Edmond Jaloux, né le 19 juin 1878 à Marseille et mort le 22 août 1949 à Lausanne, est un écrivain et critique littéraire français.
Biographie
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Après des études au lycée de Marseille, actuel Lycée Thiers, interrompues au bout de deux ans, Edmond Jaloux fonde à dix-huit ans la petite revue Méditerranéenne, avant de collaborer au Gaulois, à La Revue hebdomadaire, à Candide et aux Nouvelles Littéraires.
De 1908 à 1911, il participe à Venise, au Café Florian, aux réunions du Club des longues moustaches.
Chargé de mission littéraire en Suisse par le Gouvernement français en 1918, Edmond Jaloux tombe amoureux de Lausanne et y passe souvent l'été dans les années 1920-1930 avant de s'installer à demeure à Lutry, près de Lausanne, dès 1937, où il séjournera pendant la Seconde Guerre mondiale et jusqu'à son décès, survenu à Lausanne, en 1949.
Ce fin critique attire l’attention de son temps sur les littératures étrangères modernes et contemporaines, grâce à ses articles, dont quelques-uns ont été réunis plus tard en recueils : L’Esprit des livres, De Pascal à Barrès, D’Eschyle à Giraudoux - grâce encore à ses essais : Figures étrangères, Rainer Maria Rilke, Perspective et personnages, Vie de Goethe. On lui doit également une Introduction à l’Histoire de la littérature française, dont deux volumes furent publiés en Suisse. En 1930, Edmond Jaloux signe la préface du livre à scandale La vaine équipée (Sleeveless Errand) de Norah C. James, lors de sa traduction en français par Germain d'Hangest.
Initiateur, cofondateur et âme de la Société de poésie de Lausanne (mai 1944 - 1948) avec les écrivains Edmond-Henri Crisinel et Gustave Roud, Edmond Jaloux, qui a fait connaître l'œuvre des Vaudois Charles Ferdinand Ramuz et Gustave Roud en France, s’essaie également au roman. Son œuvre romanesque compte de nombreux titres, notamment Agonie de l’amour (1902), Le reste est silence (1909), qui remporte le Prix Femina, L’Incertaine (1918), Fumées dans la campagne (1918), La Fin d’un beau jour (1922), L’Escalier d’or (1922), L’Alcyone (1925), L’Ami des jeunes filles (1926).
Après un échec en 1934 au fauteuil de Pierre de la Gorce, où il n’avait obtenu que 9 voix contre Maurice de Broglie, Edmond Jaloux est élu à l’Académie française le 2 juillet 1936, au Fauteuil 33, le fauteuil de Voltaire, qu'occupait Paul Bourget, par 18 voix devant Jacques de Lacretelle. Il est reçu le 24 juin 1937 par Georges Lecomte.
Chroniqueur littéraire de la Gazette de Lausanne, du Journal de Genève et de Radio-Lausanne, il publie Essences, un recueil de pensées, d'aphorismes et de maximes (1944, 1947). Un essai sur Marcel Proust paraîtra à titre posthume (1953).
L’Académie française décerne à son épouse Germaine le prix Louis Barthou en 1950.
Points de vue sur Edmond Jaloux
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Selon Paul Morand, Edmond Jaloux était « le plus impartial, le plus intelligent et le mieux renseigné de nos critiques »[2].
Dans ses Mémorables, Maurice Martin du Gard trace de lui le portrait suivant : « Edmond Jaloux est un Monsieur avec une canne de lapis-lazuli paisible, un bourgeois, l’air d’un médecin, plutôt suisse que de Marseille où il est né, de Provençaux. Dans l’abord, une sorte d’enjouement sceptique et aristocratique que lui ajouta une société de femmes sensibles et titrées, délicieuses, où il pénétra d’emblée, par un concours heureux, en arrivant sur le tard à Paris. »[citation nécessaire]
Stefan Zweig qui apprécie le rôle qu'a joué Edmond Jaloux dans la connaissance qu'ont les Français de l’œuvre de Rainer Maria Rilke, écrit dans un article de 1931 consacré à cet auteur : « Edmond Jaloux a écrit beaucoup de romans. La plupart ne sont guère épais. Pas plus que l'aquarelle ne saurait s'adapter aux amples dimensions de la fresque, son art délicat ne saurait entrer dans le cadre épique d'une saga en plusieurs volumes. Il trace un décor étroit, mais il le remplit tout entier[3]. »
Œuvres
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- Une âme d'automne (1896)
- L’Agonie de l'amour (1902)
- Le Triomphe de la frivolité (1903)
- Les Sangsues (1904)
- Le Jeune Homme au masque (1905)
- L’École des mariages (1906)
- Le Démon de la vie (1908)
- Le reste est silence (Prix Femina, 1909)
- L’Éventail de crêpe (1911)
- Fumées dans la campagne (1918)
- L’Incertaine (1918)
- Les Amours perdues (1919)
- Au-dessus de la ville (1920)
- Vous qui faites l'endormie (1920)
- La Fin d'un beau jour (1922)
- L’Escalier d'or (1922)
- Les Barricades mystérieuses (1922)
- Les Profondeurs de la mer (1922)
- L’Esprit des livres, 7 volumes (1922)
- Le rayon dans le brouillard (1923)
- Lettres de l'Abbé Galuchat (1923)
- L'Alcyone (1925)
- O toi que j'eusse aimée ! (1926)
- Soleils disparus (1927)
- Lœtitia (1929)
- Du rêve à la réalité (1932)
- Essences (1944, 1952)
- La vie de Goethe (1933)
- La Chute d'Icare (1936)
- Le Pouvoir des choses (1941)
- Introduction à l'histoire de la littérature française, 2 volumes (1946 & 1948)
Notes et références
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- ↑ « https://calames.abes.fr/pub/bljd.aspx#details?id=FileId-287 »
- ↑ Paul Morand, Lettres de Paris, Paris, Salvy, 1996, 273 p. (ISBN 9782905899729), p. 148
- ↑ Traduction d'un texte datant de 1931, publié dans Stefan Zweig, Gesammelte Werke (Œuvres complètes), éd. 1951 puis 2013. En langue allemande : "Edmond Jaloux hat viele Romane geschrieben. Die meisten haben schmales Format. So wenig wie das Aquarell die ausgreifenden Dimensionen des Fresco verträgt, würde seine zarte Kunst dem Rahmen des mehrbändigen, weltbauenden Epos entsprechen. Er zieht seinen Rahmen eng, aber er füllt ihn ganz."
Voir aussi
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Sur les autres projets Wikimedia :
- Edmond Jaloux, sur Wikimedia Commons
Bibliographie
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- Jean-Philippe Chenaux, Un Académicien chez les Vaudois: Edmond Jaloux : Ramuz, Roud, Crisinel, Simond, Weber-Perret et la Société de Poésie, Lausanne, coll. « Cahiers de la Renaissance vaudoise 158 », 2022, 311 p. (ISBN 978-2-88017-158-2).
Liens externes
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Fauteuil 33 de l’Académie française
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Précédé par
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Suivi par
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◀ Composition de l'Académie française au jour de son élection (2 juillet 1936) ▶ |
Par numéro de fauteuil |
1. Émile Picard
2. Émile Mâle
3. André Chaumeix
4. Louis Bertrand
5. Louis Madelin
6. Pierre Benoit
7. Henri Bergson
8. Alfred Baudrillart
9. Marcel Prévost
10. Léon Bérard
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11. Georges Goyau
12. Abel Bonnard
13. Louis Gillet
14. L. Franchet d'Espèrey
15. Henri Lavedan
16. fauteuil vacant
17. Georges Lecomte
18. Philippe Pétain
19. Maurice Paléologue
20. Henry Bordeaux
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21. André Chevrillon
22. François Mauriac
23. Abel Hermant
24. Édouard Estaunié
25. Maurice Donnay
26. René Doumic
27. Auguste de La Force
28. Claude Farrère
29. Gabriel Hanotaux
30. Georges Duhamel
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31. Joseph Bédier
32. fauteuil vacant
33. Edmond Jaloux
34. Joseph de Pesquidoux
35. Maxime Weygand
36. André Bellessort
37. Maurice de Broglie
38. Paul Valéry
39. fauteuil vacant
40. fauteuil vacant
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Par date d'élection |
- 1897 Gabriel Hanotaux
- 1898 Henri Lavedan
- 1907 Maurice Donnay
- 1909 René Doumic
- 1909 Marcel Prévost
- 1914 Henri Bergson
- 1918 Alfred Baudrillart
- 1919 Henry Bordeaux
- 1920 Joseph Bédier
- 1920 André Chevrillon
- 1922 Georges Goyau
- 1923 Édouard Estaunié
- 1924 Georges Lecomte
- 1924 Émile Picard
- 1925 Louis Bertrand
- 1925 Auguste de La Force
- 1925 Paul Valéry
- 1927 Abel Hermant
- 1927 Émile Mâle
- 1927 Louis Madelin
- 1928 Maurice Paléologue
- 1929 Philippe Pétain
- 1930 André Chaumeix
- 1931 Pierre Benoit
- 1931 Maxime Weygand
- 1932 Abel Bonnard
- 1933 François Mauriac
- 1934 Maurice de Broglie
- 1934 Léon Bérard
- 1934 Louis Franchet d'Espèrey
- 1935 André Bellessort
- 1935 Claude Farrère
- 1935 Louis Gillet
- 1935 Georges Duhamel
- 1936 Edmond Jaloux
- 1936 Joseph de Pesquidoux
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◀ Composition de l'Académie française au jour de sa mort (22 août 1949) ▶ |
Par numéro de fauteuil |
1. Louis de Broglie
2. Émile Mâle
3. André Chaumeix
4. Jean Tharaud
5. Louis Madelin
6. Pierre Benoit
7. Édouard Le Roy
8. Édouard Herriot
9. Émile Henriot
10. Léon Bérard
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11. Maurice Garçon
12. Jules Romains
13. Paul Claudel
14. Robert d'Harcourt
15. Ernest Seillière
16. fauteuil vacant
17. Georges Lecomte
18. fauteuil vacant
19. Charles de Chambrun
20. Henry Bordeaux
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21. André Chevrillon
22. François Mauriac
23. Étienne Gilson
24. L. Pasteur Vallery-Radot
25. Marcel Pagnol
26. André Maurois
27. Auguste de La Force
28. Claude Farrère
29. André Siegfried
30. Georges Duhamel
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31. Jérôme Tharaud
32. Georges Grente
33. Edmond Jaloux
34. Maurice Genevoix
35. Maxime Weygand
36. René Grousset
37. Maurice de Broglie
38. Henri Mondor
39. Jacques de Lacretelle
40. Lucien Lacaze
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Par date d'élection |
- 1919 Henry Bordeaux
- 1920 André Chevrillon
- 1924 Georges Lecomte
- 1925 Auguste de La Force
- 1927 Émile Mâle
- 1927 Louis Madelin
- 1930 André Chaumeix
- 1931 Pierre Benoit
- 1931 Maxime Weygand
- 1933 François Mauriac
- 1934 Maurice de Broglie
- 1934 Léon Bérard
- 1935 Claude Farrère
- 1935 Georges Duhamel
- 1936 Edmond Jaloux
- 1936 Lucien Lacaze
- 1936 Georges Grente
- 1936 Jacques de Lacretelle
- 1938 André Maurois
- 1938 Jérôme Tharaud
- 1944 Louis de Broglie
- 1944 André Siegfried
- 1944 Louis Pasteur Vallery-Radot
- 1945 Édouard Le Roy
- 1945 Émile Henriot
- 1946 Ernest Seillière
- 1946 Jean Tharaud
- 1946 René Grousset
- 1946 Robert d'Harcourt
- 1946 Paul Claudel
- 1946 Maurice Garçon
- 1946 Charles de Chambrun
- 1946 Marcel Pagnol
- 1946 Jules Romains
- 1946 Henri Mondor
- 1946 Étienne Gilson
- 1946 Maurice Genevoix
- 1946 Édouard Herriot
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