevet

Michel Jeury

2h12min00

  • Littérature régionale
  • Livre epub
  • Livre lcp
176 pages. Temps de lecture estimé 2h12min.
L'après-guerre, l'école publique contre l'école privée: la peinture juste et pleine de sensibilité d'un univers cher à la mémoire collective. 1948, c'est l'année du nouveau brevet : le BEPC... À Réverac-du-Périgord, le cours complémentaire libre est une institution. Mais il y a aussi une école catholique. Une quinzaine d'élèves, la plupart refoulés du cours public, y suivent, sans trop d'espoir de réussir leur brevet, un enseignement inégal. Parmi eux, Rémi Lagrange.Rémi est le fils du facteur. C'est un rêveur, il parle peu et ses résultats sont médiocres... Ça ne l'empêche pas d'être l'ami du meilleur de la classe, Tommy, un fils d'industriel. Chez les parents de Tommy, les deux inséparables passent des heures à refaire le monde, à parler de leur avenir, des filles et d'Emma Bovary... Souvent la mère de Tommy, Zoé, se mêle à leurs discussions. Elle est belle et élégante. Rémi en est tombé amoureux.Malgré cela, sur les bancs de l'école, il se laisse circonvenir par une élève fraîche, rose et bien en chair, la jolie Gilberte. Elle n'est pas son genre. Mais elle dégourdie. Et elle l'initie aux jeux amoureux...Au cours libre, le professeur de français a donné à ses élèves un sujet de rédaction qui va chambouler la vie de Rémi. Celui que tous prennent pour un gentil benêt écrit (en pensant à Zoé) un si bon devoir que le professeur décide, avant de le noter et de le lui rendre, de s'assurer que Rémi en est bien l'auteur... La copie circule de main en main et finit par attiser la curiosité du cours public, qui n'a pas de très bons élèves en rédaction. Mais le prof de français l'égare... Qui a subtilisé cette copie? "Le mystère de la rédaction" est le sujet de discussion préféré de Zoé, Tommy et Rémi. Le reste du temps, ils parlent littérature. C'est pourquoi Rémi suggère à Zoé de remplacer le prof de français qui vient de démissionner... Elle accepte. Et c'est le moment que choisit le cours public pour proposer à Rémi, à sa grande horreur, de le reprendre dans ses rangs...
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