"Nous avons la certitude que le passé est une part de nous-mêmes, une composante si intime et si forte de notre mémoire personnelle et collective qu'une société ou un individu privés de mémoire seraient comme mutilés. Et pourtant nous acceptons cette évidence que la mémoire doit faire une part à l'oubli, car à se charger de trop de souvenirs, elle pourrait nous empêcher de vivre. L'archéologue qui se bat pour conserver quelques traces, souvent infimes, d'un monument menacé, l'ethnologue qui recueille les survivances d'un rituel, le linguiste qui s'acharne à trouver les derniers locuteurs d'une langue en voie de disparition en savent tous quelque chose ; ils ont éprouvé à des degrés divers le difficile équilibre que chacun d'entre nous recherche entre souvenir et oubli. En réfléchissant à la passion des antiquités de ses lointaines origines assyro-babyloniennes et égyptiennes jusqu'à notre curiosité moderne pour le passé, je voudrais tenter de définir les conditions d'exercice de ce que nous appelons l'archéologie. "