Vivre enfin!
Micheline Duff
1h15min00
- Romans policiers, polars, thrillers
-
-
100 pages. Temps de lecture estimé 1h15min.
Simon Laflèche souffre, dès l’enfance, de troubles mentaux qui affectent son comportement. Faute d’une assistance adéquate, ses problèmes s’accentueront au fil des années jusqu’à le convertir en homme de la rue. Ce personnage à la fois intelligent et diminué d’une certaine manière poursuivra-t-il l’existence vide d’un itinérant sans but ni idéal pour le reste de ses jours ? Et si certains événements et rencontres sur sa route suffisaient à le ramener sur le droit chemin et lui permettaient de vivre enfin une vie saine et normale ?
Ce roman dramatique et émouvant est bâti sur la réalité d’un être sensible et vulnérable. En effet, après une entrevue avec un véritable sans-abri ayant accepté de se dévoiler, Micheline Duff s’est inspirée, comme elle le fait généralement, de cette histoire vécue. Dans ce récit marqué au sceau de l’espoir, l’auteure nous emmène cette fois dans la réalité de certains trottoirs de Montréal qui, malheureusement, ne suscitent guère d’interrogations ou pire, échappent trop souvent à nos regards distraits et indifférents.Si l’atmosphère devint plus vivable à l’école, malheureusement, les choses ne changèrent guère à la maison. Au contraire ! Souffre-douleur de son père, Simon payait injustement pour les mauvais agissements ou les négligences des autres enfants de la famille. Il s’en plaignait souvent :
— Mes frères et mes soeurs font les coups, et moi je mange les coups !
De toute manière, à part sa mère, il avait l’impression de ne pas être aimé des siens, qui s’occupaient rarement de lui. À cause de ses trop
nombreuses sautes d’humeur, on préférait le laisser de côté, seul dans sa bulle. Son estime de soi en prenait un sale coup : peu apprécié dans sa famille, détesté par son paternel et difficilement supporté par ses proches, Simon n’entretenait pas une perception très élevée de lui-même. Sans oublier que, malgré ses efforts, ses bulletins scolaires ne s’amélioraient guère et semblaient lamentablement décevoir ses parents. Il leur remettait à tous coups ses résultats d’examen d’une main tremblante, appréhendant la punition qui ne manquait jamais de venir.
— Pas de dessert tant et aussi longtemps que tu ne fais pas monter ta note en français ! aboyait implacablement son père. Et en connaissances générales, c’est quoi ça, trente-neuf pour cent ? Mon p’tit vlimeux, tu vas devoir rattraper ça ! Comment te débrouilleras-tu plus tard dans la vie avec des notes aussi basses ?
Bien sûr, Monique tentait d’amoindrir la pénalité, mine de rien, et mettait discrètement quelques bonbons au fond de sa poche. Mais Simon se demandait comment améliorer ces fameuses prochaines notes, lui que l’école horripilait. Lui consacrant ses temps libres, sa mère s’employait à lui fournir des explications claires et précises qu’il comprenait parfaitement bien, mais qu’il oubliait en quelques heures.
À un moment donné, le paternel l’avait obligé à réfléchir pendant deux heures dans un coin du salon, agenouillé, se tenant le dos strictement droit, les jambes nues étalées sur un carré de papier sablé, pour avoir négligé de balayer le grand balcon du deuxième étage, alors que tous les marmots Laflèche avaient hérité de la tâche de nettoyer les alentours de la résidence, à la suite d’une importante tempête de neige. Bien entendu, comme tous les autres enfants de la maison, il avait involontairement oublié de le faire. Hélas, ni ses frères ni ses soeurs, pourtant tout aussi responsables, n’avaient contesté la sanction infligée uniquement à Simon ! Ce dernier s’était senti tout seul au monde et avait pleuré toutes les larmes de son corps, convaincu de se rappeler durant toute sa vie cette affreuse injustice.