Quand les milices baissèrent les bras face à l’armée Libanaise, en 1991 à la fin de la guerre du Liban, Ali – un membre de la résistance Libanaise – écrivit une lettre aux propriétaires de la maison que son groupe avait occupée depuis six ans, après qu’elle soit devenue la ligne de front, pour leur souhaiter un bon retour chez eux, et leur assurer qu’ils s’étaient bien occupés de leur propriété.
Il plaça la lettre dans un obus de mortier B-10 et l’enterra dans le jardin.
En Novembre 2002, Akram Zaatari pris sa caméra vidéo et, accompagné d’un jardinier, il partit pour son village familial, Ain el Mir afin de déterrer la lettre d’Ali.
La collecte du document, de la lettre enterrée dans le jardin, de cette maison est une évidence de toutes ces histories obscurcies par le temps, cachées, non dites, de l’époque de la résistance de Hashisho.
Le dilemme reste de savoir s’il vaut mieux garder ces histoires, ce passé, ces mémoires enterrées dans les profondeurs de la terre et dans les méandres de nos souvenirs, ou bien il faut aller les dénicher de très loin, de là où elles sont, et leur donner vie dans le présent.
Zaatari, évidement ira jusqu’au bout, toujours en utilisant les mêmes procédés qui le caractérisent ; les images d’archives, la démarcation, la division, la VO le bilinguisme, l’écriture à l’écran... Remarquons quand même que son travail rappelle un peu celui de la nouvelle vague, Zaatari a certainement été influencé particulièrement par Jean-Luc Godard, l’un des plus grands cinéastes de cette période. Le bilinguisme voir le trilinguisme chez Zaatari reflète outre la problématique de l’identité, celle de la culture et de l’ouverture qui s’affilie certes à la première. Que représente une langue étrangère sinon l’ouverture d’esprit, et là ironiquement l’abolition des frontières, des limites, tant démarquées par le vidéaste.
Récurrent est aussi le travail sur le journal intime du personnage, ou même de l’artiste. Le journal n’est-il pas un archivage de la quotidienneté, l’archive étant une obsession majeure de l’artiste ? Outre ces images « tabous », donc à la Zaatari, l’artiste nous propose une série d’images d’objets collectionnés, de cassette, de journal intime (référence récurrente chez Akram), de magazines… tout semble être la représentation matérielle des passe-temps au moment de la guerre.
Objets qui semblent avoir eu une très grande importance émotionnelle dans leur temps.
Léa Bendaly
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