Emmanuel Bove

Emmanuel Bove

Emmanuel Bove
Description de cette image, également commentée ci-après
Emmanuel Bove vers 1928
Nom de naissance Emmanuel Bobovnikoff
Alias
Pierre Dugast
Emmanuel Valois
Naissance
Paris, Drapeau de la France France
Décès (à 47 ans)
Paris, Drapeau de la France France
Activité principale
Écrivain
Distinctions
Prix Figuière en 1928
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres
Roman, nouvelle
Wikipedia
Emmanuel Bove
Description de cette image, également commentée ci-après
Emmanuel Bove vers 1928
Nom de naissance Emmanuel Bobovnikoff
Alias
Pierre Dugast
Emmanuel Valois
Naissance 20 avril 1898
Paris, Drapeau de la France France
Décès 13 juillet 1945 (à 47 ans)
Paris, Drapeau de la France France
Activité principale
Écrivain
Distinctions
Prix Figuière en 1928
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres
Roman, nouvelle

Emmanuel Bove, né le 20 avril 1898 à Paris 14e et mort le 13 juillet 1945 dans le 17e[1], est un écrivain français, connu également sous les pseudonymes de Pierre Dugast et Emmanuel Valois.

Biographie

[modifier | modifier le code]

De son vrai nom Emmanuel Bobovnikoff, il naît d'un père juif venu de Russie, sans profession fixe, et d'une mère luxembourgeoise employée de maison ; il a un frère, Léon[2]. À l'âge de 14 ans, il décide de devenir romancier. Il fait sa scolarité à l'École alsacienne jusqu'en 1910, et poursuit ses études au lycée Calvin de Genève. À cette période, son père, sans avoir quitté sa mère, vit avec une Anglaise, Emily Overweg, dont la rencontre sera déterminante pour son écriture[3]. En 1915, il est envoyé en pension en Angleterre, où il achève sa scolarité. Revenu à Paris en 1916, il vit, dans une situation précaire, de petits métiers. En 1917 il fait un mois de prison pour vagabondage.

En 1921, il épouse Suzanne Vallois et s'installe dans la banlieue de Vienne. C'est en Autriche qu'il se lance dans l'écriture en publiant de nombreux romans populaires sous le pseudonyme de Jean Vallois. En 1922, il revient à Paris, où il vit seul jusqu'à ce que sa femme le rejoigne en 1923. La même année, il fait ses débuts dans le journalisme, ainsi que dans la traduction, grâce à Georges d'Ostoya.

Colette remarque une de ses nouvelles et lui propose de le publier. Il lui apporte alors Mes amis, dont la publication en 1924, est un succès. Emmanuel Bove publie, en 1927, Bécon-les-Bruyères, qui annonce le genre nouveau de la littérature documentaire.

En 1928, il rencontre Louise Ottensooser, qui l'introduit dans les milieux artistiques[4]. La même année, il remporte le prix Eugène Figuière pour Mes amis et La Coalition.

Il continue à publier régulièrement jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Mobilisé comme travailleur en 1940, il souhaite rejoindre Londres et refuse toute publication durant l'Occupation. En 1942, il parvient à rejoindre Alger, où il écrit ses trois derniers romans : Le Piège, Départ dans la nuit et Non-lieu. Ces dernières œuvres décrivent le milieu trouble de la collaboration et les incertitudes de l'époque. Il en publie deux en 1945 : Le Piège et Départ dans la nuit.

De santé fragile, très affaibli par une pleurésie contractée durant son exil algérien (paludisme), Emmanuel Bove meurt, le 13 juillet 1945, à l'âge de 47 ans de cachexie et défaillance cardiaque.

Postérité

[modifier | modifier le code]

Nora de Meyenbourg, la fille d'Emmanuel Bove a beaucoup contribué à la réhabilitation littéraire de son père en sauvegardant soigneusement ses manuscrits et sa correspondance, et en participant étroitement à la réédition de l'œuvre de son père. Peter Handke a été le traducteur de Bove pour l'Allemagne. Samuel Beckett dit de lui qu'« il a le sens du détail touchant »[5].

Du 4 mars au 30 avril 2011, la Bibliothèque J-B Charcot de Courbevoie organise l'exposition Sur les pas d'Emmanuel Bove à Bécon-les-Bruyères.

Du 7 mai au 2 juillet 2017, la Bibliothèque universitaire de Darmstadt en Allemagne présente une exposition consacrée à Emmanuel Bove avec le soutien de Peter Handke, qui présente de nombreux documents comme le manuscrit de La Mort de Dinah, un envoi de Bove à Rainer Maria Rilke, des contes inédits publiés dans Paris-Soir et des photographies de Thomas Laux qui a traduit plusieurs textes de Bove en allemand.

Œuvres principales

[modifier | modifier le code]

Alors qu'Emmanuel Bove était considéré avant-guerre comme l'un des principaux écrivains français, son œuvre, rapidement tombée dans l'oubli à la Libération, est longtemps restée indisponible avant d'être rééditée à partir des années 1970.

330px-Tombe_Emmanuel_Bove%2C_Cimeti%C3%A8re_du_Montparnasse.jpgTombe au cimetière du Montparnasse
  • Mes amis, Ferenczi & fils, coll. « Colette », 1924[6] ; nouvelle édition en 1926 aux éditions Émile-Paul Frères, puis plusieurs rééditions : Éditions L'Arbre vengeur, 2017 ; LGF, coll. « Le Livre de poche. Biblio » no 35121, 2018 (ISBN 978-2-253-10045-4) ; L'Arbre vengeur, coll. « L'arbuste véhément », 2018 ; (suivi de Le Crime d'une nuit), Éditions Points, coll. « Classiques », 2022 (ISBN 978-2-7578-9386-9), Éditions La République des lettres, 2023 (ISBN 978-2-8249-1381-0)
  • Visite d’un soir, 1925
  • Le Crime d'une nuit, nouvelles, 1926
  • Armand, éditions Émile-Paul Frères, 1927 ; rééditions : Éditions Sillage, 2020 ; Éditions Cent Pages, coll. « Rouge-gorge », 2020 (ISBN 978-2-9163-9079-6) ; Éditions Flammarion, coll. « GF » no 1662, 2024 (ISBN 978-2-08-027312-3)
  • Bécon-les-Bruyères, monographie publiée dans la revue Europe[7] en mai 1927, sur un endroit où il a lui-même demeuré ; édition originale en volume parue aux éditions Émile-Paul en 1927 dans la collection Portrait de la France; réédition, Éditions Cent Pages, 2015 (ISBN 978-2-9163-9046-8) ; réédition (suivi de Le Retour de l'enfant), Gallimard, coll. « Folio 2euros » no 6319, 2017 (ISBN 978-2-07-272303-2)
  • Un soir chez Blutel, 1927 ; réédition, Éditions Sillage, 2018 (ISBN 979-1-09-189683-2)
  • La Coalition, éditions Émile-Paul Frères, 1928 ; rééditions chez Flammarion en 1986 et L'Arbre Vengeur en 2017 (ISBN 979-1-09-150455-3)
  • Une fugue, Les éditions de la Belle Page, 1928 ; réédition, Sillage, 2023 (ISBN 978-2-38141-043-2)
  • La Mort de Dinah, 1928 ; réédition, Le Dilettante, 1992 ; réédition, Hésiode éditions, 2022 (ISBN 978-2-38512-022-1)
  • Cœurs et Visages, roman, 1928 ; réédition, Éditions Sillage, 2016 (ISBN 979-1-09-189650-4)
  • Henri Duchemin et ses ombres (recueil de nouvelles), éditions Émile-Paul Frères, 1928
  • Un père et sa fille, roman, 1928
  • Aftalion, Alexandre, nouvelle, 1928 ; réédition, Le Dilettante, 1986 (ISBN 9782905344083)
  • L’Amour de Pierre Neuhart, éditions Émile-Paul Frères, 1929 ; rééditions : Le Castor astral, 1998 (ISBN 2-85920-106-8) ; Hésiode éditions, 2022 (ISBN 978-2-38512-030-6)
  • Monsieur Thorpe (Les deux masques), Éditions Lemarget, 1930 ; réédition, Le Castor astral, 2003 (ISBN 2-85920-543-8)
  • Journal écrit en hiver, 1931 ; réédition, Sillage, 2016 (ISBN 979-1-09-189644-3)
  • Un célibataire, 1932 ; réédition, Éditions L'Arbre vengeur, coll. « L'Arbuste véhément », 2021 ; Éditions La République des lettres, 2024 (ISBN 978-2-8249-1322-3)
  • Le Beau-Fils, 1934 ; réédition, Critérion, 1991 (ISBN 2-903702-80-2)
  • L'Impossible Amour, 1935 (paru uniquement en feuilleton) ; réédition Le Castor astral, 1994 et 2003
  • Le Pressentiment, Gallimard, 1935 ; réédition, éditions Points, coll. « Signatures », 2009 (ISBN 978-2-7578-1226-6)
  • Adieu Fombonne, 1937
  • La Dernière Nuit, 1939 ; réédition Le Castor astral, 1993, 2003 et 2017 (ISBN 979-1-02-780131-2)
  • Le Piège, éditions Pierre Trémois, 1945 ; réédition, Sillage, 2022 (ISBN 978-2-381410-28-9)
  • Départ dans la nuit, 1945 ; réédition, (suivi de Non-lieu), Gallimard, coll. « L'Imaginaire » no 284, 1992 (ISBN 2-07-072721-1)
  • Non-lieu, 1946 ; réédition, (précédé de Départ dans la nuit), Gallimard, coll. « L'Imaginaire » no 284, 1992 (ISBN 2-07-072721-1)
  • Un homme qui savait (écrit en 1942), la Table Ronde, coll. « Le petit vermillon », 1985, réédition en 1996 et 2017.
  • Mémoires d'un homme singulier (achevé en 1939), Calmann-Lévy, 1987, réédition en 1994 puis Le Castor astral, 2018. « Je n'ai rien demandé à l'existence d'extraordinaire. Je n'ai demandé qu'une chose. Elle m'a toujours été refusée. J'ai lutté pour l'obtenir, vraiment. Cette chose, mes semblables l'ont sans la chercher. Cette chose n'est ni l'argent, ni l'amitié, ni la gloire. C'est une place parmi les hommes, une place à moi, une place qu'ils reconnaîtraient comme mienne sans l'envier, puisqu'elle n'aurait rien d'enviable. Elle ne se distinguerait pas de celles qu'ils occupent. Elle serait tout simplement respectable ».
  • Un caractère de femme, Flammarion, 1999
  • Romans, édition établie par Jean-Luc Bitton des romans Mes amis ; Armand ; Bécon-les-Bruyères ; Un soir chez Blutel ; La Coalition ; Henri Duchemin et ses ombres ; Coeurs et Visages ; Journal écrit en hiver ; Le Piège, Flammarion, coll. « Mille et une pages », 1999 (ISBN 2-08-067694-6)
  • Arrestations célèbres, recueil d'articles, Grenoble, Éditions Cent Pages, 2013
  • Contes inédits de PARIS-SOIR, éditions Les Trompettes Marines, 2017
  • Le Remords, nouvelles, Toulouse, Éditions Ombres, coll. « Petite bibliothèque Ombres », 2017
  • « Une trilogie noire » réunit en seul volume Le Meurtre de Suzy Pommier, Un Raskolnikoff, La Toque de Breitschwanz, EST-Samuel Tastet Éditeur, 2018 (ISBN 978-2-86818-065-0)

Adaptations

[modifier | modifier le code]

Au cinéma

[modifier | modifier le code]
  • 1998 : Blumenstein Fernand[8], film tchèque réalisé par Marek Bouda, adaptation de la nouvelle L'Histoire d'un fou, avec David Nykl, Frantisek Nemec, Jana Dolanská et Svatopluk Matyás
  • 2006 : Le Pressentiment, film français réalisé par Jean-Pierre Darroussin, adaptation du roman publié en 1935, avec Jean-Pierre Darroussin, Valérie Stroh et Hippolyte Girardot

À la télévision

[modifier | modifier le code]
  • 1991 : Le Piège[9], téléfilm français réalisé par Serge Moati, adaptation du roman éponyme publié en 1945, avec André Dussollier, Grace de Capitani, Pierre Dux, Michel Aumont, Jean Desailly et François Berléand

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Gilles Vidal, Tombeau d’Emmanuel Bove, Ducos (Martinique), L’Incertain, 1993, 66 p. (ISBN 978-2-906843-28-8) (avec préface de Jean-Yves Reuzeau).
  • Raymond Cousse et Jean-Luc Bitton, Emmanuel Bove : La Vie comme une ombre : biographie, préface de Peter Handke, Le Castor Astral, 1994
  • François Ouellet, D'un dieu l'autre. L'altérité subjective d'Emmanuel Bove, Nota bene, 1998
  • David Nahmias, Emmanuel Bove, Carnet d'une fugue, Le Castor Astral, 1998
  • François Ouellet, Emmanuel Bove. Contexte, références et écriture, Nota bene, 2005
  • Gianfranco Brevetto, La Promenade de Charles Benesteau in "Scrivi delle belle storie e saremo felici, appunti sull'arte d'inventare la realtà" (2012)
  • Anne Laure Cayre, Ce qu'il reste de Joseph Bridet, Le personnage et la voix narrative dans Le Piège d'Emmanuel Bove, Bordeaux III, 1999
  • David Nahmias, Emmanuel Bove - Un Bobovnikoff Les Trompettes Marines, 2025

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Archives de l’état civil de Paris en ligne, acte de naissance N° 14e/2954/1898, avec mention marginale du décès
  2. « Bove, Emmanuel », sur Éditions de l'Arbre vengeur, 27 avril 2015 (consulté le 4 décembre 2024)
  3. « All about Bove - Le Matricule des Anges », sur lmda.net (consulté le 4 décembre 2024)
  4. « Emmanuel Bove | Éditions Sillage », sur editions-sillage.fr (consulté le 4 décembre 2024)
  5. « Un éblouissant désastre », sur L'Express, 14 avril 1999 (consulté le 12 février 2023)
  6. Réédité en mai 1932 aux éditions Arthème Fayard & Cie, coll. « Le Livre de demain » no 113, avec 49 bois originaux de Paul Baudier.
  7. Europe, numéro sur Emmanuel Bove, 2003
  8. (en) Blumenstein Fernand sur l'Internet Movie Database
  9. Le Piège sur Allociné

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Ressources relatives à l'audiovisuelVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • Allociné
    • Filmportal
    • IMDb
  • Ressource relative au spectacleVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • Les Archives du spectacle
  • Ressource relative à plusieurs domainesVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • Radio France
  • Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistesVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • Brockhaus
    • Den Store Danske Encyklopædi
    • Deutsche Biographie
    • Hrvatska Enciklopedija
    • Universalis
  • Notices d'autoritéVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • VIAF
    • ISNI
    • BnF (données)
    • IdRef
    • LCCN
    • GND
    • Italie
    • Japon
    • CiNii
    • Espagne
    • Belgique
    • Pays-Bas
    • Pologne
    • Israël
    • NUKAT
    • Suède
    • Norvège
    • Tchéquie
    • WorldCat
  • Site dédié
  • « Emmanuel Bove, la vie comme une ombre », extrait (2 min 56 s) d'un film de Hervé Duhamel écrit par Jean-Luc Bitton et Catherine N'Diaye
  • Article de Gilles Tordjman paru dans L'Événement du jeudi en 1999
  • Bécon-Les-Bruyères sur le site lesbatisseursdutemps.net
  • icône décorative Portail de la littérature française

A consulter en ligne

Affiche du document Un célibataire

Un célibataire

Emmanuel Bove

1h49min30

  • Classiques
  • Livre epub
  • Livre lcp
  • Livre mobi
146 pages. Temps de lecture estimé 1h49min.
Emmanuel Bove (1898-1945) "Depuis le déjeuner, Albert Guittard était mécontent de lui. Il s’était pourtant levé de bonne humeur. Ne devait-il pas rendre visite, vers les cinq heures, à monsieur et madame Penner ? Mais il s’était passé un petit événement désagréable que nous rappellerons brièvement afin d’éclairer le caractère de cet homme étrange. Il venait de sortir de table et s’apprêtait à faire la sieste lorsque la sonnette de la grille du jardin retentit. Bien qu’il approchât de la cinquantaine et qu’il fût célibataire, M. Guittard n’était pas vieux garçon au point de ne pouvoir supporter d’être dérangé. Il attendit donc, avant de gagner son bureau où, sur un divan, il avait l’habitude de dormir jusqu’à quatre heures, d’être fixé sur cette visite. Au bout d’une minute à peine, la femme de chambre vint lui annoncer qu’un certain M. Bourrette était au salon. – Bourrette ? demanda Guittard à qui ce nom ne disait rien. – C’est cela, monsieur. – Bourrette ? Vous êtes sûre d’avoir entendu ce nom ? – Bourrette, certainement, Bourrette... monsieur. – Ce monsieur Bourrette ne vous a pas dit ce qu’il voulait ni de la part de qui il venait ? – Je ne le lui ai pas demandé, monsieur. – Eh bien ! allez le lui demander. Je ne le connais pas et je n’ai aucune raison de le recevoir chez moi. Comment est-il ? – C’est un monsieur d’un certain âge. – Enfin, de quoi a-t-il l’air ? – Mais je ne sais pas, monsieur. Il a peut-être l’air d’un homme comme tout le monde. Il a une serviette sous le bras." Roman court. Albert Guittard est un retraité aisé en villégiature à Nice. Il adore courtiser plusieurs femmes à la fois. Célibataire endurci et vieillissant, il pense qu'il pourrait bien se marier. Mais qui choisir ?
Accès libre
Affiche du document La coalition

La coalition

Emmanuel Bove

3h47min15

  • Divers
  • Livre epub
  • Livre lcp
  • Livre mobi
303 pages. Temps de lecture estimé 3h47min.
Emmanuel Bove (1898-1945) "En arrivant à Paris, Mme Louise Aftalion, qui était accompagnée de son fils Nicolas, se fit aussitôt conduire chez sa sœur, Thérèse Cocquerel, qu’elle avait perdue de vue depuis plus de quinze ans. Celle-ci occupait, avec son mari, tout près de l’École militaire, un appartement de six pièces situé au cinquième étage d’un vieil immeuble, où le propriétaire, à la fois par goût de rajeunissement et esprit de lucre, faisait installer le confort moderne au fur et à mesure que les appartements étaient vacants, aux fins de doubler les loyers. Ils étaient ridiculement modestes. Ainsi, l’appartement des Cocquerel, dont presque toutes les fenêtres donnaient sur l’avenue Bosquet, était d’un loyer annuel de deux mille francs. Thérèse y avait fait installer une salle de bain dans un cabinet de débarras. Comme il n’y avait aucune fenêtre, en quelques secondes la vapeur ternissait les glaces cependant qu’un nuage s’amoncelait sous le plafond. Le salon se trouvait à un angle de la maison. À cause de cela, ainsi que des longues fenêtres qui descendaient jusqu’au plancher, il était glacial en hiver. Tout ce qui se trouvait dans cette pièce avait une allure provinciale. Un album de photographies à fermeture de cuivre était posé sur une console. Pour l’emplir, Benjamin, le mari de Thérèse, y avait adjoint des cartes postales, des vues qu’il découpait en dedans afin qu’aucun liséré blanc n’en trahît l’origine. Partout traînaient des coquillages, des clochettes, des souvenirs de plages. Deux portraits de Mme Perrier, la mère de Thérèse Cocquerel et de Louise Aftalion, ornaient les murs." Louise Aftalion vient de perdre son époux Alexandre. Elle décide de s'installer à Paris, avec son fils de 23 ans : Nicolas. Ils sont hébergés par Thérèse - la soeur de Louise - et son mari. Mais ceux-ci n'ont pas la même vision de la vie que Louise et Nicolas... Les Aftalion décident de s'installer ailleurs mais leur argent file vite...
Accès libre
Affiche du document L'amour de Pierre Neuhart

L'amour de Pierre Neuhart

Emmanuel Bove

1h29min15

  • Divers
  • Livre epub
  • Livre lcp
  • Livre mobi
119 pages. Temps de lecture estimé 1h29min.
Emmanuel Bove (1898-1945) "Pierre Neuhart se leva brusquement et se mit à arpenter son bureau. C’était une pièce assez vaste, située place Saint-Sulpice, au premier étage d’un vieil immeuble dont les appartements, privés d’eau et de gaz, avaient été aménagés en locaux commerciaux. Elle était meublée de classeurs de carton, de sièges usagés, d’une grande table couverte de paperasses, d’encriers, de règles, de pots de colle. Près de la fenêtre, un guéridon supportait une lourde et antique machine à écrire rappelant, par sa solidité et son aspect peu pratique, les premières automobiles. Un appareil téléphonique était fixé au mur, à hauteur d’homme. Quelques affiches, si mal clouées que l’on eût pu glisser le bras entre la paroi et elles, décoraient la chambre. Invité à passer la soirée chez Madame Aspi, Pierre Neuhart était agacé. En même temps qu’il regrettait d’avoir accepté, il était enchanté de se délasser un peu, de pénétrer dans un monde nouveau, de changer d’atmosphère. Avant de sortir, il décida d’en finir avec son courrier. Il le remettait toujours au dernier moment, les lettres d’affaires étant pour lui une corvée. – Simone, prenez ce que je vais vous dicter, dit-il à l’employée qui partageait son bureau. – Il est presque six heures. Je vous préviens, je m’en vais à six heures, répondit-elle. Il fallait penser plus tôt à votre courrier. – Faites ce que je vous dis. Si vous n’êtes pas contente, j’en suis désolé." Pierre Neuhart, entrepreneur tranquille dans la fleur de l'âge, rencontre Eliane, une jeune fille de 17 ans, et en tombe amoureux dingue. Mais Eliane est une jeune personne plutôt inconstante et avide. Jusqu'où cela va-t-il mener Pierre ?
Accès libre
Affiche du document Un père et sa fille

Un père et sa fille

Emmanuel Bove

3h05min15

  • Divers
  • Livre epub
  • Livre lcp
  • Livre mobi
247 pages. Temps de lecture estimé 3h05min.
Emmanuel Bove (1898-1945) "Jean-Antoine About passait pour un homme étrange dans le quartier de la place Vintimille. Son âge était difficile à déterminer. « Moi, je suis sûr qu’il a soixante ans bien sonnés », disaient certains. D’autres voyaient en lui un homme mûr prématurément vieilli. Bien qu’il fût venu habiter le quartier au commencement du siècle, ce n’était que depuis cinq ou six ans que tous le connaissaient de vue. Sa mise négligée, sa saleté, son air hagard avaient attiré l’attention. Mais ce qui intriguait surtout les boutiquiers des rues avoisinantes, c’était qu’il demeurât dans un immeuble bourgeois, flanqué aux deuxième et cinquième étages d’un balcon de la longueur de la façade. Cette maison, dont Jean-Antoine About habitait un des deux appartements du quatrième, se trouvait dans une rue toute proche du square Vintimille, si bien qu’en se penchant à la fenêtre il apercevait une partie de la grille et les premiers bosquets du jardin. Souvent il s’accoudait à la dernière croisée de l’appartement. C’était justement celle d’une chambre incommode à cause du mur en biais qui touchait l’immeuble voisin. Aussi ce réduit avait-il été aménagé en salle de bains et servait-il de cabinet de débarras. Jean-Antoine About s’était installé là un petit coin, ce dont sa femme, au temps où elle avait partagé sa vie, se moquait en ces termes : "Il te faut toujours des petits coins !..." ou bien : "Tu ne peux donc pas vivre sans cagibi ?" Recueil de 4 nouvelles : "Un père et sa fille" - "Monsieur Thorpe" - "Un Raskolnikoff" - "Une fugue".
Accès libre
Affiche du document Non-lieu

Non-lieu

Emmanuel Bove

3h30min00

  • Divers
  • Livre epub
  • Livre lcp
  • Livre mobi
280 pages. Temps de lecture estimé 3h30min.
Emmanuel Bove (1898-1945) "Une semaine s’était déjà écoulée depuis mon arrivée à Paris. Je suivais le boulevard de Courcelles, me dirigeant vers les Ternes. Il était désert. Je ne m’étais jamais rendu compte comme cette après-midi-là combien, depuis l’occupation, la famille, l’amitié, le fait de se trouver dans sa ville natale, avaient perdu de leur importance. Jadis, dans une situation difficile, il y eut eu mille possibilités pour moi de me tirer d’affaire, de me créer de nouveaux amis, de me loger, de trouver des appuis, des secours. Mais, dans la détresse présente, plus rien ne comptait, ni les recommandations, ni les garanties, ni même la parenté. Tout le monde était sur ses gardes. Je venais de m’en apercevoir. Je sentis un vide affreux. J’avais vu beaucoup de mes amis. Mais il suffisait que je retournasse chez eux pour qu’ils devinssent plus froids à mon égard. Où aller ? Dans les récits de la Révolution on lit que les fugitifs rassemblent de la paille, se font des litières dans des kiosques à musique ou bien vont coucher dans les bois de Meudon, mais, aujourd’hui, cela n’était plus possible. Je regardais les Allemands que je rencontrais. Certains étaient accompagnés de femmes que j’avais peine à m’imaginer se donnant à eux tellement elles avaient un air dur. Comme personne ne faisait attention à eux, ils avaient adopté une attitude invariable avec tout le monde, qui était de paraître se croire seuls au monde. Quelquefois des officiers, non plus en tant qu’Allemands, mais en tant que gens placés socialement au-dessus de moi, me souriaient avec bienveillance. J’avais la lâcheté de leur répondre, pour ne pas les indisposer, ce qui me mettait parfois dans une situation grotesque à l’égard de mes compatriotes. J’entrevoyais le moment où ceux-ci allaient me montrer leur mépris, à moi qui en avais tué deux de ces Allemands, à moi qui avais fait évader, au risque de ma vie, quatorze prisonniers, à moi dont la tête était mise à prix." Suite de "Départ dans la nuit". Le narrateur est enfin arrivé à Paris. Mais ses inquiétudes ne sont pas terminées pour autant : il a peur d'être arrêté pour le meurtre des deux sentinelles allemandes lors de son évasion du stalag. Sa faiblesse est qu'il ne fait pas confiance à ceux qui voudraient l'aider...
Accès libre
Affiche du document Départ dans la nuit

Départ dans la nuit

Emmanuel Bove

2h22min30

  • Divers
  • Livre epub
  • Livre lcp
  • Livre mobi
190 pages. Temps de lecture estimé 2h22min.
Emmanuel Bove (1898-1945) "Nous venions de passer douze jours entassés dans des wagons à bestiaux. Des journées entières s’étaient écoulées sans que le train bougeât. Puis, tout à coup, il s’emballait. Le vent nous glaçait alors. Une poudre grise tombait des parois, s’élevait du plancher, nous raclant la gorge, nous desséchant les narines. À un arrêt, nous avions obtenu l’autorisation de ramasser un peu de paille, mais c’était une paille morte qui, en quelques heures, s’était réduite en poussière. Mes camarades se serraient les uns contre les autres. Moi, je préférais avoir froid. Quand le train roulait à toute vitesse et que l’un de nous fumait, nous pensions tous à l’incendie possible. Il faisait nuit quand nous arrivâmes au camp de Biberach. De la gare nous avions parcouru vingt-trois kilomètres à pied. Il fallait nous répartir à présent. Nous attendions, assis sur la terre gelée, que les formalités prissent fin. Les Allemands, malgré leur fameux esprit d’organisation, ne s’en sortaient pas. Nous changions à chaque instant de place. Tout se passait dans un ordre parfait. Mais nous restions, en attendant, toujours dehors. Pelet se rasseyait chaque fois. Je m’étais accroché à lui dès le départ. Au moment de monter dans le train, on l’avait poussé d’un côté, moi d’un autre. Je l’avais suivi quand même. On avait essayé de me repousser à coups de pied, mais un remous s’était produit et j’avais pu me faufiler. Qu’allait-il se passer maintenant ? Pelet ne bougeait pas. Il était recroquevillé sur lui-même comme un malheureux abandonné. Sa tête touchait presque ses genoux. Je le frappai dans le dos. Il se redressa, me regarda tristement. Je lui dis : – Surtout reste à côté de moi. Je ne le connaissais pas, mais j’avais peur qu’on ne nous séparât. Depuis cinq mois et demi que j’étais prisonnier, je ne songeais qu’à m’évader." Le devoir d'un prisonnier de guerre n'est-il pas de s'évader ? C'est l'obsession du narrateur ... rejoindre la France. Mais peut-il avoir confiance en ses camarades de stalag ? A suivre : "Non-lieu".
Accès libre
Affiche du document Henri Duchemin et ses ombres

Henri Duchemin et ses ombres

Emmanuel Bove

2h30min00

  • Divers
  • Livre epub
  • Livre lcp
  • Livre mobi
200 pages. Temps de lecture estimé 2h30min.
Emmanuel Bove (1898-1945) "C’était la veille de Noël. Assis sur la banquette usée d’un restaurant, Henri Duchemin attendait que la pluie cessât. Les longs cheveux qui chatouillaient ses oreilles – ainsi que les poches trouées de son pantalon – lui rappelaient à tout moment sa pauvreté. Las d’être immobile, il s’apprêtait à sortir, lorsqu’il se souvint du couloir obscur de sa maison, de la cour humide, des marches étroites de l’escalier, et de sa chambre, sans feu, sous les toits. À tout cela, il préféra la tiédeur du restaurant. Quelques habitués lisaient les journaux du soir. Un courant d’air balançait la chaînette du manchon à gaz. La bonne, accoudée sur le buffet, souhaitait de partir. Soudain les clients levèrent la tête : un mendiant venait d’entrer. – C’est un bossu, dit l’un d’eux. Le vent de la rue faillit éteindre la flamme du bec. Des ombres tombèrent du plafond, le long des murs. – Poussez donc la porte ! Le mendiant obéit et, le chapeau à la main, s’avança, en guignant à droite et à gauche. – Que voulez-vous ? – Demander la charité. Ce mendiant était un peu comme l’acteur qui apparaît enfin sur une scène vide. La bonne, partagée entre le plaisir d’être distraite et celui de chasser ce pauvre, ne resta qu’un instant indécise. – Allons, sortez. On ne mendie pas ici." Recueil de 7 nouvelles : "Le crime d'une nuit" - "Un autre ami" - "Visite d'un soir" - "Ce que j'ai vu" - "L'histoire d'un fou" - "Le retour de l'enfant" - "Est-ce un mensonge ?"
Accès libre
Affiche du document La mort de Dinah

La mort de Dinah

Emmanuel Bove

1h09min00

  • Classiques
  • Livre epub
  • Livre lcp
  • Livre mobi
92 pages. Temps de lecture estimé 1h09min.
Emmanuel Bove (1898-1945) "Par une belle fin d’après-midi d’automne, Jean Michelez, qui était descendu de tramway à la porte de Champerret, suivait à pied, en flânant, le long boulevard Bineau, à Neuilly, à l’extrémité duquel se dressait la villa La vie là qu’il habitait avec sa femme et ses deux enfants. C’était un des derniers beaux jours de l’année. Un vent tiède soulevait la poussière de la chaussée. Tout gardait encore les traces de l’été. Les arbres n’avaient point perdu leurs feuilles, ces feuilles poussiéreuses de fin de saison que les orages n’ont mouillées qu’à demi. Dans les jardins, des tentes claires abritaient les meubles rustiques. Les appels, les voix, les conversations, étaient sonores. De temps à autre, une fenêtre ouverte laissait s’échapper vers le ciel bleu les chants d’un phonographe ou d’un appareil de t. s. f. M. Michelez regarda sa montre. Il était sept heures. La nuit tombait déjà. Il pressa le pas, non point dans la crainte de faire attendre sa femme, mais parce que, brusquement, il venait d’éprouver le besoin irrésistible d’être chez lui, de parler, de se sentir entouré." Jean Michelez est un entrepreneur qui a réussi. Les expériences de la vie lui ont appris à ne compter sur personne. Un jour une voisine vient lui demander de l'aide pour sa fille Dinah qui va mourir si elle ne se fait pas soigner très vite en Suisse... Court roman.
Accès libre
Affiche du document Le beau-fils

Le beau-fils

Emmanuel Bove

5h05min15

  • Classiques
  • Livre epub
  • Livre lcp
  • Livre mobi
407 pages. Temps de lecture estimé 5h05min.
Emmanuel Bove (1898-1945) "Ce fut bien avant la guerre, en 1904 exactement, que Mlle Annie Villemur de Falais fit la connaissance de Jean-Melchior Œtlinger. Elle avait vingt et un ans. Depuis plusieurs mois, elle suivait un cours mixte de peinture, non pas chez Julian ni à l’École des Beaux-Arts, mais dans une académie de la rue de la Grande-Chaumière, ce dont elle était fière, ce choix ne pouvant qu’indiquer une vocation véritable. Elle partageait l’admiration des autres élèves pour les préraphaélites. Ses frères, ses amies, son père même, venaient parfois assister d’une embrasure à une séance de pose, un peu gênés quand le modèle était un homme nu, mais n’osant le dire de peur de paraître pudibonds. Annie était une grande jeune fille blonde, embarrassée de sa beauté comme on l’est de sa jeunesse dans certaines professions. À force d’insistance, elle avait obtenu la permission de louer un atelier dans le haut de la rue d’Assas. Chaque semaine, elle y organisait de petites réceptions. Aux camarades de travail, pour la plupart des étrangers pauvres, ne manquait jamais de se joindre un membre de la famille Villemur qui veillait à ce que tout se passât convenablement. Ce fut justement à un de ces thés que le massier de l’académie, pour lequel Mlle Villemur s’était prise de sympathie parce que, comme tous les massiers, il avait été choisi parmi les élèves les plus méritants de la classe, et qu’elle gardait de son éducation l’habitude d’être compatissante, lui amena un de ses amis, homme sombre, âgé d’une trentaine d’années, portant une barbe en pointe, vêtu assez cérémonieusement d’une jaquette. C’était le fils d’un professeur de Mulhouse, connu pour ses sentiments francophiles. À la mort de ce professeur, survenue en septembre 1895, Jean-Melchior Œtlinger, dont la majorité avait été fêtée en février de la même année, son frère aîné Martin et sa jeune sœur Catherine avaient vendu la maison paternelle et étaient venus se fixer à Paris, les garçons avec le désir de continuer leurs études, la fille avec celui de faciliter la tâche de ses frères en leur épargnant tous soucis domestiques." Jean-Noël perd son père, Jean-Melchior Œtlinger, alors qu'il est adolescent. Sa belle-mère, Annie Villemur issue d'un milieu bourgeois et aisé, continue de s'occuper de lui et de le protéger... Mais Jean-Noël se laisse porter par la vie et ne cesse de décevoir Annie...
Accès libre
Affiche du document Un homme qui savait

Un homme qui savait

Emmanuel Bove

2h35min15

  • Classiques
  • Livre epub
  • Livre lcp
  • Livre mobi
207 pages. Temps de lecture estimé 2h35min.
Emmanuel Bove (1898-1945) "Il était dix heures du matin. Maurice Lesca prit le sac en toile cirée, le plia, le mit sous son bras. Il ferma la porte de la petite cuisine. C’était un homme de 57 ans qui, au cours de sa vie, avait été plutôt embarrassé que servi par sa grande taille et sa force. Il avait autant de cheveux blancs que de cheveux châtains. Selon la lumière, les uns ou les autres prédominaient, le vieillissant ou le rajeunissant. Les déboires d’une existence déjà longue étaient inscrits sur son visage. Il portait un chapeau amolli par le temps, rabattu non seulement sur les yeux, mais sur les oreilles et sur la nuque. Son pardessus gris-vert était ample. Quand Maurice Lesca marchait dans la rue, on le reconnaissait de loin à sa façon de mettre les mains dans l’ouverture verticale des poches, de les porter en avant, comme s’il cachait quelque chose de trop volumineux pour entrer dans une poche. Pour qu’on ne s’aperçût pas qu’il n’avait ni col ni cravate, un cache-col était croisé sur sa poitrine. Son pantalon trop long lui cachait les talons. Ses chaussures usées n’avaient plus de forme précise, et ne se ressemblaient même pas exactement. – Je vais faire les courses, dit-il à sa sœur qui habitait l’autre chambre du logement depuis sept mois. Aucune réponse ne lui parvint. Il ne s’en étonna pas et sortit." Maurice Lesca est un ancien mèdecin de 57 ans. Sa vie se passe médiocrement entre sa soeur Emily qui vit avec lui et Mme Maze la libraire. Mais qui est-il vraiment ? Son comportement est déroutant. Est-il vraiment pauvre et malade comme il le clame ? Serait-il un truqueur de sentiments ?
Accès libre
Affiche du document Le pressentiment

Le pressentiment

Emmanuel Bove

1h42min45

  • Classiques
  • Livre epub
  • Livre lcp
  • Livre mobi
137 pages. Temps de lecture estimé 1h43min.
Emmanuel Bove (1898-1945) "Le 13 août 1931, sur la fin de l’après-midi, un homme pouvant avoir une cinquantaine d’années montait l’avenue du Maine. Il était vêtu d’un costume foncé et coiffé d’un feutre d’un gris clair passé. Il portait quelques provisions pour son dîner, soigneusement enveloppées et ficelées dans un papier marron. Personne ne le remarquait tant son aspect était quelconque. Sa moustache noire, son binocle, sa chemise à grosses rayures, ses chaussures de chevreau craquelé comme un vieux vase, n’attiraient en effet pas l’attention. Au coin d’une rue, il s’arrêta plusieurs minutes pour regarder jouer des enfants, sans se demander si sa curiosité allait provoquer un attroupement. Il avait l’expression attendrie d’un père à qui la mort aurait ravi un fils. Plus loin, pour entrer dans un bureau de tabac, il dut traverser l’avenue. Il le fit avec d’innombrables précautions, un bras levé pour attirer l’attention des chauffeurs, dans le sillage d’une voiture d’enfant. Il faisait lourd. Le ciel était couvert et pourtant la lumière était aveuglante. Les camionneurs, nombreux dans ce quartier proche de la gare Montparnasse, avaient ôté leur veste. D’un siège à l’autre ils échangeaient des injures aussi naturellement qu’on respire, et cela dans l’indifférence générale. À la hauteur du cimetière, Charles Benesteau – ainsi s’appelait cet homme – tourna à droite dans la rue de Vanves. Deux cents mètres plus loin, il s’arrêtait devant une maison à la façade comme noircie au fusain. Sur un côté de l’entrée, une plaque signalait aux passants l’existence d’un certain docteur Swartz, spécialiste des maladies de la gorge. Sans frapper, il ouvrit la porte de la loge, en disant : « C’est moi », prit un journal déposé à son intention sur un petit guéridon, et commença à gravir l’escalier." Charles Benesteau, avocat réputé, abandonne tout : carrière, famille, domicile. Il ne supporte plus l'hypocrisie qui l'entoure et part s'isoler dans un quartier populaire...
Accès libre

...

x Cacher la playlist

Commandes > x
     

Aucune piste en cours de lecture

 

 

--|--
--|--
Activer/Désactiver le son